Moussa Nikièma: A « 82 ans », fabricant de briques le jour et gardien la nuit
Il se peut que vous vous posiez déjà cette question : « A cet âge, comment fait-il ? » Ou celle-ci : « A quel moment se repose-t-il ? ». Légitime. Nous avons également posé ces mêmes questions à Moussa Nikièma et sa réponse reste métaphysique : « ya wendé ». Traduit du mooré au français, cela donne simplement : « c’est Dieu ».
Moussa Nikièma a passé les 50 premières années de sa vie à Samandin, un quartier du côté Sud de Ouagadougou avant de rejoindre Sandogo, un autre quartier situé à l’Ouest de la ville où il a connu sa femme qui lui donnera 2 enfants avant de rendre l’âme « l’année passée ». A Samandin, Moussa était « tablier », mais à son arrivée à Sandogo, il s’est reconverti dans la fabrication et la vente de briques en banco.
C’est lors d’un enterrement au cimetière de Sandogo le 20 juin 2017 que nous avons aperçu Moussa Nikièma. Courbé, machette dans la main droite, la gauche retournant une brique, il taillait les rectangles de terre un à un pour leur donner une plus belle forme. L’homme, 82 ans selon ses dires, a une morphologie qui ne reflète pas son âge, n’eût été ses cheveux et sa barbe assaillis par la grisaille de l’écoulement des années. Les muscles bien dessinés, l’impression qui se dégage, c’est qu’il ne fait pas son âge.
A en croire Moussa Nikièma, il se coltine et depuis plusieurs années, deux métiers. Un le jour et qui consiste à fabriquer des briques en banco qu’il revendra à moins de 50F CFA l’unité et pour le second, il officie en qualité de veilleur de nuit, autrement dit gardien. En compagnie d’autres « vieux », Moussa Nikièma creuse l’argile à Sandogo, une crevasse de près de 4 mètres de profondeur, pour y extraire des briques qu’il revend. Et cette activité, il l’exerce depuis 11 ans.
Les occupants de la crevasse ont déjà reçu la visite du personnel de la mairie dont relève Sandogo, venus les dissuader d’y travailler au vu des risques d’éboulement. Mais la raison des « vieux » a pris le dessus. « Si nous laissons ce travail, qu’allons-nous faire d’autre à notre âge ? Le gardiennage seul ne suffit pas pour entretenir une famille et nous ne voulons pas voler », a rétorqué le vieux Nikièma.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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