Baba Hama: « Je n’ai pas eu de nègre, par contre j’ai été le nègre des autres »

publicite

La cérémonie de lancement des cafés littéraires du Faso, a eu lieu Jeudi 9 avril aux archives nationales du Burkina. Plus d’une douzaine d’auteurs ont saisi l’occasion pour présenter leurs œuvres. Celui qui a attiré l’attention du public, c’est Baba Hama, ex-ministre de la culture et du tourisme, venu présenter quatre ouvrages. Projet qu’il aurait initié en son temps en tant que ministre de la culture mais à la faveur des évènements du 30 et 31 octobre, le lancement prévu pour novembre 2014 a été maintes fois reporté. Aujourd’hui présent en tant qu’auteur au lancement, nous l’avons approché pour en savoir plus sur sa vie d’écrivain.

La suite après cette publicité

Burkina24 (B24) :Quels sont les ouvrages que vous présentez à ce café et quels sont les thèmes que vous abordez ?

Baba Hama (B.H) : Quatre de mes œuvres ont été publiées par les éditions Harmattan : « Kalahaldi, La Patte du charognard », « Lamordé », « Encens et Myrrhe » et le tout dernier, « Les Amants de Lerbou ».

L’encens et Myrrhe,  est un recueil de 15 nouvelles. Les thèmes sont très variés, ça va de la sècheresse, des conflits sociaux et quelques anecdotes.

Lamordé, c’est l’histoire d’un jeune fonctionnaire affecté en brousse et comme vous le savez souvent dans l’administration publique, cela suscite beaucoup de questions. Pourquoi lui ? Pourquoi pas lui ? Pour quelle raison ?

D’aucuns ont vu des raisons d’ordre syndical, politique. Il y a eu toute une polémique. Cela se passe dans un contexte très critique. On allait d’un régime totalitaire à un régime démocratique. C’est donc une histoire avec ce type d’ingrédients qu’on y trouve.

Kalahaldi. La patte du charognard c’est une histoire éminemment politique puisqu’il s’agit de l’évolution d’un homme de la rue qui s’appelle Kalahaldi dont le métier est la vente de friperie. Il  profite de l’arrivée d’immigrés dans son pays et de l’ouverture démocratique qui s’opérait pour faire une carrière politique.

 Vous verrez en lisant ce livre que ce n’est pas facile et ce ne sont pas les croc-en jambes qui manquent. Bref, ça pose un peu la problématique du rôle des hommes politique dans nos sociétés.

Les amants de Lerbou, ce sont deux jeunes gens, un garçon et une fille, qui ont été élevés comme presque des frères parce que leurs parents étaient des amis de longue date. En Afrique, le fils de l’ami de votre père est pratiquement votre demi-frère. Mais au fil du temps, les deux s’éprennent l’un de l’autre. Mais cet amour est-il possible ? Est-il viable ? Sera-t-il toléré par la société ?

baba hama (chemise blanche) à gauche et d'autres auteurs exposant leurs ouvrages au lancement des cafés littéraires du Faso
Baba Hama (chemise blanche) à gauche et d’autres auteurs exposant leurs ouvrages au lancement des cafés littéraires du Faso

B24 : Comment appréciez-vous ce projet de café littéraire?

B.H : Je félicite le ministère de la culture d’avoir initié ce projet. Il y a la Filo (Foire internationale du livre de Ouagadougou, NDLR), la Semaine nationale de la culture. En dehors de ces événements qui ouvrent une fenêtre sur le livre, il n’y a pas d’autres cadres.

Une fois par mois, notamment le dernier jeudi, on organisera un café qui réunit des auteurs et tous les amoureux de lettres et les scolaires. C’est une occasion de promouvoir la littérature burkinabè et les auteurs burkinabè qui ne sont pas toujours connus.

B24 : Avec toutes les activités que vous avez eu à mener, quel temps avez-vous eu pour l’écriture ?

