Le Yuseikan Budo : « Un art martial qui brise les barrières », selon Jean Balima
Le Burkina Faso abrite pour la 3ème fois, le championnat d’Afrique de l’Ouest de Yoseikan Budo, un art martial japonais qui s’est développé grâce à des cadres de la banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Le président du comité d’organisation de cette 13ème édition, Jean Balima (7ème dan de Yoseikan Budo et 4ème dan de full contact), à travers cet entretien explique l’importance de cet art martial pas encore populaire. Un Défi qu’il compte relever.
Burkina 24 (B24) : Qu’est-ce que le Yoseikan Budo ?
Jean Balima (J.B) : Le Yoseikan Budo est un art martial japonais complet qui regroupe toutes les techniques d’arts martiaux comme le judo, le karaté, l’aïkido. C’est un ensemble de méthodes qui englobait avant les anciens samouraïs qui faisaient les mêmes pratiques.
J’ai appris le Yoseinkan Budo quand j’étais en France avec le grand maître Hiroo Mochizuki qui a été directeur technique de France dans les années 60 et le fils d’un ancien grand maître samouraï Minoru Mochizuki qui est mort à 87 ans il y a trois ans.
Un des grands budokan du Japon. Ce sont des gens qui furent auprès des grands précurseurs du budo à l’époque au Japon. C’est ainsi que de tradition familiale, je l’ai rencontré quand je suis allé faire mes études en France. Cela fait quarante ans qu’on travaille ensemble. Il vit toujours. On pratique les arts martiaux japonais avec lui. Il est venu ici plusieurs fois.
Le budo s’est développé en Afrique de l’ouest d’abord au Sénégal. J’étais fonctionnaire international à la BCEAO quand on m’a affecté au siège à Dakar, avec un certain nombre d’amis qui pratiquaient le Yoseikan Budo, on a mis en place la fédération nationale sénégalaise de Yoseikan Budo.
C’est ainsi qu’à partir de la BCEAO, on l’a développé dans les huit pays de l’UEMOA. Dans tous les pays de l’UEMOA, vous avez une grande section de Yoseikan Budo. Et c’est grâce à des Burkinabè.
B24 : Vous êtes à la 13ème édition, mais quelles sont les origines de cette compétition ?
J.B : Nous avons organisé la première édition au Sénégal. Le but de Yoseikan est d’abord éducatif. Au départ, l’objectif était d’associer le personnel de la BCEAO au dialogue social. Dans ces institutions, c’est difficile. Vous avez les cadres, vous avez le recrutement local… C’est stratifié et les gens ne se fréquentent pas. Il n’y a pas un endroit où les gens se rencontrent et où on brise ces barrières-là.
Pour nous, en pratiquant ce sport dans l’entreprise, on pourrait amener aussi bien le huissier, le secrétaire ou la secrétaire, le directeur à venir le pratiquer, ensemble. Et cela motive plus et donne de la confiance à l’entreprise et les gens se fédèrent derrière un idéal.
C’était difficile au départ parce que la banque centrale, c’est un peu militaire. Mais on a réussi à ce que dans l’entrainement, on trouve le jardinier, le directeur, les enfants du gouverneur qui travaillent ensemble pour qu’on enlève ce complexe et qu’on se dise qu’en étant sur le tapis, est ce qu’on ne peut pas le prolonger sur la vie professionnelle. Ce qui signifie avoir encore plus d’affinité.
Les gens ont constaté que les directeurs qui étaient dans nos clubs avec le petit personnel avec qui ils s’entraînaient, lorsqu’on leur demandait de faire des heures supplémentaires, ils le faisaient sans broncher parce qu’il y avait déjà une affinité. Il y avait un sentiment d’être ensemble, un sentiment de respect mutuel.
Vous savez dans les entreprises maintenant, vous avez des strates de directeurs, des strates de secrétaires et les gens ne se fréquentent pas sauf dans les bureaux. On a voulu casser cela.
C’est ainsi qu’avec un ensemble de pratiquants de la banque centrale au Sénégal on l’a bien développé, on est venu au Burkina ensuite au Mali et dans tous les pays de l’UEMOA. On est bien content parce que maintenant, on se trouve dans les huit pays cela fait maintenant 18 ans qu’on est ensemble…On a des enfants qui ont grandi avec nous qui sont partis en Europe et qui sont revenus… c’est vraiment un art de vivre !
B24 : Concrètement comment va se dérouler cette 13ème édition ?
J.B : On a plusieurs catégories. On le fait pour l’intégration. Quand on vient, il y a aussi bien les benjamins, les cadets, les pupilles, les seniors. Cela permet aux petites catégories d’évoluer mais de voir aussi comment les seniors évoluent. Comme je le dis, c’est toujours un peu éducatif. On commence ce vendredi avec les phases éliminatoires et la finale c’est le samedi à la Maison du peuple.
On a déjà eu la chance. On avait déjà organisé deux éditions au Burkina en 2005 et 2006. Il y a eu la présence du Mogho Naba qui est venu parrainer la compétition et va venir cette fois encore. C’est pour montrer l’intérêt que cela suscite et la confiance qu’on nous accorde depuis que nous pratiquons cet art martial.
B24 : Combien de pays participent à cette compétition et avec combien d’athlètes ?
J.B : Ce sont les pays de l’union (ndlr, UEMOA). On a demandé douze personnes par pays, huit combattants, un chef de délégation, un entraîneur, etc. Cela fait une quatre vingtaine de personnes (ndrl, 96 personnes).
B24 : Quels sont vos attentes pour cette édition ?
J.B : Comme vous le savez, je suis Burkinabè. Je veux accélérer le développement au niveau du Burkina. On l’a développé au Sénégal et nous souhaitons que le Burkina soit au même niveau que le Sénégal pour qu’on dise qu’on a apporté quelque chose au pays.
Les gens disent que c’est une pratique de bourgeois parce qu’on a beaucoup d’armes. Ce n’est pas donné à tout le monde… Mais ce n’est pas une pratique bourgeoise. C’est plus éducatif.
B24 : Qu’est que cet art martial peut apporter comme atouts dans le monde de l’entreprise ?
J.B : Cela permet de briser les barrières. Quand on va au dojo, on ne sait pas qui est secrétaire, qui est jardinier ou autres. Quand vous soulevez les barrières, vous respectez la personne qui est en face de vous parce qu’il est secrétaire au commis et vous avez une confiance. Cette confiance si vous la transmettez à l’entreprise, vous avez un rendement très important.
B24 : Est-ce que cet art martial a de l’avenir au Burkina ?
J.B : Oui. Parce que les Burkinabè sont bons et parce qu’ils ont la physionomie. L’année dernière, ils ont remporté le trophée en senior. Je ne vous cache pas les Burkinabè sont bons. Avant, c’est le Sénégal qui était au-dessus mais il y a un nivellement des valeurs…
Propos recueillis par Boukari OUEDRAOGO Burkina 24Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
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