Attaque de Nassoumbou : « Nos forces de défense et de sécurité ont mal à leur commandement »
Dans cette déclaration, le mouvement « Le Balai Citoyen » se pose des questions sur les raisons de l’attaque subie par les Forces de défense à Nassoumbou le 16 décembre 2016.
Le vendredi 16 décembre 2016, les forces ennemies ont encore frappé le Burkina Faso. Une dizaine de militaires sont tombés les armes à la main dans l’attaque du détachement militaire basé à Nassoumbou, chef-lieu de la commune rurale du même nom, dans la province du Soum. Le Balai Citoyen salue la mémoire de ces soldats morts pour la Patrie, présente ses condoléances aux familles éplorées et souhaite prompt rétablissement aux blessés de cette barbarie.
Cette attaque intervient deux mois après celle de Intagom dans l’Oudalan qui avait également visé un détachement militaire, faisant quatre morts. La région du Sahel est devenue depuis 2015 la cible privilégiée de ces bandits armés aux motivations funestes. Cette énième forfaiture contre nos soldats a été précédée par une série de meurtres et d’intimidation visant des élus locaux des villages de la province du Soum, considérés par les terroristes comme les principales sources de renseignement des forces de défense et de sécurité. C’est le lieu de saluer la mémoire de ces compatriotes assassinés et demander aux pouvoirs publics d’affiner leurs méthodes de collaboration avec les populations pour éviter de les exposer aux représailles.
A l’instar des autres attaques, celle de Nassoumbou met en lumière les failles de notre système de défense et de sécurité. Ce qui soulève des interrogations. Pourquoi le commandement militaire n’a pas pris des mesures adéquates pour renforcer le dispositif de défense du détachement de Nassoumbou malgré des informations à sa disposition, des jours avant l’attaque, sur les mouvements suspects dans la zone ?
Comment se fait-il que des renforts ne puissent pas être acheminés en moins de deux heures de temps, laissant tout le loisir aux assaillants de commettre leurs forfaits et de disparaitre ? Pourquoi n’envoie-t-on pas sur le théâtre des opérations des hommes plus expérimentés, aguerris et bien équipés ? Les militaires qui sont aux frontières pour lutter contre les terroristes sont en mission de guerre. Ils doivent être bien équipés et traités conséquemment. Il est absolument inadmissible d’envoyer des soldats en guerre avec seulement des kalachnikovs comme l’a laissé entendre le ministre de la Sécurité. L’argument du dénuement matériel mis en avant par les autorités politiques et militaires ne saurait les exempter de leur responsabilité. L’état du matériel tout comme le moral et les compétences de la troupe sont de leur responsabilité. Les Burkinabè attendent des mesures fortes pour ramener la quiétude et le moral.
Il est temps, comme l’a rappelé la CEDEAO lors de son dernier sommet à Abuja, que le Burkina Faso accélère la réorganisation de son système de défense et de sécurité. A ce propos, le Balai citoyen réaffirme que pour plus d’efficacité, il est important de confier le ministère de la Défense à un homme ou une femme compétent (e), patriote et intègre, qui aurait à rendre compte au Président du Faso, chef suprême des armées.
En outre, il réitère son appel d’octobre dernier, suite à l’attaque d’Intagom car, apparemment, rien n’a changé depuis lors : « Il est grand temps de faire le toilettage de notre système sécuritaire et de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Ceux qui gèrent actuellement paraissent dépassés par la situation. Ils n’inspirent plus confiance aux Burkinabè, témoins de leur passivité, pour ne pas dire leur complicité lors du coup d’Etat sanglant de l’ex-RSP. Avec un tel passif, il est évident que ces hommes ne disposent plus du crédit moral nécessaire et indispensable pour commander notre vaillante armée.
Pour en rajouter à l’inquiétude des Burkinabè, l’on assiste à la libération provisoire des officiers putschistes de l’ex-RSP. A n’en pas douter, ces libérations de militaires putschistes renforcent et galvanisent le camp des forces hostiles qui tentent coute que coute de déstabiliser notre pays. Pire, malgré leur implication évidente dans l’atteinte à la sûreté nationale, le Ministère de la Défense et l’état-major général des armées n’y ont toujours rien vu de mal pouvant entrainer des sanctions disciplinaires. Alors que l’on s’était empressé de radier les soldats mutins des rangs en 2011, notre armée conserve toujours dans ses rangs, des militaires putschistes. Le chef de l’Etat, ministre de la Défense, prend-t-il vraiment la juste mesure de la gravité de la situation ?
Il faut sortir des arrangements politiques qui mettent en danger la vie des millions de Burkinabè. La sécurité de l’Etat s’accommode mal avec les calculs politiciens. La situation est suffisamment grave et requiert de la part des autorités, en particulier le président du Faso, des mesures fortes qui rassurent le peuple. »
Aujourd’hui, plus que jamais, la preuve est faite que nos forces de défense et de sécurité ont mal à leur commandement, à leur hiérarchie. Le peuple burkinabè et son armée méritent mieux que ce commandement politico-bureaucratique, embourgeoisé et jouissant de peu de crédit chez la troupe. L’Assemblée nationale doit, à cet effet, diligenter une mission d’information sur les deux dernières attaques meurtrières pour situer clairement les responsabilités à tous les niveaux. Le Président du Faso, chef suprême des armées, doit se rendre à l’évidence que c’est sa responsabilité personnelle qui est engagée. Il doit enfin gouverner le pays avec toute la rigueur qu’exige le contexte actuel.
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