Enquête parlementaire sur le foncier urbain : 5 choses à savoir
La commission d’enquête parlementaire sur le foncier urbain a rendu son verdict ce 13 octobre 2016 en plénière. 105 408 parcelles ont été irrégulièrement attribuées ou illégalement occupées. L’Assemblée nationale a décidé de toutes les retirer. L’enquête parlementaire a porté sur les lotissements effectués de 1995 à 2015 dans les grandes agglomérations urbaines du Burkina notamment dans les deux communes à statut particulier que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Voici en cinq points, quelques particularités.
1 – Ouaga 2000, la caverne d’Ali Baba
La zone de Ouaga 2 000 a fait l’objet de gros appétits, surtout de la part des sociétés immobilières.
Les commissaires ont ainsi recensé le morcellement de la bande verte de Ouaga 2000, pourtant relevant du domaine de l’Etat. Des occupations illégales, l’absence de titres fonciers ont aussi été notées de même que le détournement de destination.
L’Assemblée nationale a décidé de retirer, en somme, 10 714 parcelles en majorité de 300 m2. Le rapport a épinglé plusieurs sociétés immobilières, entre autres, la SOCOGIB et AZIMMO (près de 1 300 parcelles retirées).
2 – Des records
Des Burkinabè ont battu des records en termes de possession de parcelles. Ils ont été mis en lumière par le rapport. L’ex maire Pascal Ouédraogo vient en tête avec 500 parcelles qui lui ont été attribuées par le Directeur général de la SOCOGIB Eugène Zagré.
Ousséni Zoromé, ex-directeur régional de l’urbanisme des Hauts-bassins et Arouna Bonsa, chef de service de l’urbanisme des Hauts-bassins suivent avec 535 parcelles à eux attribuées. Blaise Compaoré peut venir en troisième place avec ses 113 parcelles à Ziniaré pendant que la famille de Barro Dandjinaba peut fermer la marche avec ses 10 000 m2 attribués de « manière opaque », souligne le rapport.
3 -Blaise Compaoré perd ses parcelles dans son village
La famille de l’ancien président Blaise Compaoré n’a pas été particulièrement épargnée. L’Assemblée a ainsi décidé du retrait de 113 parcelles octroyées à l’ancien président du Faso dans son village natal, Ziniaré. Son petit-frère, François Compaoré verra aussi ses 22 parcelles être retirées dans le même village.
La fondation Suka, derrière laquelle Chantal Compaoré, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat était aux manettes, aura également 14 parcelles d’habitation, qui lui ont été attribuées à Ziniaré, être reversées à l’Etat.
Enfin, Boukary Jacques Niampa, qui gérait le patrimoine de la Présidence, sera dessaisi de la gestion des 248 parcelles à Ouaga 2000 qu’il administrait « sur instruction verbale du Président Blaise Compaoré ».
4 – Les ex-maires épinglés
Le rapport n’a pas été particulièrement tendre avec de nombreux ex-maires. Il a mis à nu leur gestion. Salia Sanou, Zacharia Sawadogo, Séraphine Ouédraogo, Pascal Ouédraogo, Daouda Zoromé et Anatole Douamba ont été cités, entre autres.
Mais il n’y a pas de traces de Simon Compaoré, qui a régné sur la ville de Ouagadougou pendant 17 ans. A l’étonnement de certains députés qui l’ont manifesté ainsi que des internautes. La commission a affirmé avoir auditionné l’ancien maire, mais sans résultat compromettant. Du reste, l’actuel ministre d’Etat chargé de la sécurité intérieure avait bien déclaré qu’il n’avait rien à se reprocher !
Réactions d’internautes
Question Simon Compaoré, est il blanc comme neige dans les affaires de parcelles ? #JeDemandeJuste #Burkina #lwili
— Michel Wagner (@GraphiqueDBF) 13 octobre 2016
Hum, 95000 parcelles illégalement acquises à Ouaga. Soit SIMON COMPAORÉ (ex-maire de Ouaga) est INCOMPÉTENT soit il est complice. #1
— Objectif : S65 AMG (@AYousseffO) 13 octobre 2016
5 – Des populations qui vont sourire
Si les résolutions adoptées sont effectivement suivies d’effet sur le terrain, quelques Burkinabè devraient esquisser un brin de sourire. Ce sera certainement le cas des 254 propriétaires de champs déguerpis du site du port sec de Bobo-Dioulasso, de ces habitants du secteur 29 de Bobo-Dioulasso où plus de 3 000 parcelles doivent être attribuées ou enfin des résultats que donneront ces nombreuses commissions ad’hoc dont la mise en place a été recommandée pour trouver des solutions aux lotissements problématiques.
«Ce travail remet dans leurs droits, des populations injustement spoliées de leurs terres, remet dans le patrimoine de l’Etat des terrains acquis illégalement par des promoteurs indélicats», a en tout cas déclaré le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, selon ses propos rapportés par l’AIB.
Synthèse de Abdou ZOURE
Pour vous faire une idée complète, téléchargez le Rapport de synthèse de la commission-parlementaire sur le foncier urbain
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