Journée mondiale de l’habitat 2014 : Le message du ministre Yacouba Barry
Sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies (ONU) la communauté urbaine célèbre ce lundi 06 octobre 2014, la 29e Journée Mondiale de l’Habitat sous le thème « la voix des bidonvilles». Fidèle à cette tradition qui date de 1986, l’ONU interpelle chaque premier lundi du mois d’octobre, la conscience collective à une réflexion poussée sur l’état de nos villes et le droit fondamental de chaque citoyen à accéder à un logement décent.
C’est une initiative qui se destine à rappeler à chacun de nous notre rôle et surtout notre devoir de contribuer à façonner l’avenir de nos centres urbains et ruraux.
Le thème de cette 29e Journée Mondiale de l’Habitat vise à cristalliser l’attention de l’ensemble des intervenants du secteur urbain, sur les problématiques afférentes au phénomène des bidonvilles. Elles sont connues : les questions d’habitats insalubres, de densification extrême, d’assainissement, d’accès très limité aux services sociaux de base, d’insécurité, bref, autant de défis qui mettent à mal la vie des populations des « zones urbaines très densément peuplée, caractérisée par un habitat inférieur aux normes et misérable », selon la définition des Nations Unies.
La question de bidonville interpelle le gouvernement en premier lieu, mais implique tout autant la responsabilité des autorités décentralisées, de la société civile et de toute la population. Les réponses aux problèmes des zones non-loties doivent être envisagées dans un élan collectif impliquant aussi bien l’Etat central, les collectivités locales, la société civile et les populations. Pour sa part, l’Etat reste fidele à ses engagements et multiplie les initiatives pour l’atteinte des OMD particulièrement la cible 7 à savoir « réduire de moitié la proportion de la population n’ayant pas d’accès durable à l’eau potable d’ici à 2015, et parvenir à améliorer de façon significative les vies d’au moins 100 millions d’habitants des bidonvilles d’ici 2020 ». À cet effet, les réflexions se mènent à plusieurs niveaux.
Les bidonvilles sont aujourd’hui une réalité avec laquelle il faut compter. Ils constituent sans aucun doute le problème numéro un de l’habitat dans le monde. Si la préservation de l’architecture est relativement importante, l’accès à un logement décent est fondamental. Il nous semble donc essentiel pour l’organisme en charge des établissements humains d’accorder une importance aux préoccupations dans les bidonvilles, ces quartiers « pauvres » bien trop souvent de cacher. Ces quartiers sont dus à une croissance naturelle mélangée à un taux de mortalité en baisse, engendrant une forte augmentation démographique. A cela s’ajoute un fort exode des populations rurales vers les villes. Les métiers informels s’y développent aussi, créant une véritable ville dans la ville.
La croissance urbaine mondiale est concentrée à 95 % dans les pays en voie de développement : 5 millions de nouveaux habitants viennent s’installer chaque mois dans les villes. On constate que depuis quelques décennies, une croissance sans précédent s’opère dans les grandes villes du monde entier. Cet accroissement est surtout très prononcé dans les quartiers informels que l’on appelle bidonvilles. Aujourd’hui un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles soit un habitant sur six dans le monde ou encore un tiers de la population urbaine dans le monde. Un chiffre alarmant et en constante évolution.
Les bidonvilles sont des habitats bâtis avec des matériaux de récupération, où les conditions de vie et le contexte sanitaire sont problématiques. Les services sanitaires de base y sont inexistants, comme l’accès à l’eau potable ou l’assainissement de l’eau et des toilettes. Les risques d’inondations et de glissements de terrains y sont nombreux, car les voies sont inexistantes pour permettre l’écoulement des eaux, et aucun système d’évacuation des eaux n’est construit dans ces quartiers. Les bidonvilles n’ont pas d’électricité, pas de gestion des déchets, la pollution y est omniprésente, et les risques de maladies et d’épidémies y sont décuplés. Les infrastructures routières et de transports collectifs y sont inexistants, ce qui a contribue à isoler ces quartiers du reste de la ville. Au Burkina Faso, les bidonvilles prennent l’appellation de zones non-loties. Selon une étude datant de 2009 (BOYER F. & DELAUNAY D.), les quartiers non-lotis représentent 24% du territoire de la commune urbaine de Ouagadougou et abritent 33,5% de la population.
