Récréatrales 2014 et insurrection populaire: Coïncidence ou édition prévoyante ?
Les Récréâtrales 2014 ont été l’édition «la plus politique », avec des débats sur la vie politique au Burkina Faso animés par des personnalités tel Laurent Bado. Des pièces comme «La malice des hommes», l’une des pièces les plus politiques du professeur Jean-Pierre Guingané, «Nuit blanche à Ouagadougou » joué par Smockey, l’un des leaders du «Balai citoyen», le mouvement qui a participé fortement à l’insurrection populaire du 30 octobre. Un thème évocateur «Tenir la main au futur qu’il ne tremble pas, qu’il sourit», l’édition se déroule du 25 au 2 novembre et croise l’insurrection populaire comme s’«il y avait une espèce de connexion» car les artistes «appelaient à la renaissance de notre pays.» Pure coïncidence ou une édition prévoyante? Comment se sont déroulées les activités en cette période? Etienne Minoungou, directeur des Récréatrâles, a bien voulu nous en parler.
Burkina24: Comment se sont passées les Récréatrales?
Etienne Minoungou (E.M) : Nous avons vécu des Récréatrales formidables. Le thème de cette édition était «Tenir la main au futur, qu’il ne tremble pas, qu’il sourit », cela veut dire que nous avons placé toute l’imagination de ce projet dans l’espérance des Burkinabè des lendemains meilleurs, dans l’inquiétude des Burkinabè qui attendaient quelque part qu’il se passe quelque chose par rapport à leurs aspirations légitimes.
B24 : Est-ce une coïncidence ou tout ceci (l’insurrection) était prévisible?
E.M : Les artistes, les hommes de la culture appelaient véritablement à la renaissance de notre pays. Je dis dans mon éditorial qu’il y avait des désirs d’espaces, de conquête d’espace de liberté d’expressions de l’ensemble des citoyens burkinabè. Du coup que les récréatrales croisent cette insurrection populaire dans sa dimension de recherche de liberté, était une très forte chose que nous avons vécue.
B24 : L’insurrection populaire n’a-t-elle pas perturbé vos activités ?
E.M : Ça n’a pas du tout perturbé les Récréatrales dans la mesure où des énergies se sont partagées dans ce quartier où l’ensemble des créations parlaient de politique, parlaient de la liberté et la fureur de la rue.
Il y avait une espèce de connexion. L’artiste travaille toujours à l’avenir d’un monde et ce monde-là advient au moment où nous l’appelons au théâtre. Pour nous, c’était un beau moment historique où le théâtre joue son rôle d’acteur du devenir, du changement.
B24 : Les programmations ont-elles été maintenues telles?
E.M : Il y a eu un soir où nous avons arrêté la programmation. Le premier soir du soir du couvre-feu. Pour le reste, nous avons tenu toutes nos programmations et d’ailleurs nous avons réagi en faisant des matinées théâtrales pour permettre aux spectacles qui allaient entrer trop loin dans le couvre-feu, de pouvoir se jouer dans les cours familiales. On a fait cela de 9h à midi et il y a eu plein de monde.
B24 : Le public a-t-il répondu?
E.M : Ah oui! Vous avez vu dans cette rue, comment les gens étaient pleins dans les salles, devant les plateaux musicaux. Il y a eu de l’engouement. Nous avons été surpris les trois derniers jours d’avoir un monde incroyable.
Les gens du quartier même le disent, ils ont fini de vendre et leurs brochettes et leurs bières, tout ce qu’ils avaient commandé pour vendre. C’était tout simplement inespéré, malgré le croisement avec l’insurrection populaire.
B24 : Vos aspirations sont-elles atteintes?
E.M : Oui, la programmation était de très grande qualité, les professionnels qui sont venus ont produit des pièces de qualités, il y a des spectacles qui vont tourner parce qu’ils ont eu des opportunités de tourner.
Le public a répondu parce que les salles étaient pleines, les artistes musiciens, depuis le plateau musical, ont assuré. L’ensemble des activités du colloque ont eu lieu, le salon de la culture et de la création, qui était une initiative nouvelle, a pris.
La seule chose qui reste est que nous n’avons pas réussi à mobiliser les ressources locales. Nous allons travailler à cela pour nous permettre d’aller plus loin parce que des gens nous demandent d’ouvrir une deuxième rue, d’autres nous demandent d’aller dans un autre quartier.
Mais tout ceci nécessite beaucoup de moyens. Nous travaillons à proposer un projet qui gagne l’adhésion des sponsors, de mécènes, des ministères publics et de partenaires internationaux pour avancer.
B24 : A votre avis, que faut-il faire pour éviter à l’avenir une situation pareille ?
E.M : Avec ce qui est arrivé, je crois qu’on a 5 chantiers : la justice et la réconciliation, la reconstruction de l’administration publique. C’est aussi le chantier de mettre en mouvement la jeunesse dans un esprit d’imagination, de créativité pour qu’elle puisse prendre son destin.
Enfin il ne faut pas oublier ce travail de mémoire par rapport à tous ce qu’on a vécu. Pour que ce travail de mémoire nous engage dans la culture de notre pays où plus personne ne pourra faire une coercition quelconque, pour qu’il n’y ait plus de meurtre politique, plus de corruption, pour qu’il n’y ait plus quelqu’un qui ne participe pas au partage et à la solidarité nationale. Ces chantiers vont être déterminants.
B24 : Comment voyez-vous cette ère qui se lève sur le Burkina ?
E.M : Les hommes de culture vont continuer de faire leur travail et à animer le débat social pour un mieux-être. Ce que je retiens en ce moment où cette ère nouvelle est en train de se lever sur le Burkina Faso, c’est qu’il y a un immense espoir, une immense espérance vu la manière dont les choses se sont passées.
C’est parce que les Burkinabè ont un profond désir d’avenir et de futur que les choses se sont passés ainsi, dans la dignité dans le respect même si c’était dans la colère et la frustration. C’était légitime, il y a eu une espèce de pudeur, de maintien dans cette insurrection qui a été formidable.
Propos recueillis par Reveline SOME Burkina24Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
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c’est bon fr?res
w?h vraima on la pu fair d ntre mieu malgr? la situation du pay ki ?tai inki?tante