Le ministre des transports aux transporteurs : « On va vous donner un mois pour plomber vos véhicules »
La fréquence et la gravité des accidents de la circulation, « c’est effrayant, c’est intolérable » a noté le ministre de la sécurité intérieure. Accompagné de ses collègues des transports et de la communication, c’est sur un ton ferme qu’il a fait part de sa consternation au cours de leur rencontre avec les responsables des compagnies de transports de ce jeudi 19 mai 2016. « L’heure est grave. Il est temps que ces hécatombes s’arrêtent » a tout de suite déclaré Simon Compaoré dès son entrée dans la salle de rencontre.
« Moi, jamais ! Même si je n’avais pas un véhicule »
Le ministre de la sécurité intérieure n’est pas passé par quatre chemins pour signifier son indignation face aux nombreuses pertes en vies humaines causées par des accidents de la circulation sur les routes des campagnes et même des villes du pays. « L’eau a suffisamment coulé et on est à la limite du tolérable. On ne peut pas continuer à perdre autant de vies humaines sur nos routes. Des incidents peuvent arriver, mais des incidents à répétition imputables à l’action humaine, ce n’est pas tolérable », dit-il.
« Nous n’avons pas voulu nous enfermer pour sortir ces mesures. Nous voulons respecter (vous qui êtes autour de la table) et vous interpeller pour que chacun assume ses responsabilités », a expliqué Simon Compaoré.
Pour le ministre, même s’il est vrai que pour un pays comme le Burkina, sans transports, il y a problème, ce n’est pour autant que des vies humaines doivent être perdues à des intervalles aussi réguliers. « Mais, de grâce, permettez-nous – en tant que gouvernement – de vous dire qu’il y a certains d’entre vous qui ne jouent pas leur rôle et qui favorisent les accidents » a dit le ministre de la sécurité avant d’entonner: « moi, jamais ! Même si je n’avais pas un véhicule, je n’allais pas rentrer dans certains cars. Ils roulent plus que des véhicules simples ».
« On va vous donner un mois pour plomber vos véhicules »
Pour venir à bout des accidents à répétition qui causent tant de perte en vies, les autorités ont pris des mesures qu’elles entendent appliquer au sortir de la rencontre avec les responsables des compagnies.
Il s’agit en premier lieu du strict respect la législation traitant du code de la route. Et ceux qui ne le feront pas verront leurs véhicules saisis. « On préfère qu’on ne circule pas, que l’on circule pour donner la mort », a dit Simon Compaoré.
Ensuite pour s’assurer du respect de la vitesse maximale conseillée, malgré les multiples interpellations, le gouvernement s’engage à le faire. « Nous allons prendre la décision de plomber les moteurs pour vous couvrir, nous couvrir et pour sauver des vies humaines », a expliqué le ministre de la sécurité.
« On va vous donner un mois pour plomber vos véhicules », a annoncé avec plus de précisions le ministre des transports Souleymane Soulama. Les contrevenants verront leur licence de transporteur suspendue ou retirée, de même que le permis de conduire des chauffeurs.
Quant au ministre la communication Remis Dandjinou, il s’étonne qu’il ait fallu en arriver à prendre de telles décisions. Selon lui, l’application des textes nous aurait évité d’en arriver là. « La contrainte de plomber les cars est subsidiaire au fait que nous ne respectons pas nos textes », dit-il.
A cela s’ajoute le respect d’une décision antérieure, celle du matériel type à transporter par les cars. Pour ce qui est des détecteurs, le gouvernement prend la décision de ne permettre aux compagnies de transport d’obtenir les appareils de détection de métaux et armes hors taxes. Pour cela, ils ont à déposer des demandes. « Regardez ce que vos cars embarquent ».
Quatrièmement, « tout car qui circule avec les pneus complètement lisses, sera arrêté, arraisonné », parce qu’avec de tels pneus « la catastrophe ne peut pas ne pas arriver ». A l’endroit de la police et de la gendarmerie, le ministre a été, on ne peut plus clair. « Il n’y a pas de négociations qui tiennent. Ce sont des mesures strictes qui vont être appliquées à partir de maintenant », leur a-t-il dit. Pour ce qui est de la surcharge, « à partir de maintenant, il y a tolérance zéro. Comme le disent les Italiens, basta ! », a dit Simon Compaoré.
En plus des représentants des compagnies de transports, le président l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) était également là. « Sachez que nous exerçons notre activité pour nous nourrir. Pas pour tuer ou faire tuer des usagers de la route », a dit Issoufou Maiga. Il a en outre affirmé que l’organisation souhaite la mise en application « stricte » parce que « la sécurité n’a pas de prix ».
« On profite des fortunes quand on vit »
Les premiers responsables de la gendarmerie et de la police nationales étaient présents à la rencontre. Pour le Chef d’état-major général adjoint de la gendarmerie, le colonel Serge Alain Ouédraogo, il y a un bon départ pour mettre de l’ordre dans la route, car dit-il « quand les forces de sécurité se mettaient à vouloir sanctionner ces fautes, on voyait la réaction hostile de beaucoup de gens, notamment certains transporteurs ».
Le directeur général adjoint de la police nationale était lui aussi de la partie. « Les responsabilités, nous allons les assumer», dit-il. Les mesures prises par les autorités représentent pour lui des instructions. S’agissant de sécurité, il a déclaré que « les instructions seront appliquées ». Ils demandent néanmoins aux transporteurs de les aider à remplir leur part du boulot car dit-il, « c’est bien de chercher des fortunes, mais on profite des fortunes quand on vit »
Oui Koueta
Burkina24
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