Lookman Sawadogo : « la loi sur la dépénalisation du délit de presse ne doit pas donner lieu à un requiem des organes de presse »
Les organisations professionnelles des médias se disent inquiètes du contenu de l’avant-projet de loi portant dépénalisation du délit de presse que le gouvernement doit soumettre au Conseil national de la transition. En lieu et place de la prison, le gouvernement propose en effet que tout media reconnu pour fait de diffamation puisse être condamné à une amende de 10 à 15 millions de F CFA.
La dépénalisation du délit de presse, la définition du statut du journaliste, l’accès aux sources d’informations, une législation de la presse en ligne, le passage du statut des medias publics en société d’Etat ; ce sont autant de propositions de lois sur la vie des medias qui passeront dans les prochains jours devant les députés du conseil national de la transition.
Mais si toutes ces propositions sont appréciées à leur juste valeur, l’une d’elles, la dépénalisation du délit de presse, préoccupe plus les concernés. « La dépénalisation suppose que la peine privative est abrogée et il reste les peines d’amendes. Et à notre grande surprise, la peine d’amende a été multipliée par 10 voire 15 et le gouvernement a inscrit dans ce projet que désormais pour les cas de diffamation, vous pouvez être condamné à la peine d’amende et le quantum est élevé à 15 millions maximum et 10 millions minimum », a expliqué Lookman Sawadogo, président de la Société des éditeurs de presse privée (SEP).
Pour les organisations des medias, ces textes ne tiennent pas compte des réalités économiques des entreprises médiatiques. « Nous trouvons que c’est une amende très exagérée parce qu’elle ne peut pas traduire ce que les medias veulent. S’il y a mort d’organes de presse, il y aura non seulement le chômage mais aussi la mort de la liberté d’expression…la loi sur la dépénalisation du délit de presse ne doit pas donner lieu à un requiem des organes de presse », a ajouté Lookman Sawadogo.
De plus, disent les organisations de medias, cette proposition est même en contradiction avec des actions déjà prises par le gouvernement en vue de favoriser le développement des medias et partant du bien-être des journalistes, en l’occurrence l’allègement des charges fiscales des medias, la suppression des taxes sur l’importation de matériel pour les medias.
Les représentants des medias pensent que cette disposition vise un effet dissuasif et pourrait avoir pour conséquence une presse au rabais.
Le projet de loi sur la dépénalisation du délit de presse passera au vote le 04 septembre prochain et les représentants des medias, après audition par le CNT, se disent confiants que les députés ne laisseront pas passer une telle loi. Cette conférence de presse sonne comme une invite donc au gouvernement à « un geste salvateur » pour ramener le quantum des amendes à ce qui est inscrit dans le code de l’information , soit au maximum à 1 million de FCFA au risque d’avoir une loi « du moins surréaliste » et contestée.
Maratou SOUDRE
Burkina24
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