Cameroun : Après 3 mois de privation, l’Internet est de retour dans la partie anglophone
Internet est de retour dans les régions anglophones du Cameroun qui en ont été privées depuis plus de trois (03) mois. Mais, prévient Issa Tchiroma Bakary, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, « le gouvernement se réserve le droit » de procéder à nouveau à l’interruption de l’offre internet.
Le 20 avril dernier, soit plus de 03 mois après avoir procédé à la rupture de l’offre internet et ce après avoir estimé que « les conditions ayant présidé à l’interdiction provisoire d’Internet dans cette partie du territoire national ont fortement évolué, informe le communiqué, le chef de l’Etat a par conséquent instruit le ministre en charge des postes et télécommunications de demander aux opérateurs de téléphonie mobile de rétablir les connexions Internet dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».
« Pourvu que ça dure »
En effet, suite à la grève des enseignants qui secoue les régions Sud-ouest et Nord-ouest, toutes deux situées dans la partie anglophone du pays depuis cinq mois maintenant, le gouvernement avait coupé Internet le 17 janvier. « Les gens sont contents » et « c’est normal », commente un journaliste car depuis 03 mois, résume-t-il, « ils ne peuvent plus envoyer de courriels, discuter avec des amis ou la famille sur Facebook ou sur WhatsApp ». Lui aussi se dit « heureux », parce qu’il peut « enfin travailler en paix » et pour cause, il était obligé de parcourir des dizaines de kilomètres pour envoyer ses productions.
Sur les réseaux sociaux que l’on peut s’apercevoir que le retour d’internet est diversement apprécié. Certains continuent de réclamer le retour en utilisant le hashtag #BringBackOurInternet. S’il y en a qui ont beaucoup souffert de la crise, ce sont les entrepreneurs de la Silicon Mountain en référence à la ville de Buea dans le Sud-Ouest, où les start-up se créent de manière discontinue. « Que ça vienne ou pas, on s’en fout ! », s’offusque au téléphone, un jeune entrepreneur. Et pour cause, il fait partie de ceux-là qui ont perdu de la clientèle. « Pourvu que ça dure », tempère cet autre étudiant-entrepreneur de Buéa, craignant une nouvelle rupture.
« Vers la fin de l’apartheid numérique ? »
Il n’est pas le seul à craindre que les deux régions ne soient à nouveau privées d’Internet. « Vers la fin de l’apartheid numérique ? », interroge Yann Gwet, chroniqueur pour Le Monde Afrique dans un tweet. Lui ne se leurre visiblement pas. « Aucun doute que l’arme de la coupure sera réutilisée », se résigne-t-il. Et il a de quoi s’inquiéter. Le communiqué du ministre de la communication Issa Tchiroma Bakary ne rassure pas davantage. En effet, prévient-il, « il reste entendu que le gouvernement se réserve le droit de prendre les mesures appropriées pour éviter qu’Internet ne soit à nouveau utilisé pour susciter la haine et la discorde entre Camerounais ou pour créer des troubles à l’ordre public ».
Synthèse de Oui Koueta
Burkina24
Source : Le Monde Afrique
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