Ne pouvant accéder à une quelconque propriété par manque de moyen, les nouveaux arrivants s’entassent dans ces quartiers et construisent des abris de fortune dépourvus de services urbains (eau, assainissement, électricité). En fait, les pays du tiers monde vivent aujourd’hui leur première phase d’industrialisation et connaissent les mêmes problèmes qu’en Europe, il y a un siècle tout en sachant que leur boom démographique intervient en même temps que leur industrialisation, ce qui rend les choses plus difficiles.
Les quartiers informels sont des zones urbaines qui n’apparaissent sur aucun plan urbain. Leurs occupants ne sont ni propriétaires, ni locataires du terrain et les constructions sont juridiquement illégales. N’apparaissant sur aucun plan d’urbanisme, ils ne peuvent bénéficier des aménagements urbains tel que les réseaux routiers, l’assainissement, l’adduction en eau, l’électricité, … Dès lors de nombreux problèmes en résultent. Criminalité, sous-alimentation, pauvreté la plus totale, insalubrité, maladie etc. On estime que le taux de mortalité infantile est trois fois plus important dans les bidonvilles que dans les quartiers riches. Les bidonvillois doivent également faire face à des problèmes quotidiens. Par exemple, étant donné l’inexistence de réseaux routiers digne de ce nom, il est parfois bien difficile d’accéder à la ville ce qui isole un peu plus encore ces districts sanitaires.
Les solutions pour la réhabilitation et l’assainissement des bidonvilles sont nombreuses. Mais ces projets sont coûteux et pas assez rentables. L’appui de la communauté internationale est d’une grande importance car elle permet de réunir des fonds colossaux mais apporte aussi ses connaissances. Il est en effet tellement plus lucratif de développer des projets d’ampleur visant à construire hôtels et centres commerciaux, constituant une véritable vitrine au monde extérieur, derrière laquelle se cache une pauvreté bien réelle.
Repenser la question de la planification urbaine, la gestion et l’administration des villes pour dégager des parcelles afin de recevoir les populations des bidonvilles éviterait les constructions désorganisées. De plus, au sein des bidonvilles les habitants pourraient se concerter pour travailler ensemble sur des projets concrets d’amélioration de leurs conditions de vie. C’est du reste dans cette dynamique que le Gouvernement du Burkina Faso avec l’appui d’ONU-Habitat et de l’Union Européenne expérimente la mise en œuvre du Programme Participatif d’Amélioration des bidonvilles (PPAB) dans la ville de Ouagadougou.
La célébration de cette 29è JMH me donne l’occasion de témoigner toute la gratitude du gouvernement à l’endroit de tous les partenaires techniques et financiers qui apportent leur soutien constant pour l’amélioration des conditions de vie des populations et pour faire de nos villes, des villes durables et inclusives. La réussite de la lutte pour l’amélioration des bidonvilles existants aujourd’hui et la prévention de leur formation demain résident dans la capacité conjuguée de tous les acteurs en charge du développement urbain.
Il ne saurait y avoir de développement urbain durable sans une politique d’insertion sociale et économique, sans un filet qui permet de rattraper les marginaux de la ville. L’harmonie de la ville, la sécurité des habitants, la croissance économique sont au prix de cette insertion sociale et économique. Les bidonvilles ne peuvent plus être ignorés. Je voudrais donc en appeler à la responsabilité et la participation de tous et de chacun à l’union des énergies, à la concertation pour transformer nos villes en des pôles d’opportunités et non des lieux d’oppression et d’exclusion.
Bonne célébration à tous et à toutes.
Yacouba BARRY
Officier de l’ordre national
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Partie nord de Ouagadougou: un pont sur le barrage num?ro 2 serait plus rapide ? ex?cuter qu’un ?changeur qui n’arrivera pas ? fluidifier la circulation entre Tampouy, Tanghin et le centre ville. cette partie m?rite d’?tre am?nag?e s?rieusement comme Ziniar? afin qu’elle ne soit pas un lieu d’oppression et d’exclusion comme le mentionne la conclusion de M. le Ministre.