Burkina : Des étudiants burkinabè d’Algérie s’adressent au ministre de l’enseignement supérieur

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Dans cette lettre ouverte, les étudiants et stagiaires burkinabè en Algérie soumettent leurs doléances au ministre de l’enseignement supérieur.

Monsieur le Ministre de l’Enseignement Secondaire et Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, souffrez que nous vous fassions part de nos très révérencieuses motions de vives salutations.

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Nous, étudiants et stagiaires Burkinabè en Algérie, venons par la présente vous soumettre les difficultés auxquelles nous faisons face au quotidien et vous faire des suggestions afin de nous délivrer de ces souffrances récurrentes, qui du reste pourraient être évitées pour peu que l’on y accorde le minimum d’attention.

Tout d’abord, nous venons sacrifier à la tradition en vous souhaitant, en ce début d’année 2017, tous nos meilleurs vœux à vous et à vos proches, familles comme collaborateurs. Que cette année 2017 vous apporte la sagesse et le courage de poursuivre votre travail pour une réussite de votre mission à la tête du département de l’enseignement supérieur.

En abondant dans le sens du succès, nous voudrons vous soumettre quelques points qui font de notre séjour académique en Algérie un vrai parcours du combattant. Des problèmes qui, s’ils sont résolus, contribueront à la positivité de votre bilan à la fin de votre mission.

Envoyés en Algérie sur la base de nos résultats au baccalauréat, nous bénéficions de l’Etat Burkinabè un complément de bourse supposé nous permettre de subvenir à nos besoins. Cependant, en plus d’être insuffisant à cause l’accroissement général du coût de la vie en Algérie depuis le début de la crise pétrolière, cette bourse a la particularité d’être statique tout le long de nos études. Ainsi, un étudiant en première année d’Economie percevra la même somme qu’un étudiant en septième année de médecine, soit 54430 FCFA par mois.

Monsieur le Ministre, nous vous laissons deviner, vous qui connaissez bien le milieu universitaire, à quel point les besoins d’un étudiant évoluent de façon croissante années après années. De même, vous savez à quel point il est difficile de faire face à ces dépenses lorsqu’on a des moyens financiers qui sont inférieurs aux dépenses réelles de la vie quotidienne.

Pour remédier à ce problème, nous suggérons une augmentation de l’allocation de bourse versée aux étudiants boursiers du Centre d’Information et d’Orientation Scolaire et Professionnelle et des Bourses (CIOSPB) ainsi qu’une revalorisation à la hausse du complément de bourse soit au début de chaque nouvelle année soit au début de chaque cycle universitaire.

Le deuxième problème majeur de notre séjour en Algérie est le retard récurrent dans le versement de notre complément de bourse. En effet, l’allocation versée aux étudiants boursiers leur est envoyée par tranche de trois mois, soit quatre tranches dans l’année. Cependant, notre allocation nous arrive depuis plusieurs années et malgré les suggestions de changement que nous avons faites, avec plusieurs mois de retard.

A titre d’exemple, la tranche de vacance 2016, qui était supposée couvrir les dépenses de l’étudiant pendant la période de juillet à septembre, a été disponible à partir du 2 novembre 2016, soit un retard de quatre mois. Dans ces conditions et dans le contexte dans lequel nous vivons en Algérie pendant les vacances – fermeture des restaurants universitaire, interdiction de travailler – il devient périlleux pour l’étudiant boursier Burkinabè de rester en Algérie pendant les vacances, notamment pour ceux dont les parents n’ont pas la possibilité de les soutenir financièrement. Nous venons alors partager avec vous les conséquences de ces retards.

Monsieur le Ministre :

  • Une allocation insuffisante qui arrive avec des retards de deux à quatre mois ne permet pas de faire face à ses dépenses.
  • Une allocation insuffisante qui arrive avec des retards de deux à quatre mois ne sert qu’à rembourser ses dettes qui sont à chaque fois plus grande et rendent l’étudiant vulnérable et dépendant de ses amis d’autres nationalités souvent.
  • Une allocation insuffisante qui arrive avec des retards de deux à quatre mois ne permet pas à l’étudiant boursier Burkinabè d’étudier sereinement.
  • Une allocation insuffisante qui arrive avec des retards de deux à quatre mois met la vie de l’étudiant en péril.
  • Une allocation insuffisante qui arrive avec des retards de deux à quatre mois compromet l’avenir de l’étudiant boursier Burkinabè

Monsieur le Ministre, nous avons appris la manifestation des étudiants boursiers Burkinabè au Maroc entamée le 5 janvier 2017 et qui a connu son épilogue le 8 janvier 2017. Malgré les différences de pays dans lesquels nous évoluons, nous faisons face aux mêmes problèmes, comme si une personne s’amusait à faire subir à des brillants étudiants ses sauts d’humeur.

Un retard dans le versement du complément de bourse met l’étudiant Burkinabè au Maroc dans des difficultés de règlement de son loyer mensuel, si l’on ne considère que le logement qui est primordial à l’étudiant.

Pour l’étudiant boursier Burkinabè en Algérie, un retard dans le versement du complément de bourse peut l’empêcher de s’acheter des tickets de restauration afin de se nourrir, l’empêcher de prendre le bus pour se rendre à l’université, l’empêcher de s’acheter des moyens de se protéger en hiver ou l’empêcher de se documenter correctement pour ses études.

Nous imaginons bien, Monsieur le Ministre, que vous nous répondrez que les moyens de l’Etat ne permettent pas de répondre de façon immédiate à toutes ces doléances. Il est, néanmoins, logique de penser que si l’Etat Burkinabè consent envoyer X étudiants dans un pays, alors il a les moyens de prendre convenablement en charge l’ensemble de ces X étudiants. Ainsi, dans le budget annuel de l’Etat, il serait prévu une somme destinée à la prise en charge de ces étudiants.

Au vue de cela, nous proposons donc que nos compléments de bourse nous soient envoyés un mois à l’avance, afin que malgré tout le long processus que cela prendra pour que nos allocations nous parviennent, nous puissions entrer en leur possession à bonne date. Pour la tranche de janvier à mars par exemple, un virement fait à la fin du mois de novembre nous assurerait de percevoir nos allocations en début du mois de janvier. Nous estimons que cela ne constitue pas une dépense supplémentaire pour l’Etat. Il s’agit alors d’une bonne planification.

Monsieur le Ministre, dans votre sortie médiatique où vous faisiez votre bilan pour l’année précédente, vous invitiez les étudiants en Algérie à ne pas manifester. Cependant, Monsieur le Ministre, les manifestations grévistes sont très souvent précédées par plusieurs processus de négociation en vue de trouver des solutions aux problèmes.

Ainsi, à l’image de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, les manifestations des étudiants ne seront que les résultats des doléances légitimes non résolues que nous aurons préalablement soumises à l’autorité compétente. Rien ni personne ne pourra alors empêcher un étudiant boursier Burkinabè en Algérie, souffrant de dettes dues aux retards de versement de son complément de bourse, incertains de ses performances académiques du fait du manque d’argent, de manifester son désespoir d’avoir été parmi les meilleurs au baccalauréat et d’avoir bénéficié d’une bourse.

Monsieur le Ministre, les suggestions que nous avons faites ne sont en aucun cas impossibles à mettre en œuvre. Elles nécessitent plutôt, à notre avis, un engagement et une bonne volonté d’aider. Nous souhaitons qu’elles trouvent une oreille attentive et soient satisfaites afin que l’étudiant boursier Burkinabè, en Algérie en particulier et dans le Maghreb en général, puisse étudier sereinement.

Union des Etudiants et Stagiaires Burkinabè en Algérie

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