Cybercafés à Ouaga : Similitudes inquiétantes avec les « regrettés télé-centres »
Après une période de succès à Ouagadougou, le phénomène des cybercafés tend vers son déclin. D’aucuns parlent de faillite en chaîne similaire à celle subie naguère par les télé-centres. De part et d’autre de ce double-secteur, de nombreux promoteurs ont fermé boutique pour cause de non rentabilité. Depuis la forte pénétration des TIC et du téléphone mobile, la clientèle spécifiquement dans ces marchés se fait en effet de plus en plus rare. Bien qu’il existe toujours des cybercafés dans la capitale burkinabè, leurs gérants n’hésitent pas à le faire savoir : « Le marché va mal » !
N’ayant pas encore été relégués au rang de reliques, les cybercafés semblent tout de même avoir pris la direction des « regrettés télé-centres ». Ils se meurent à petit feu devant une concurrence qui tient dans la paume d’une main.
Certains gérants de cybers sont tentés de jouer le jeu de ces nouveaux venus, les téléphones portables, les clés de connexion, les tablettes, etc. en les incluant dans leur stratégie de vente. Après les télé-centres, ces technologies, nouvelles ou pas, risquent en tout cas de prendre le dessus cette fois sur les cybercafés.
Un mauvais vent souffle sur les télé-centres…
« Chercher actuellement un télé-centre à Ouaga, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin », disait un usager. Ce dernier est convaincu qu’il n’existe plus de télé-centre dans la Capitale. Il explique ce phénomène par la recrudescence de la téléphonie mobile de laquelle les téléphones portables même si le coût des communications reste toutefois élevé.
Pour un autre, transporteur routier, l’on peut en trouver notamment à Bobo-Dioulasso, la 2e ville du pays, mais rarement. Dans tous les cas, il faut reconnaître qu’un mauvais vent souffle sur les télé-centres au « Pays des Hommes intègres ». Pourtant, il s’est avéré que le prix à l’impulsion dans un télé-centre est moins cher que sur le téléphone portable.
La grande majorité des promoteurs de télé-centres à Ouaga dont Mathieu A. Traoré et Aïcha Fofana ayant fermé boutique se plaignent particulièrement de la baisse des recettes. Ils ont tous été obligés de rediriger leur « petit commerce » vers d’autres secteurs qu’ils jugent plus rémunérateurs. Selon Mathieu, l’on peut encore trouver des cabines téléphoniques dans certaines compagnies de transport à Ouaga. Mais après 4 visites-éclair dans des gares, « il y a quelques mois, il y a en avait pourtant », s’étonne cet ancien promoteur de télé-centre.
Grosso modo, il semble que ce sont les secrétariats publics, les petites agences de transfert d’argent, les échoppes de vente et réparation de téléphones portables, qui ont « arraché la place » aux télé-centres et autres cabines téléphoniques.
Par ailleurs, s’il est rarissime de tomber sur un télé-centre dans la Capitale, il existe toujours quelques cybercafés, victimes presque du même sort et tentant de survivre. Les responsables de cybercafés avouent être proches du désarroi.
« Les clients ne se bousculent plus devant mon cybercafé »…
Avec l’avènement des TIC, l’initiation à Internet suscitait au tout début un engouement pour bon nombre de personnes à Ouagadougou. Nombreux sont ceux qui faisaient recours aux cybercafés pour accéder à la connexion Internet, apprendre à manipuler l’ordinateur, envoyer des mails, etc. Ces moments semblent dorénavant révolus avec l’avènement des smartphones et de la connexion mobile au Burkina.
Il est 8h du matin, ce mercredi 17 août 2016 au « Cyber des Amis » sis au quartier Laarlé. Des jeunes, adultes, femmes et parfois des enfants de moins de 15 ans sont assis devant des écrans d’ordinateurs. Chacun navigue à sa guise. Les moins initiés à l’outil informatique se font aider par le gérant du cyber, Mamoudou Sourwema. « Les clients viennent ici généralement pour télécharger de gros fichiers, mettre à jour leurs antivirus, imprimer des documents. Ils apprécient vraiment la qualité de la connexion et le coût.
VIDEO – Mamoudou Sourwema donne son avis sur la fermeture en chaîne des cybercafés à Ouagadougou
Même les dimanches et les jours fériés, le cyber reste ouvert jusqu’aux environs de 23h et parfois minuit. Il y a cependant de moins en moins de clients côté navigation simple ces derniers temps. Notre particularité, c’est qu’en plus des formations, nous disposons d’un secrétariat ; nous procédons également à des installations de système d’exploitation, etc. Nous ne gagnons pas gros, mais ça peut quand même aller », confie Mamoudou Sourwema.
Si certains s’y rendent pour se distraire, d’autres préfèrent économiser leurs « mégas » et passer de longues heures à faire des recherches sur le web et télécharger.
Pour Mamoudou, concernant la fermeture en chaîne des cybercafés, « en plus du faible débit au Burkina, des perturbations sont observées constamment au niveau de la connexion, c’est cela le nœud du problème ».
Son cyber existe depuis 10 ans et se situe non loin du marché « 10 Yaar », un « énorme avantage » selon un client, commerçant, Abdoul Sana qui y vient régulièrement.
Si « ça peut aller » chez Mamoudou Sourwema, BL (ayant requis l’anonymat) par contre semble avoir une économie à bout de souffle.
« Les clients ne se bousculent plus devant mon cybercafé. Les factures sont payées difficilement les fins du mois. On passe la journée à regarder de gauche à droite dans l’espoir de voir apparaître un client. C’est très dur.
Le marché va mal. Vraiment, on vivote quoi », ainsi se lamente BL, 37 ans, co-gérant d’un cyber à Gounghin.
Il laisse entendre que pour résister, son équipe est en train de vouloir changer de stratégie. L’on ignore pour l’heure de quelle stratégie il s’agit. Quoi qu’il en soit, au Sénégal par exemple, pour pallier à la fermeture en chaîne des télé-centres et des cybercafés, un nouveau concept, les « NetServices », avait été proposé par l’Organisation des distributeurs de services numériques et de télécommunication (ODSENT).
Les « NetServices » étaient destinés à remplacer les télé-centres et les cybercafés. Et ils se sont présentés comme plus rémunérateurs, proposant entre autres des services d’e-gouvernement, d’e-learning.
Noufou KINDO
Burkina 24
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