Interdiction des sachets plastiques non biodégradables : 21 février, date butoir
Le 21 février 2015, la loi portant interdiction des sachets plastiques au Burkina Faso va entrer en vigueur. Paul Sawadogo, directeur général de la préservation de l’environnement et du développement durable nous apporte des informations sur les conditions de son application. C’était au cours d’une interview réalisé le 9 février 2015 à Ouagadougou.
Burkina 24( B24) : Donnez-nous le contenu de la loi sur le plastique qui sera appliquée à partir du 21 février prochain ?
Paul Sawadogo (P.S) : La loi portant interdiction de l’importation, de la production, de la commercialisation et de la distribution des sachets et emballages plastiques non bio dégradables a été votée par notre Assemblée nationale, en 2014, et elle entre en vigueur à partir du 21 février 2015, eu égard aux dispositions de la même loi.
B24 : Comment cette loi sera-t-elle appliquée ?
P.S : Une loi de ce type est une loi nationale. Les mêmes dispositions qui soutiennent l’application des autres lois sont de rigueur dans ce cas.
Pour une loi qui interdit un produit, la douane est en première ligne. Il s’agit pour la douane de vérifier que pour les emballages qui entrent désormais au Burkina sont effectivement des emballages biodégradables et qu’ils sont autorisés par la loi.
Cela se fait par exemple par la vérification des pièces d’importation. Au niveau de ces pièces d’importation, il y a ce qu’on appelle l’homologation qui sera délivrée à toute personne désireuse d’importer des emballages biodégradables.
Au vu de ce certificat d’homologation, la douane peut aussi procéder à des investigations de routine. C’est ainsi que les emballages peuvent entrer au Burkina, en s’assurant qu’ils sont biodégradables.
B24 : Et en cas de non-respect de cette loi ?
P.S : Si la douane venait à saisir des emballages non biodégradables, elle sait comment traiter ces cas qui peuvent être des cas d’interdiction ou de fraude.
A la limite, on peut refouler ces marchandises ou passer à la saisie ou à la confiscation. Toutes les dispositions sont prévues dans la loi et dans ses textes d’application.
B24 : Que fera-t-on des stocks dans les magasins et les usines de production ?
P.S : Il faut différencier les stocks en deux lots. Nous parlons des sachets plastiques biodégradables, et les sachets plastiques non biodégradables. Actuellement, il y a des stocks de sachets biodégradables dans notre pays. Il ne s’agit pas de produits interdits. Il s’agit peut-être à ceux qui détiennent ces stocks de se présenter pour régulariser leur situation en termes d’homologation.
Il y a les sachets plastiques non biodégradables qui sont interdits. A partir du 21 février, ces stocks tombent sous le coup de la loi. La distribution de ces types de produits sera désormais interdite. Pour que des décisions soient prises en dehors de ce que prévoit la loi, il faut d’autres dispositions.
Nous avons échangé avec les commerçants et les importateurs de sachets plastiques qui nous ont fait savoir cette préoccupation. Nous aurions dû éviter cette situation parce que les importateurs ont été informés bien avant. En 2013, nous avons commencé la sensibilisation avec eux, pour les informer des démarches que nous sommes en train de faire pour préserver l’environnement et la santé humaine concernant les sachets plastiques.
Nous avons eu plus de cinq rencontres avec eux. Ils ont été convaincus. Ils sont même venus nous encourager à aller vers l’adoption de la loi, parce qu’ils ont compris que c’était à leur avantage, à partir du moment où on va protéger la santé humaine et animale.
Ils nous ont donné officiellement 300 poubelles pour dire qu’ils sont d’accord avec nous. Dans les principes, il ne devrait plus avoir de stock parce que depuis 2014, nous leur avons dit d’arrêter d’importer les non biodégradables, quand bien même la loi n’est pas encore en vigueur.
Ceux qui ont accepté ont actuellement des stocks biodégradables. D’autres attendent de voir. C’est ce qui fait que le 21 février, nous pouvons nous retrouver avec des stocks non biodégradables.
Nous considérons que cela devient des stocks illégaux, et donc il faut trouver des solutions. Nous allons reverser ces questions à d’autres instances comme le comité interministériel que nous avons mis en place.
B24 : Estimez-vous donc à ce stade que les Burkinabè sont prêts au changement ?
P.S: Tout à fait. Le problème n’est pas au niveau du consommateur. Il accepte et il reçoit ce qu’il a de disponible. Le problème se trouve plutôt au niveau des importateurs et des distributeurs, parce que même au Burkina, on produit des sachets plastiques.
Les producteurs de sachets plastiques doivent tout mettre en œuvre pour que ces sachets deviennent biodégradables. Pour en produire, on n’a pas besoin de changer de machinerie ni de disposition. On a juste à adjoindre ce qu’on appelle des additifs dans le procédé de production.
Les substances qu’on introduit dans ce processus permettent de déclencher la dégradation du plastique de manière automatique, de sorte qu’au bout de deux ans, le plastique tombe sous forme de poudre, utilisé même par des micros organismes, comme on le fait avec l’humus, avec du compost pour réduire l’impact sur l’environnement. Ce n’est donc pas du tout compliqué pour tous ceux qui veulent changer.