B.H : Quand vous êtes un artiste, vous l’êtes dans l’âme. Ce n’est pas le métier qui est important. Vous avez vu des ingénieurs agronomes qui ont écrit. Ahmadou Kourouma, Camara Laye n’étaient pas des littéraires mais ils ont produit. Ce n’est pas un handicap, il suffit de s’organiser.

B24 : Rassurez-nous que vous n’avez pas eu de nègre ?

B.H : Non, je n’ai pas eu de nègre, par contre j’ai été le nègre des autres.

B24 : De qui ?

B.H : Un bon nègre, c’est celui qu’on ne connait pas.

B24 : On sait que vous aviez été ministre. N’y a-t-il pas eu de réserve, d’autocensure en écrivant par exemple Kalahaldi ?

B.H : A priori, non. Souvent,  lorsqu’on vous appelle pour une fonction, on connait votre background. On vous amène pour une fonction bien précise mais on ne peut pas vous changer votre nature. A mon niveau, là où ça me fait ombrage, c’est peut-être le fait que les gens voient plus l’homme public et je n’ai pas le temps moi non plus de faire la promotion de mes œuvres.

Je suis sûr qu’aujourd’hui, il y a des gens qui sont étonnés de me savoir écrivain alors que mes premiers écrits datent de 1980. Maintenant, que je n’occupe plus cette fonction, je pourrai rejoindre la communauté des écrivains et j’ose espérer avoir la force et l’inspiration pour continuer.

B24 : Quel est le problème auquel l’écrivain est confronté au Burkina?

B.H : Le principal problème c’est l’édition et beaucoup le font à compte d’auteur. C’est-à-dire qu’une fois que le travail éditorial a été fait, il faut aller trouver une imprimerie de la place.

En moyenne, un ouvrage de 120 à 150 pages, on vous dira qu’il est imprimé entre 2500 et 3000 F CFA. En 1000 exemplaires, cela vous fait 3 millions de F CFA.  Comment trouver cet argent ? Souvent on est obligé d’aller faire des prêts.

B.24 : Votre fonction de ministre ne vous a pas un peu facilité les choses?

B.H : Non, alors là, peut-être j’aurai eu aujourd’hui plus de problèmes si j’étais passé par ce chemin ! Heureusement pour moi d’ailleurs, (rires) non !

Si vous prenez les premiers ouvrages, vous verrez qu’à la dernière des pages, j’ai remercié Edifice Macam pour m’avoir appuyé. A l’époque, c’était une maison de communication qui a été sensible parce que l’ouvrage contenait des œuvres qui avaient été primées à la SNC (Semaine nationale de la culture, NDLR). Ils ont donc accepté financer. En contrepartie, il fallait cette mention en terme d’échange marchandises.

On a la chance de nos jours avec l’Harmattan. Ce n’est plus de l’édition à compte d’auteur avec Harmattan. Il va vous demander une petite somme qui tourne autour de 200 à 250 000 pour le rewriting et pour la finalisation du prêt à clicher et le reste, c’est l’Harmattan qui procède à l’édition.

Il vous demande de payer à moitié prix un certain nombre d’ouvrages qui ne dépasse pas 50 exemplaires. Vous en avez-vous-même besoin pour votre promotion. Le reste, c’est eux qui font le travail de vente en ligne et de vente.

Je félicite la présence du directeur général de Harmattan international présent à ce lancement parce qu’il va offrir l’opportunité à de nombreux écrivains de pouvoir se faire éditer, avec ce surplus qu’avec Harmattan international vous avez plus de chance de vous faire connaitre.

B24 : Où peut-on trouver vos livres ?

B.H : On peut faire une commande directe en allant sur le site de Harmattan mais nous faisons l’effort de faire en sorte que ces livres soient présents dans les librairies de la place.

Propos recueillis par Reveline SOME

Burkina24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Articles similaires

3 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page