Burkina post-transition : Quelle place pour la jeunesse dans la gouvernance politique ?

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Ceci est un article d’analyse sur la place qui devrait être celle de la jeunesse après la fin de la transition.

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Le  »nouveau Burkina » dont l’érection est partie de l’insurrection populaire de fin octobre 2014 gagnerait à bénéficier de la contribution effective et active de toutes les couches sociales. Dans ce sens, certains indicateurs présagent déjà d’une implication non-négligeable de la jeunesse burkinabé. Mais quelle sera en définitive, la place de cette jeunesse dans la gouvernance politique ? Cette question mérite d’être posée en ces moments où les consultations et/ tractations pour la mise au point de la machine gouvernementale du  »régime Roch Kaboré » semblent déjà se tramer dans les coulisses.

La remarquable prise en compte de jeunes de moins de 45 ans sur les listes de candidatures aux élections législatives du 29 novembre dernier, est à saluer. Du reste, il en a résulté l’élection de jeunes gens comme députés. Ces derniers sont ainsi mandatés par le peuple burkinabé à animer la 6è législature. Ces jeunes députés doivent prouver qu’ils ne sont pas des parvenus. Ils doivent démontrer qu’ils sont de vrais leaders, ou à tout le moins, des politiciens ou technocrates mâtures.

L’une ou l’autre de ces qualités doit être affichée dans la conduite de l’œuvre législative. En effet, l’exécution des missions parlementaires n’est pas que collective ; elle peut également être individuelle. Il en est ainsi notamment avec l’élaboration des propositions de loi, avec les questions (orales, écrites) à l’endroit du gouvernement. Il serait bon que nos jeunes députés se distinguent sur ces questions. Et une telle distinction doit se conjuguer avec une discipline exemplaire au sein de leur groupe parlementaire.

En somme, ces jeunes élus doivent convaincre l’opinion que la jeunesse burkinabé est effectivement capable d’assumer de hautes responsabilités –politique notamment – et qu’elle mérite qu’on lui fasse davantage confiance quant à l’érection et à la consolidation d’un Burkina des lendemains meilleurs.

Des OSC, cadres d’intervention et d’action de la jeunesse

Le moins que l’on puisse dire déjà, c’est que cette jeunesse burkinabé a brillamment joué un rôle de premier plan dans l’avènement de l’insurrection populaire et dans la résistance au putsch de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Incontestablement, elle est l’une – sinon la première – figure de proue de l’avènement du « Burkina véritablement démocratique  » qui se profile à l’horizon. En effet, des organisations de la société civile de type nouveau comme le Cadre d’Actions et de Réflexion Démocratique (CADRe) d’où est issu le Balai Citoyen, le Front de Résistance Citoyenne (FRC) devenu – après l’insurrection – le Front de Renforcement de la Citoyenneté, la Ligue des jeunes à Bobo-Dioulasso, pour ne citer que ceux-ci, ont courageusement lancé le débat pour ce « Burkina de tous les espoirs » tant en salles closes que sur le terrain de l’action, du temps où le régime déchu n’hésitait pas – surtout en sourdine – à mettre en branle sa capacité de nuisance.

Mais le goût du courage distillé par ces OSC pionnières  depuis  2006, a, au fil du temps, habité bien d’autres jeunes. Avec la naissance du Mouvement du Peuple et pour le Progrès(MPP) en 2014, une floraison d’OSC  dont le Collectif Anti-référendum (CAR) devenu Citoyen Africain de la Renaissance, le  »Mouvement ça suffit », l’emblématique  »Balai citoyen », le Brassard Noir, le Mouvement Citoyen de Jeunesse pour le Développement et le Progrès (MCJDP), le Mouvement cocorrico, le Mouvement en Rouge, ont apparu sur la scène du combat démocratique. Ces organisations de jeunesse ont affiché une opposition et une résistance actives au régime de Blaise Compaoré emballé dans ce que quelqu’un a qualifié ‘d’entêtement bovin’ à vouloir sauter la clause limitative du nombre de mandat présidentiel. La suite, tout le monde la connaît : le régime de Blaise est déchu.

La jeunesse mérite bien une place de choix

 La Transition qui s’en est suivie, devra fort heureusement, céder bientôt la place à des autorités démocratiquement élues. Et ce sont ces dernières qui auront en charge la destinée du Burkina Faso durant les cinq prochaines années. Dans ce sens, elles devront asseoir des organes à même d’impulser une gouvernance – politique notamment – à la hauteur des enjeux du Burkina Faso post-transition attendu véritablement démocratique. C’est un tel Burkina qui, espère-ton, reconnaîtra mieux les mérites de la jeunesse burkinabé lourdement éprouvée dans le cadre du basculement politique. Donner une place de choix à cette jeunesse dans la désignation des personnalités qui doivent animer les organes de la future gouvernance politique, ne sera que justice rendue. En tout cas, elle mérite bien cette place.

Au-delà de la justice, une telle option augure d’une relève politique sereine prônée par certaines  OSC.  Il n’y a pas longtemps, un forum des jeunes venus des quatre coins du pays, a même été organisé  dans ce sens. Des autorités soucieuses d’un Burkina Faso des lendemains meilleurs ne devraient aucunement hésiter à opérer pareille option : un gouvernement post-transition animé majoritairement par des jeunes de moins de 45 ans compétents et politiquement mûrs. Des jeunes acteurs politiques, des jeunes acteurs de la société civile, et des jeunes simplement technocrates. C’est surtout ainsi, qu’ils pourront assurer un avenir serein à notre pays.

Des annonces qui donnent d’espérer

Dans ce sens, l’espoir semble être donné par les nouvelles autorités. En effet, le président fraîchement élu, Roch Marc Christian Kaboré, a annoncé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, donc un gouvernement ouvert à des personnalités autres que les seuls militants de son parti, le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Le directeur national de sa campagne électorale, Salif Diallo, le 1er vice-président en charge de l’orientation politique du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) planche pour un gouvernement d’alliance populaire. La philosophie qui sous-tend ce gouvernement d’alliance populaire, précise Dr Diallo, est celle de la prise en compte des différentes forces qui ont activement déboulonné le régime de Blaise Compaoré.

L’une ou l’autre de ces formes de gouvernement annoncées donne d’espérer une place réconfortante pour la jeunesse. Ainsi, aussi bien au niveau du législatif qu’à celui de l’exécutif, la jeunesse burkinabé pourra vaillamment faire entendre sa voix. Mieux, elle saura travailler énergiquement à garantir la relève politique dans un Burkina Faso en passe de s’afficher en exemple de démocratie en Afrique et au-delà.

Bebamahun, un observateur de la scène politique

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