Vote au Nikinai : les bons, les brutes et les truands

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Ceci est une opinion d’un citoyen sur la situation nationale, mais traitée à travers le prisme de la fiction.

Avant tout propos, il faut souhaiter que les élections de 2015 et celles de 2016 se passent dans la paix et que les différents vainqueurs soient reconnus unanimement comme tels par tous. Et puisque nous sommes passés maîtres dans le « s’asseoir et parler » et l’écoute des « sages », puissions-nous surmonter les éventuelles difficultés en nous reposant sur ces deux outils et la sagacité de tous.

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Ensuite, à ceux qui nous lisent, ce texte est une fiction ; mais toute ressemblance avec des faits ou des personnes n’est pas forcément fortuite. Il est essentiel que les uns et les autres se rappellent qu’être élu c’est certainement avoir gagné des élections mais c’est surtout avoir gagné à être au service de tous. Être au service de tous doit donc être le maître mot de chaque élu et cela passe par l’écoute de tous ou tout au moins du plus grand nombre. Souffrez donc, futurs élus, ce texte, ses ressemblances et dissemblances. Il n’a nul but de juger ; chaque être étant doté de la faculté de se retrouver parmi les traits qu’on lui présente. Il a pour but de rappeler aux uns et aux autres ce qu’est un élu et de questionner notre façon de le designer.

L’histoire se déroule au Nikinai, une contrée aride quelque part en ce monde, peuplée de braves gens qui viennent de se libérer du joug d’un truand tristement célèbre dans la contrée et au-delà de ses frontières. La lutte a été longue pour les Nikinais mais ils en sont arrivés à bout non sans avoir fait des compromi(ssion)s.

Le premier intérêt de ce texte est de prolonger dans le temps le récit de cette aventure pour répondre à la question du compromis ou de la compromission. Pour cela, il traite d’un carrefour important de l’histoire des Nikinais après leur récente libération : des élections de nouveaux dirigeants pour conduire leur destinée.

L’ancien truand défait s’est réfugié avec biens et suite dans des contrées proches. Il compte néanmoins toujours au Nikinai des trublions. La candeur des Nikinais faisant, et l’enthousiasme sans doute de la victoire récente, a permis un retour de ces trublions sur la place publique. Ils décrient, non sans raison des fois, les dirigeants temporaires chargés de conduire la destinée du Nikinai jusqu’aux prochaines élections, où aura lieu la désignation de nouveaux dirigeants.

Ceci ajouté à l’activisme revigorée des jeunes Nikinais, qui veulent que les dirigeants temporaires répondent à leurs aspirations, et celui des prétendants aux postes de dirigeants du Nikinai, qui ne manquent pas de stratégies pour s’assurer d’être retenus aux prochaines élections, a contribué à rendre une image de cafouillis au Nikinai à la veille des élections. Cependant, pour les derniers, il est assez facile de déterminer trois (03) traits de caractères principaux : les bons, les brutes et les truands.

Les bons ou ceux qui ne savent pas « bagarrer »

Parmi les aspirants aux fonctions de dirigeants du Nikinai il y a les bons et les bonbons. Le bonbon est au bon ce que l’impolitesse est à la plaisanterie ; des fois semblables dans la forme mais toujours différents dans le fond! Nous appelons donc bon ces gens qui étaient aux premières loges de la lutte contre l’ancien truand et qui aspirent à diriger le Nikinai pour rompre avec les habitudes de ce dernier.

Ils n’ont pas forcément les meilleures idées et ne s’en réclament pas d’ailleurs mais ils ont cette volonté de trancher et de continuer sur la lancée de ce qui a fait tomber l’ancien truand. Cela est fort louable mais ne suffit pas. Cela est d’autant plus insuffisant quand les bons ont tendances à se muer en bonbons. Quand on veut être un dirigeant, on doit savoir diriger, c’est-à-dire rassembler mais aussi savoir faire la différence entre la bonne et la mauvaise herbe et faire les traitements qu’il faut.

Cette tendance à accepter tout de tout le monde pour être en accord avec tous, loin d’être une qualité, est une tare assez répandue au Nikinai. Il suffit d’un fruit gangreneux pour pourrir tout un panier, ainsi il en va de l’acceptation de truands dans ses rangs sous prétexte de contenter tous ou par quelque calcul politicien. Des fois dans nos sociétés, il faut sévir ceux qui ont fauté pour en dissuader d’autres ou pour permettre aux uns et aux autres de s’amender.

Les truands ou la déhontée façon de faire comme ceux qui ont été chassés

On se plaint de ce qu’on fait trop souvent et on meurt de mort qu’on a souvent donné, nous dirait le poète. En réalité, parmi ceux qui ont chassé l’ancien truand, il y avait des gens dont la seule motivation était de le remplacer et faire comme lui. Ils ne lui reprochaient pas d’être truand mais de l’être sans eux ou tout au moins de ne pas en profiter.

