Opinion – « Qu’est-ce qu‘un homme neuf ? »

Ceci est une tribune d’une militante du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui réagit à des déclarations de chefs de partis politiques.

Après la 25ème heure de Ablassé Ouédraogo, c’est le tour de Zéphirin Diabré de parler « d’hommes nouveaux» à l’occasion de la présentation du nouvel an.

Ces deux situations m’amène à réagir.

Oui j’aimerai comprendre, d’abord lorsque Ablassé Ouédraogo accuse les autres en prétendant prendre ses distances vis-à-vis du régime Compaoré alors qu’il fut ministre des affaires étrangères. Nous savons tous qu’au Burkina, le poste de ministre est à priori basé sur la compétence, mais ce poste stratégique est avant tout politique.

Nul doute que Ablassé Ouédraogo entretenait de ce fait une relation privilégiée intuitu-personae au point que l’ex locataire de Kosyam ait pu lui faire confiance à cet effet et de lui confier la gestion d’un ministère non des moindres. Des 25 heures, où peut-il bien trouver une chaire convenable à son statut d’homme de main d’hier à celui d’opposant aujourd’hui ?

QU’EST-CE QU’UN HOMME NEUF ?

Il Y a quelque mois dans un de mes écrits, je posais la question de savoir ce qu’est un homme fort ? Et nous eûmes ensemble la réponse les 28-30 et 31 passés. Je reviens aujourd’hui avec une question qui me taraude l’esprit ; la définition de l’homme neuf dont parle souvent le premier leader et fondateur de l’UPC j’ai nommée Zéphirin Diabré.

Dans une tribune du journal l’observateur paalga du lundi 05 janvier, j’ai pu lire les vœux de quelques leaders politiques à l’occasion du nouvel an. Dans ses vœux à la nation, Zéphirin Diabré dit qu’il faut des « hommes nouveaux » à la tête du pays « si nous voulons changer cette année », il prône la gestion du pays par les jeunes avant de se surprendre lui-même et constater qu’il n’était plus jeune, il tente donc de corriger ses dires en disant « et de certains plus âgés.»

Au fait, Zéphirin Diabré est-il un homme neuf ? A quelle occasion Zéphirin le peuple burkinabè a-t-il connu Zéphirin Diabré? En tant que leader du L’UPC ou dans la Compaoréose ?

Effectivement il a raison de souhaiter le vrai changement. Mais le vrai changement s’acquiert par la combinaison d’hommes d’État capables et expérimentés ayant fait leurs preuves et également du sang neuf (à ne pas confondre avec les ressentes prétentions de certaines opportunistes qui se découvrent de qualités subites d’hommes d’État après la chute de Blaise Compaoré) et des leaders capables de canaliser l’énergie de la jeunesse, la former en vue de préparer une bonne relève.

Tous les pays marchent bien par une savante combinaison des générations et non par la dictature d’une génération sur les autres. Certes il est vrai que la jeunesse est incontournable dans tout processus véritablement démocratique et de gestion de pouvoir mais la religion du juvénile ne doit pas être cultivée à tue-tête.

En Côte d’Ivoire et au Sénégal, Laurent Gbagbo et Abdoulaye Wade furent des opposants historiques et des hommes nouveaux à la tête de leurs États, qu’ont-ils légués aux ivoiriens et aux sénégalais ? D’ailleurs le cas ivoirien est toujours d’actualité.

En Gambie, Yahya Jammeh était jeune quand il prenait les rênes du pouvoir en 1994, il est à la tête du pays depuis ses 28 ans mais qu’a-t-il fait en 21 ans de pouvoir ?

Quatre ans après la révolution tunisienne, le peuple tunisien en majorité jeune a choisi Beji Caïd Essebsi 88 ans pour présider à sa destinée. Est-il un homme neuf ? Je ne crois pas.

Nelson Mandela le sage d’Afrique était-il jeune et neuf quand il présidait à la destinée de la nation arc-en-ciel ?!

Ce dont le Burkina a besoin, c’est d’hommes capables et droits et non forcement d’hommes neufs, jeunes ou anciens.

Qu’il soit neuf, jeune ou ancien, l’essentiel est que le futur locataire de Kosyam soit capable de s’élever au-dessus des divisions partisanes et de la médiocrité pour rechercher le seul bien commun, ainsi que l’acuité de sa conscience de ses propres responsabilités.

– Celui pour qui, rien de ce qui constitue l’avenir potentiel de la communauté nationale ne doit être sacrifié au présent ;

– Celui qui sait se saisir des affaires dont la résolution aura un impact fort sur la cohésion sociale minimum nécessaire à toute société ;

– Celui qui saura mesurer ce qui peut relever d’une légitime victoire politique d’une majorité sur son opposition et ce qui constituera une atteinte aux valeurs essentielles, fondatrices du consensus social ;

– Celui qui consent à mettre en réserve ses convictions personnelles ou partisanes et donner droit à la préservation de l’indispensable consensus social. Bien qu’habité de fortes convictions personnelles, l’homme d’État à l’intelligence de l’éthique sociale et politique transcendante.

Celui-là sera le président de tous les burkinabè.

Mamata Tiendrebeogo

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