Chroniques de Ramadan : Je réfléchis d’abord !
Chaque jour, pendant le mois de Ramadan, l’imam Alidou Ilboudo développe un aspect important à savoir sur le jeûne musulman.
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Je voudrais emprunter à mon frère et ami Kaboré Harouna, un peu de son slogan le Faso d’abord ! Je dis donc : « je réfléchis d’abord ! » Et oui ! Et si on réfléchissait d’abord ?
Si avant de se prononcer sur toute question liée à notre vie commune, on réfléchissait d’abord ?
Si avant d’entreprendre une action qui engage les autres, on réfléchissait d’abord ?
Si avant de donner ou d’obéir à un mot d’ordre de boycott ou de manifestation, on réfléchissait d‘abord ?
Si avant de relayer une information, de partager un post, on réfléchissait d’abord ?
Le plus souvent on ne réfléchit pas assez aux conséquences des paroles que nous prononçons, des lignes que nous traçons, des actes que nous posons. Cela est d’autant plus dangereux qui si les gens agissent mal sur notre propos, nous en portons la responsabilité, devant les hommes et devant Allah.
« Je réfléchis d’abord » a pour but essentiel de faire prendre conscience à chacun des conséquences de l’acte qu’il pose. Cela devra permettre à terme aux responsables des organisations à vocation revendicative :
– D’évaluer la pertinence des mots d’ordre qu’ils lancent
– De mesurer les conséquences possibles
– De prévoir les débordements et les récupérations
– D’éduquer les militants de base
Et aux militants et manifestants :
-de ne pas se laisser manipuler
– de manifester dans la dignité et le respect des biens et des personnes
– de se projeter en citoyen responsable.
Et à l’ensemble des acteurs publics :
– De faire face à leurs responsabilités le moment venu.
Avant d’obéir à un mot d’ordre, avant de poser un acte ou de refuser d’obtempérer, « Je réfléchis d’abord ». L’acte est-il juste ? Est-il le meilleur qui soit ? Ai-je librement décidé ou suis-je manipulé ? Quelles conséquences mon acte va-t-il produire ? Si le bien produit à court, moyen et long terme l’emporte sur le mal, alors j’agis. Ne plus jamais poser un acte sans avoir réfléchi.
Le Burkina Faso traverse un moment difficile de son histoire où la perte de l’autorité publique laisse place à des autorités parallèles ; tout le monde se plaint bien que chacun soit responsable. Ce qui nous arrive, c’est ce que nous avons pensé, ce que nous avons dit, ce que nous avons fait.
Le livre des Proverbes nous enseigne : « le sage tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. », ce qui signifie qu’il faut être prudent et réfléchir avant de prendre parole.
Par extension, le proverbe signifie que celui qui parle à tort et à travers risque de s’attirer des ennuis et d’en attirer aux autres. Aucune culture ne conseille la précipitation en matière de parole et d’actes. Le prophète nous dit : « la précipitation provient de Satan ». Le président Lamizana avait pour habitude de dire à ses ministres : « allons lentement parce qu’on est pressés ». Comme on est pressé et qu’on a peu de moyens, mieux vaut perdre le temps et bien faire les choses, parce qu’on ne peut pas se payer le luxe de recommencer ce qu’on a fait précipitamment. Mais au Burkina actuellement, les gens n’en font qu’à leur tête ; tous les sujets sont invités, sans précaution aucune : la religion, l’ethnie, la sécurité, les relations internationales, la justice ! et parfois la rumeur et le bruit dominent l’information vraie.
Quand on regarde la violence politique et l’affaire Kogléwéogo, il apparait qu’il manque à l’origine de la réflexion. Les uns et les autres parlent et agissent sur un oui ou un non. Et on pense que c’est ainsi qu’on va bâtir le pays !
Et quand les leaders en manque de popularité s’en mêlent, bonjour les dégâts.
Ramadan est le mois de la maitrise de soi, du contrôle des sens, du scrupule dans les mots et les faits ; la dernière décade est le moment privilégié pour rappeler ces éléments civiques et moraux.
Ce que je dis ne concerne pas seulement la république ; elle commence véritablement dans nos lieux de culte. Dix nuits durant, les savants seront en contact permanent avec les fidèles pour répondre à leurs questions durant les pauses entre les prières. C’est le moment de réfléchir pour donner à chaque question la réponse qu’elle mérite. Il ne s’agira pas de dire que ces questions ont trouvé réponses au temps du prophète. Il s’agira de répondre aux préoccupations d’hommes et de femmes qui vivent au Burkina Faso en 2016 !
La rumeur ne doit pas gouverner nos décisions : « Ô vous qui avez cru! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. » (coran 49, 6)
Le prophète a dit : « quiconque croit en Allah et au jour dernier qu’il dise du bien ou qu’il se taise »
Et aussi : « celui qui inaugure une mauvaise action encourt son péché et lé péché de ceux qui agiront pareil à lui jusqu’au jour des comptes »
Et en fin : « qui voit un mal, qu’il le corrige de sa main ; s’il ne le peut pas qu’il le fasse de sa langue ; et s’il ne le peut pas qu’il le déteste dans son cœur. C’est le petit degré de la foi»
Dans notre cas, le plus souvent nous pouvons agir, ou parler pour faire cesser le mal. Qu’Allah nous aide à prendre nos responsabilités.
Je réfléchis d’abord !
Bonne suite de ramadan à tous.
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