Organisation de la cérémonie d’investiture : Que s’est-il passé exactement ?
Ceci est une analyse de Célestin Badolo sur la cérémonie d’investiture du Président Roch Marc Christian Kaboré, précisément sur l’aspect organisationnel.
Novembre 2014 – décembre 2015 : voici une année et un mois de tous les rebondissements possibles, une année d’incertitudes, de balbutiements, d’amateurisme, mais aussi de bravoure. Mais l’heure n’est pas au bilan.
Entendu que c’est l’investiture du nouveau président qui met fin aux fonctions des autorités gouvernementales de la transition et à leur responsabilité vis-à-vis du peuple, on est en droit de se poser encore quelques questions sur ce qu’il convient d’appeler la «honte de l’ONU » : l’organisation de la cérémonie de l’investiture du Président du Faso.
Mais avant, relevons quelques faits.
- Une salle qui refuse des invités munis de leur carte ;
- Des autorités venues des pays amis et frères pour honorer la cérémonie, errant dans la salle sans place assise ;
- Des ministres de la transition laissés à leur propre sort ;
- Des militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) au cœur de la maitrise de la cérémonie ;
- Des supplications fusant de l’organisation essentiellement MPP pour demander aux burkinabè de céder la place aux hôtes ;
- Des chaises nouvelles que l’on débarque dans la salle pour sauver la face ;
- Enfin, une cérémonie annoncée pour commencer à 11h00 et qui commence finalement aux environs de 13H.
Voici, toute proportion gardées ce qui nous a été servi comme cérémonie d’investiture du premier président civile élu du Burkina. L’un des rares présidents de l’Afrique élu sans contestation à la suite d’un processus électoral conduit et contrôlé par le peuple tout entier et fortement concurrencé.
À qui la responsabilité ?
Quoique le gouvernement de la transition aie rendu sa démission de par celle de son premier ministre, à moins que ce ne soit un boycott, il doit encore des comptes urgemment au peuple sur cette affaire.
Comment peut-on honnir tout un peuple de la sorte ? Le Burkina Faso, ne dispose-t-il pas d’espace pour assurer la place assise à ses invités ? Étions-nous obligés de tenir l’investiture au palais des sports qui visiblement s’est révélé exigu ? Comment l’investiture d’un président de la République peut-elle être l’apanage des gens de son parti alors qu’il y a un gouvernement sortant ?
Un gouvernement sortant qui plus est non perdant des élections. Le gouvernement de la transition veut-il nous signifier le contraire ? A-t-on besoin d’avoir un diplôme universitaire pour savoir que le nombre de places à apprêter est fonction de des cartes distribuées celui-là donnant titre d’invité attendu ?
Les débats juridiques ne nous avanceront nulle part. La démission d’un gouvernement sortant ne saurait expliquer un vide total dans le pays. L’arrêté du conseil constitutionnel visé avant entre autres pour l’investiture précise clairement que l’investiture du nouveau président marque la fin de la transition. Quelqu’un a failli à sa mission et doit y répondre. On nous dira que le mal est déjà commis, il n’y a plus d’intérêt à agir. Non, car il y aura demain un gouvernement sortant et il ne faut pas qu’il soit tenté de se dérober de ses obligations.
La scène est d’autant plus révoltante que ce sont certains des chefaillons (chef-haillon) que la transition a entièrement créés qui ont occupé les places laissant débout, même des ministres à peine sortis de la transition, des ministres de pays voisins.
En tout état de cause, sous la transition, au Burkina Faso, la critique n’était plus permise sous peine d’être taxé de « quelqu’un qui a la critique facile ». Mais il convient de relever ici que la transition a été voulue par le peuple dans son ensemble ; à ce titre un groupuscule ne pourra prétendre réduire le peuple au silence sous aucun prétexte.
La transition, même si elle durait deux moi, le peuple qui l’a voulue ne saurait être contre elle, et c’est de là qu’elle tire sa légitimité ; légitimité qui ne saurait être confondue à un chèque en blanc entre les mains d’individus. L’opinion devra distinguer la transition et ses institutions des autorités mêmes de la transition.
Le MPP y a-t-il une obligation de répondre ? À notre humble avis, depuis le plébiscite du 29 décembre 2015, le candidat MPP, Roch Marc Christian KABORE est désormais le président de tout le peuple burkinabé et non pas seulement d’un parti politique.
On aurait pu comprendre qu’au siège du parti du président élu, qu’une organisation festive soit gérée par le MPP mais pas cet acte extrêmement solennel d’investiture qui voit la participation des chefs D’État des pays voisins. En tout état de cause, il nous semble qu’il y a lieu que chacun de nous fasse introspection, reconnaisse sa responsabilité et abandonne ces attitudes qui ne construisent ni n’honorent.
Célestin Badolo
Activiste de la démocratie et de la bonne gouvernance
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