Ouaga : Une famille à la rue au quartier Bilbalogo
Une pile d’ustensiles de cuisine, des matelas et des lits mal démontés, des téléviseurs, des habits et des documents, des maisons à moitié tombées, des badauds qui ne décolèrent pas, des jeunes filles et dames assises sous les arbres aux ombres clairsemées, c’est le constat que nous avons fait en arrivant ce lundi 18 avril 2016 sur la Rue pavée à Bilbalogo à Ouagadougou. Il s’agit d’un déguerpissement, notamment de la famille Yanogo.
VIDEO – La complainte du propriétaire
Burkina24
Ce lundi 18 avril 2016, peu après 9h, des gendarmes sont arrivés dans le quartier Bilbalogo de Ouagadougou. Direction, la cour de la famille Yanogo pour y exécuter un ordre de déguerpissement. A notre arrivée à la rue pavée de Bilbalogo, l’opération était déjà terminée.
Ce léger retard nous a permis d’avoir accès à la cour pour les images, puisque des confrères, venus plutôt pendant le démolissage de la cour ont été simplement refoulés. Un voisin de la famille a dû payer 12 000f CFA pour récupérer son téléphone portable à la gendarmerie, pour avoir filmé la scène.
Idrissa Yanogo, un membre de la famille que nous avons trouvé au milieu des ruines, téléphone à l’oreille gauche, visiblement très marqué par les évènements, n’a pas tardé à nous donner la substance du problème.
« Tout a commencé depuis 2003, relate-t-il, après le décès de notre papa, un cousin (Seni Tiendrébeogo) a pris les documents (Permis urbain d’habitation), les falsifier et aller vendre à un el hadj. Ensuite, il nous a convoqués, de prendre 2 millions pour quitter la cour. Nous avons refusé ».
Le cousin a affirmé que la parcelle dans laquelle loge la famille Yanogo appartiendrait à son père. La famille Yanogo a alors entrepris des démarches de vérification.
Avec cette démarche, il s’est avéré que la parcelle est au nom de la famille Yanogo. « Nous avons demandé l’état des droits réels et la cour appartient bel et bien à notre papa, Yanogo Tiraogo Ousmane.
Sur l’état des droits réels, il n’a pas vendu, il n’a pas hypothéqué. Au Cadastre aussi, pareil », relate Idrissa Yanogo.
Au tout début de l’affaire, la famille a également approché le Baloum Naaba, explique-t-il. Un notable a alors fait sortir un document de plus de 200 pages. « Y a pas quelqu’un ici à Bilbalogo qui a un terrain et qui n’a pas son nom chez le notable. Y en a même pas ! », insiste Idrissa Yanogo. Là aussi, raison a été donnée à la famille Yanogo.
Sur ces faits, le Baloum a adressé une convocation à l’endroit de Séni Tiendréobeogo qui est venu avec un témoin. Ces derniers ont professé que la cour n’était pas la propriété des Yanogo. « Même pas un mois après, le témoin est décédé. Et quelque temps après, c’est le cousin qui a suivi », raconte Idrissa Yanogo. Ne pouvant plus récupérer son argent, l’acheteur de la parcelle « mise maintenant pour avoir la parcelle par tous les moyens« , poursuit-il.
Bien avant ce lundi 18 avril 2016, des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) sont venus le 3 septembre dernier pour déguerpir la famille. « Mais on a fait sortir les documents. Quand ils (les CRS) ont vu, ils ont dit qu’ils ne savaient pas que c’était comme cela. Comme quoi, on leur a brossé que l’affaire est close, mais qu’on refuse de déguerpir. Quand ils ont constaté que ce n’est pas clair, ils sont partis ».
Une enquête a été diligentée par la suite par la gendarmerie de Baskuy. Mais aucune information sur celle-ci n’a été communiquée à la famille Yanogo. Quelque temps après, c’est un huissier qui est venu sommer la famille de libérer la cour.
« Depuis l’affaire se trouve en justice, note Idrissa Yanogo. Le jugement a été fait, mais comme tenu des grèves, ils n’ont pas pu délibérer.
Mais ils ont mis le délibéré pour le 11 mai prochain. Pourquoi ne pas attendre le 11 mai ? », se demande Idrissa Yanogo.
En démolissant la concession des Yanogo ce lundi matin, les voisins ont, après le départ de la gendarmerie, bloqué les entrées de la rue empêchant tout passage. Daniel Ilboudo, voisin de la famille trouve « dramatique » la situation des Yanogo. En érigeant les barricades, les riverains entendent protester. Ils disent rester sur leur position jusqu’à ce que justice soit rendue à la famille.
Dans la précipitation, les habitants de la cour disent avoir beaucoup perdu. Voici le témoignage de Djamila Yanogo, fille de Idrissa Yanogo : « J’étais en classe lorsqu’on m’a appelée de venir ramasser mes affaires parce que notre maison devait être démolie. Je me suis précipitée. Quand je suis arrivée, j’ai vu que tout était déjà dehors. J’ai cherché, je n’ai pas vu mon diplôme de baccalauréat ni mes attestations de stage. J’ai seulement vu mon diplôme du BEPC.
Il y a beaucoup de papiers que je ne retrouve plus, concernant surtout mon année scolaire. Je ne sais pas quoi faire ! ». Elle est en année de BTS en transport-logistique.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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