Crise militaire et gouvernement de transition: Lettre ouverte aux protagonistes

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Dans cette déclaration, le député Aziz Sana apporte sa contribution sur la situation nationale.

Face au quiproquo militaire qui pourrait perturber la transition et affecter gravement la vie du peuple burkinabé, nous nous voyons dans l’obligation d’interpeller chacun.

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Nous nous opposons à toute idée d’une dissolution du gouvernement à 90 jours des élections car nous ne voulons pas d’une prolongation de la transition. Il paraît contradictoire qu’à trois mois des élections, que l’on demande la démission d’un gouvernement et dans le même temps l’on dit souhaiter que les élections se tiennent à bonne date dans la crédibilité et la transparence.

Du reste nous avons un gouvernement issu de large consensus donc une telle décision revient à l’ensemble des forces vives et non au président seul ou à l’armée. Cela n’est nullement du ressort seul du président de la transition. Il peut nous conduire dans une situation où lui-même ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants. La responsabilité de tout le peuple est engagée.

Nous avons ouïe dire par des médias que l’Etat major de l’armée sous la pression du RSP (Régiment de sécurité présidentielle) aurait souhaité le retrait des militaires du gouvernement. Si telle information est vérifiée, nous rappelons aux militaires que lors de l’écriture de la charte, nous avions souhaité la mise à l’écart des militaires. C’est vous mêmes qui avez fait un forcing pour être dans le gouvernement. Nous ne vous avons pas fait appel. Aujourd’hui à trois mois de la fin de la transition, vous nous dites que vous allez quitter le gouvernement. Votre position versatile montre bien qu’on ne peut se fier à vous.

Notre situation ressemble à l’exemple de « quelqu’un qui vous aide à construire une maison et vers la fin de la construction, revient vous dire qu’il veut retirer ses briques qui se trouvent au niveau de la fondation. Or au départ vous avez souhaité construire votre maison seule. » A quoi ressemble ce revirement ? Si ce n’est de la méchanceté pour faire tomber votre maison. On ne vous a pas appelés, vous allez assumer votre rôle jusqu’au bout Messieurs les militaires !

Loin de nous l’idée de dédouaner le PM (Premier ministre) Zida qui lui même a mis le peuple dans l’embarras et à dos depuis sa déclaration ouverte de soutien appuyé au RSP devant les députés du CNT (Conseil national de la transition) et à l’étranger. Notre soutien à la transition n’est pas synonyme de soutien à la personne du PM Zida ni à un quelconque individu. S’il en profite tant mieux pour lui. Mais ici, il s’agit de l’avenir de notre chère patrie qui est en jeu.

De rappel, je suis l’un des premiers qui dès le 30 octobre 2014 n’a jamais voulu que des militaires fassent partie de la transition. Je restais conscient, au regard de l’expérience ivoirienne que j’ai personnellement vécue et bien d’autres pays, qu’une transition militaire allait mal se terminer et voilà nous y sommes. De grâce, il ne nous reste que 90 jours, faites un peu d’effort pour taire vos divergences.

De passage, je martèle que personnellement, je n’ai jamais reçu 1 franc du PM Zida ou du Ministre Barry depuis leur prise de fonction contrairement à ce que certains disent de la corruption généralisée des OSC. Pure intox ! Ici, il n’est pas question du PM Zida mais de l’avenir de notre pays. Quel type de pays souhaitons-nous laisser comme héritage à nos enfants. C’est de cela qu’il s’agit ici.

La dissolution du gouvernement peut nous conduire dans une période d’incertitude où ceux qui pensent sortir vainqueurs pourraient sortir perdants. Ou ceux qui pensent sortir perdants pourraient sortir plus que perdants. Ou ceux qui pensent sortir perdants sortiront plus que vainqueurs. Cela pourrait être une situation où « qui rira bien rira le dernier ». Cette période pourrait nous conduire à un chaos.

Nous appelons nos frères militaires du RSP à s’entendre sur le minimum pour permettre à notre chère patrie à tous d’avancer dans la paix et la quiétude. Nous devons nous entendre sur ce qui nous unis et non ce qui nous divise. Évitons toutes les positions extrêmes. Zida, Diendjéré, Kéré, Coulibaly, sachez que le peuple vous tiendra pour responsable tôt ou tard si vous envoyez le pays dans le chaos. Vous avez sans doute projeté le début de votre bagarre, mais croyez nous, vous ne saurez jamais la tournure que prendront les événements après. Dieu seul sait !

Au sein du RSP nous avons tous des amis, des frères, des parents et c’est ensemble que nous devons construire ce beau pays que nous souhaitons offrir à nos enfants. Personne ne vous déteste mais encouragez le peuple à vous aimer. Nous vous prions de ne pas retourner votre arme contre un de vos frères d’armes ou un de votre frère burkinabé. Si cela arrive le monde entier se moquera de nous. Et nous serons tous désolés, dépités et bouleversés.

Que le Tout puissant Dieu mette sa main sur le cœur de chacun et l’apaise.

Dieu bénisse le Burkina Faso

Ouagadougou le 6 juillet 2015

Aziz SANA

Économiste-financier

Député, vice-président de la comfib

Président du collectif 3D (Collectif pour la Démocratie, le Droit et le Développement)

Émail : [email protected]


NDLR : Le titre est de l’auteur

 

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