B24 : Ces sachets biodégradables pourraient-ils être utilisés pour la vente de produits liquides ?
P.S : Tout à fait. Il y a des sachets biodégradables pour l’eau, pour les jus et pour tout.
B24 : Comment se passera le processus d’application de la loi ? Serait-ce de manière brutale ou progressive ?
P.S : Ce sera comme toutes les lois, sauf qu’ici cela atteint les habitudes. Mais cette fois ci, c’est plus simple à partir du moment où nous savons qui sont les producteurs et les importateurs. Nous allons continuer à échanger avec eux, pour que ceux qui produisaient du non bio arrêtent, et commencent à produire du bio, de même pour les importateurs.
Le consommateur aura alors du bio. Il n’y aura pas un grand changement pour le consommateur, sauf que nous lui demandons de faire des efforts, parce que ce n’est pas parce qu’on passera au biodégradable qu’on consommera les emballages, même si c’est en papier, en carton, en aluminium, en plastique dur. On n’encourage pas les gens à consommer les emballages de manière irraisonnée.
B24 : Il y a de cela quelques mois, le gouvernement avait procédé à la collecte de sachets plastiques. Quelle suite pour cette collecte ?
P.S : Nous avons lancé une opération de collecte de déchets plastiques, surtout les sachets, parce qu’on voulait s’assurer de l’accompagnement de la loi, parce que si on adopte une loi visant à assainir l’environnement et que la population accepte de faire ce sacrifice, et que paradoxalement, on continue de vivre dans un environnement malsain, on se retrouve dans une situation où on peut être incompris par cette population.
C’est ainsi que nous avons entrepris la collecte. Les sachets collectés doivent être transformés. Nous avons inscrit d’acheter et d’installer des broyeurs dans les 13 régions. Nous en avons commencé l’acquisition, mais nous avons actuellement des difficultés financières, eu égard au fait qu’au niveau du budget de 2015, nous n’avons pas encore reçu une dotation.
En 2014, nous avons reçu un financement qui nous a permis de sensibiliser les gens et d’acheter les déchets collectés. Cela a permis à beaucoup de personnes d’en faire une activité. Notre objectif était de créer une filière de valorisation des déchets plastiques et faire en sorte que l’on puisse assainir l’environnement tout en créant des emplois et des richesses pour la population.
Les gens ont pu, grâce à cette initiative, acquérir des biens et se sont constitués en filières de gestion des déchets plastiques. Nous avons des difficultés financières actuellement parce que le financement du budget de l’Etat n’est pas encore en place pour nous, mais nous espérons pouvoir mettre cela en place dans les meilleurs délais.
B24 : Un dernier mot ?
P.S : J’invite les importateurs à passer résolument au biodégradable qui est disponible et pas plus cher que le non bio. Le non bio va rester dans notre environnement pendant plus de 100 ans.
Le bio y restera pendant 2 à 3 ans. A impact comparé, le biodégradable est meilleur. Nous demandons aux producteurs nationaux aussi de passer au biodégradable, étant donné que la technologie n’est pas compliquée et est à leur portée.
A l’adresse des consommateurs, ils ont un rôle crucial à jouer puisque c’est eux qui font le choix. Demandez désormais le biodégradable et refusez le non biodégradable. Très vite, la mesure va s’appliquer. Le consommateur doit maintenant être actif et non passif.
Il doit refuser les non biodégradables parce qu’ils dégradent notre santé humaine et environnementale. Cette loi est là pour aider tout le monde, pour résoudre un problème que vit notre pays, à l’instar d’autres pays du monde.
Celui qui aurait des difficultés ou des questions peut nous approcher. A l’adresse des journalistes, vous avez la clé du problème, parce qu’il s’agit ici des problèmes de changement et qu’il faut beaucoup de sensibilisation. Et c’est à travers les médias que nous pouvons sensibiliser. Aidez-nous.
Ce que vous faites, c’est déjà beaucoup mais nous demandons encore de faire plus d’effort pour sensibiliser les uns et les autres à l’adoption de cette loi, pour un lendemain meilleur surtout pour nos enfants. Nous avons mis en place un comité interministériel, pour échanger au quotidien, sur les problèmes qui surviendraient, de sorte que la mise en œuvre de cette loi soit au bénéfice de tous, sans pour autant être une contrainte pour personne.
Propos recueillis par Mouniratou LOUGUE
Burkina24
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Dans les pays ou cela s’appliquent Tchad, Rwanda et que je sais encore…l’application est claire. A l’a?roport par exemple la police v?rifie minitueusement vos affaires; Si par malheur il ya des sachets qui emballent vos affaires, ils sont automatiquement retir?s. Meme si vous allez les emballer avec votre couverture. Pourra t on faire de meme ici? vue le niveau de corruption. L’autre inqui?tude c’est la persistance des m?dicaments de rue. Pourtant ils sont aussi interdits comme ces plastques. Sinon c’est une bonnne d?cision.