Ces gens ont donc revêtu les camisoles abandonnées par le truand et sa suite et se vêtissent de la même manière, ; il n’y a que quelques noms qui sonnent différents ! Il n’est pas nécessaire de démontrer que le Nikinai resterait comparable au Nikinai sous l’ancien truand avec ces derniers comme dirigeants. Il y aura certainement un peu d’eau dans le vin, de nouveaux barons mais aucun changement pour la plus grande partie des populations.

Les brutes ou les opportunistes aux yeux plus gros que le ventre

La tombée du truand a donné bien d’appétits ! Même les rats, jadis derrière l’éléphant de la fronde des Nikinais contre l’ancien truand, rêvent de disputer l’élection avec les félins et autres pachydermes de la faune politique.

C’est leur droit, qu’il soit bien entendu mais à quoi cela répond-t-il ? Qui marche derrière un éléphant ne craint pas la rosée dit-on ; il faut donc travailler à consolider les unités et les unions plutôt qu’à favoriser les perditions des efforts de mobilisation et à forcer une remise à zéro perpétuelle. Car un peuple mobilisé est un peuple fort et un peuple qui avance pour la satisfaction des aspirations du plus grand nombre. Les individualités et egos surdimensionnés doivent être tus à certains moments.

Épilogue et questionnement de notre système électoral

L’histoire dit que le simple fait d’être bon, brute ou truand n’est pas déterminant ! Ce qui l’est par contre c’est la nature des Nikinais ? Sont-ils des bon(bon)s, des brutes ou des truands ? Car les dirigeants sont à l’image de ceux qui les désignent dans le Nikinai nouveau.

L’histoire ne dit pas non plus la nature des Nikinais, par contre elle permet de tirer une leçon capitale : pour se prémunir d’avoir des truands et des brutes comme dirigeants, il faut aller au-delà de leur désignation au simple vote. Sinon pour peu qu’il y ait moins de bons que de brutes et truands réunis ce sont les mauvais qui deviennent dirigeants.

Le raccourci est de dire que c’est cela la démocratie, c’est-à-dire que les sociétés à majorité de bons soient dirigées par des bons et celles à majorité de mauvais par des mauvais. Un tel raisonnement est dénué de sens; pour en avoir le cœur net demandez-vous s’il est préférable qu’un corps malade, suivant que le malade soit bon ou mauvais, soit traité par un bon ou un mauvais médecin …

Notre système de désignation de nouveaux dirigeants est donc dangereux puisqu’il ne garantit pas que ce soit les bons des candidats qui soient élus. Certes c’est un système légal puisque inscrit dans les textes qui régissent notre État.

Mais sommes nous rigoureusement républicains ; si oui pourquoi avoir lutté tout ce temps contre la tentative de modification de l’article 37 qui est bien républicaine. Il est clair que lorsque la république ne rencontre plus les aspirations de la majorité, il y a nécessité de la réaménager ; c’est l’essence même de la démocratie. Nous devons donc aller au délà du simple vote et chercher plus de démocratie.

La démocratie c’est une question de majorité mais de majorité consciente des enjeux. Pour les élections législatives et la présidentielle le temps est assez bref pour introduire une quelconque reforme. Mais pour les prochaines élections municipales, il serait intéressant d’essayer une nouvelle façon de designer les élus et cela d’autant plus que la démocratie est d’abord une question locale. Les aspirations locales des populations peuvent servir de fil conducteur pour élaborer des programmes et définir des orientations des différentes politiques sanitaires, éducatives, …

Pour les prochaines élections municipales, nous serons donc avisés de chercher un moyen plus démocratique de recueillir les suffrages des populations que le simple vote après les boucans de campagnes électorales.

Nous pourrons par exemple tenter une voie plus africaine déjà proposée par bien de nos savants, dont entre autres, le Pr. Laurent BADO. Que dans la famille il y ait un responsable qui représente la famille au niveau du quartier. Que le quartier délègue un membre pour le représenter au niveau du village (ou de la circonscription électorale) ; ce délégué pourrait être considéré comme conseiller. Les différents délégués définiront les différents organes et désigneront leurs responsables … Cela est très simpliste mais peut être un point de départ pour de vraies réflexions.

Un tel système coûterait moins cher, serait plus démocratique et en phase avec nos réalités. Finalement nous assumerons notre souveraineté en définissant nous même nos chemins et les façons de les emprunter qu’en singeant machinalement les autres. Et pour se développer, l’Histoire nous apprend qu’il faut d’abord s’assumer pleinement.

Vive le Burkina Faso !

Ensemble, pour un pays réellement des « Hommes intègres » !

Ouattara Dimitri


NDLR : Le titre est de l’auteur

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