Salif Ouédraogo : « Je n’ai pas entendu dire qu’il faut tirer sur les gens »
Salif Ouédraogo affirme n’avoir pas été convoqué par la gendarmerie dans le dossier de l’insurrection populaire. Il dit n’avoir pas quitté le pays non plus. L’ancien ministre de l’environnement ne comprend donc pas pourquoi le parquet a annoncé que la Haute cour de justice le jugera en son absence.
Le parquet près la Haute cour de justice annonçait le 15 février 2017 que le procès sur le dossier de l’insurrection populaire s’ouvrirait dans les semaines à venir et que sept personnes seront jugées en leur absence parce qu’elles n’ont pas répondu aux convocations de la justice.
Parmi ces personnes figure Salif Ouédraogo, ancien ministre de l’environnement. Dans une interview accordée à nos confrères de L’Observateur Paalga et publiée ce 20 février 2017, il a confié n’avoir pas été convoqué par la gendarmerie et qu’il n’a jamais quitté le pays. L’ancien ministre indique être allé à la gendarmerie pour savoir les raisons dès publication du communiqué de presse du parquet. « On n’a pas pu me répondre» , dit-il. Il lui a été dit de revenir le lendemain 17 février 2017.
En attendant, sait-il ce qui a été dit le 21 octobre 2014 date à laquelle le conseil des ministres a adopté le projet de modification de l’article 37 de la Constitution ? Salif Ouédraogo répond qu’il était en mission ce jour-là en Corée.
« Je ne pesais pas lourd… »
Néanmoins, il a laissé entendre que les membres du gouvernement n’étaient pas unis sur la question. « Certains ont parlé, d’autres n’ont pas parlé, dit-il. Dans ce lot, il y en a qui étaient contre, mais ils se sont tus pour plusieurs raisons, notamment par peur. Il y en a aussi qui ont dit qu’il fallait faire attention. Il y en a encore qui on dit, avec l’ADF/RDA que tout est réglé et qu’il n’y a pas de problème».
Mais lui, qu’a-t-il dit ? Il se réfère à la position prise au sein de son parti, l’UNDD. « Nous avons dit : si on part au référendum, on vote contre ou on s’abstient. Voilà ma position« , a-t-il confié au confrère de L’Observateur Paalga. Du reste, il ne croit pas que son avis aurait changé grand’chose à l’époque. « Je ne pesais pas lourd. J’étais un ministre de l’opposition, et il y a ministre et ministre», avoue-t-il.
« Je n’ai pas vu un papier »
Ce qui a conduit les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré devant la Haute cour de justice, ce sont les morts comptés lors de l’insurrection populaire suite à la répression présumée ordonnée par l’exécutif. Un document aurait été signé par le Premier ministre d’alors pour réquisitionner l’armée et l’autoriser à tirer sur les manifestants. Etant membre de ce gouvernement, Salif Ouédraogo déclare n’avoir pas eu vent de ce document.
« Moi personnellement, je n’ai pas vu un papier demandant de statuer ou de réfléchir sur la possibilité de mobiliser les forces de l’ordre et le cas échéant de tirer sur les gens», affirme-t-il. Il a juste appris que des « dispositions seraient prises » pour éviter les casses. « Mais nous sommes en Afrique, vous savez comment nos pouvoirs sont organisés. On dit des choses, on fait des choses, et après les gens disent ou font autres choses», relativise-t-il.
Toutefois, celui qui a introduit le projet de loi sur les sachets plastiques à l’Assemblée nationale dit assumer sa part de responsabilité et est prêt à répondre devant la justice. Et il croit qu’il ne devrait pas être le seul. « Je suis d’accord pour la justice et la vérité, énonce-t-il en fin d’interview. Je suis de ceux qui pensent que tous ceux qui ont gouverné avec Blaise Compaoré depuis 1987 doivent en répondre devant la justice pour qu’on évalue ce que chacun a fait, tous, en bien ou en mal. Moi j’y suis prêt».
Synthèse de Abdou ZOURE
Burkina24
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