Situation nationale : Le diagnostic morose de la Coalition Ditanyè
Ceci est une déclaration de la Coalition Ditanyè sur la situation nationale.
Les 30 et 31 octobre prochains, le peuple burkinabè commémorera l’an trois de son héroïsme et de sa bravoure ayant conduit à la l’unique insurrection populaire de l’Afrique noire subsaharienne de ces vingt (20) dernières années. La coalition Ditanyè, fidèle à sa mission de défense et de renforcement des acquis de cet évènement historique, saisit cette occasion pour rendre un vibrant hommage au courage et à la mémoire de tous nos compatriotes, devenus victimes par la volonté d’hommes et de femmes cupides mus par l’intérêt personnel au détriment de l’intérêt général.
DE LA JUSTICE
L’institution judiciaire de notre pays fait face à des attentes populaires légitimes depuis des lustres. S’il est illusoire que nous attendions d’elle monts et merveilles, il reste vrai que nous exigeons d’elle le service MINIMUM que tout peuple est en droit d’espérer de la part d’une institution dite « judiciaire ».
Faut-il le rappeler, cette institution ne s’est jamais illustrée de façon positive quant aux nombreuses interpellations objectives sur les besoins de vérité et justice de notre peuple méprisé et déshumanisé au gré des crimes de sang et des crimes économiques hérités des pouvoirs exécutifs depuis la fin tragique de la révolution d’aout 1983. Bien au contraire, elle a été régulièrement au rendez-vous de l’injustice, très souvent sur immixtion des gouvernants en complicité avec des juges iniques. Le dossier Norbert Zongo, autrefois classé par la justice burkinabè, est l’exemple illustratif de ce visage amoral de notre appareil judiciaire dont le dur labeur de quelques magistrats dignes, honnêtes et consciencieux (que nous félicitons et encourageons au passage) est noyé dans les basses manœuvres d’une majorité de magistrats cupides et affairistes.
Après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, la lutte de notre peuple a permis à ce troisième pouvoir d’accéder à une indépendance institutionnelle véritable. Mieux, les juges font aujourd’hui partie des corps de fonctionnaires du public les mieux rétribués. Fort de ces acquis, le contribuable burkinabè espérait légitimement, à travers ces réformes en faveur de l’indépendance du juge, que ce dernier ferait l’effort d’inscrire désormais ses actions dans la logique des aspirations de vérité et de justice sur tous les crimes de sang et économiques depuis l’assassinat de SANKARA.
Hélas, la justice burkinabè continue d’être une des institutions qui tire la marche de notre peuple vers l’arrière en couvrant les bourreaux de celui-ci. Rappelons ici qu’un juge s’est rarement autosaisi en dépit des scandales révélés ça et là par la presse. C’est le lieu pour nous d’exiger la radiation pure et simple des juges corrompus épinglés par l’enquête du Conseil Supérieur de la Magistrature. Aucun arrangement, encore moins ce fameux impérium que des juges souhaiteraient se donner pour ne pas avoir à rendre des comptes à notre peuple, ne peut et ne doit objectivement être acceptable. D’ailleurs, à ce propos, ce pourrait être la présence de ces magistrats véreux dans l’appareil judiciaire qui explique l’immixtion d’exécutif dans le pouvoir judiciaire. A titre d’exemple, nous pouvons citer la falsification de la décision judiciaire à la cour de cassation en 2016 dans l’affaire des mandats d’arrêt contre SORO.
C’est parce que notre justice héberge en son sein des juges indignes, qu’elle a procédé à ces libérations dites provisoires des bourreaux de notre peuple, et cela avec la complicité passive voire active du pouvoir actuel prompt à faire la promotion de putschistes (exemple nominations du Général ZAGRE, du Colonel MONE, Colonel COULYBALI…). Cette attitude vient en réalité confirmer, comme nous l’avons déjà exprimé dans les déclarations en 2016, la TRAHISON des aspirations populaires de vérité et de justice par les dirigeants actuels qui ont créé consciemment ou inconsciemment le terreau fertile à la tentative de restauration de l’ancien régime, en faveur de laquelle les bourreaux de notre peuple se sont lancés depuis l’avènement de leurs amis du MPP au pouvoir. Mais notre peuple en lutte n’est pas dupe, il saura se débarrasser au moment venu de tous ces marchands d’illusions et démagogues que constituent dans leur grande majorité la classe politique actuelle.
Au demeurant, comment un juge peut-il consciemment libérer Djibril BASSOLE qui a voulu instaurer, en intelligence avec des forces terroristes extérieures, le chaos dans notre pays ? Comment peut-on libérer des complices de terroristes dans un contexte où notre pays a été l’objet d’attaques terroristes ? Cette attitude inadmissible et inexplicable démontre l’insouciance de certains juges burkinabè et ceux qui les manipulent, quant à la paix et à la sécurité de ce pays enclin aux feuilletons politiques aux rebondissements historiques. Nous n’accepterons pas cela, c’est pourquoi nous exigeons le retour de Djibril BASSOLE en prison afin que celui-ci ne puisse se soustraire à la justice comme il l’envisage selon toute vraisemblance, sous le prétexte d’un besoin de soins médicaux à l’extérieur.
Certes, il est vrai que la justice doit pouvoir prendre son temps pour dire le droit, cependant, on ne peut pas comprendre que, plus de deux ans après le putsch et près de trois ans après l’insurrection populaire, ces dossiers n’aient pas encore été jugés. C’est dans ce contexte de forte attente de vérité et de justice qu’au lieu de renforcer le personnel en charge des dits dossiers pour accélérer leur instruction, le président du Faso, avait procédé en 2016 à la levée, de façon maladroite, des deux juges civils qui se seraient rendu coupables d’indocilité, à en croire le ministre de la justice. A quel projet funeste répondait ce décret de levée de ces deux juges, si ce n’était pour « mouta mouta » les dossiers judiciaires putsch, de l’insurrection … ?
En rappel, la coalition Ditanyè n’a cessé d’interpeller l’opinion publique sur ces multiples remises en causes des acquis de l’insurrection par le pouvoir du président Roch KABORE. Nous n’avons cessé d’interpeller le pouvoir qui s’est volontairement écarté des sillons tracés par la transition, malgré ses limites objectives, pour la renaissance morale et matérielle de notre pays. Hélas !!!
DES QUESTIONS SOCIALES,
Les élèves et étudiants de notre pays ont repris le chemin des classes. Cette période a été toujours un casse-tête pour les parents d’élèves dont le pouvoir d’achat est quasi-inexistant. Nombreux sont les enfants du peuple qui n’auront pas accès à l’école par la faute de ceux qui dirigent ce pays depuis le 15 octobre 1987. Cette classe politique n’a jamais eu de vraie vision, encore moins trouvé une voie pour le progrès de notre pays comme l’avait si bien entamé SANKARA. A contrario, le régime de Blaise Compaoré animé principalement par les bonzes du pouvoir actuel, a entrepris le pillage systématique des ressources. Celles-ci, qui devaient servir à construire et équiper des écoles, des centres de santé, des universités, des équipements agricoles, se sont retrouvées dans des comptes bancaires de dirigeants et leurs hommes de main affairistes aussi bien civils que militaires. C’est cette prédation économique jamais égalée qui explique le fait que les enfants du peuple, dans leur majorité n’ont pas accès à l’école, à la santé, à l’emploi, au logement, à la terre…
Trois années après l’espoir suscité par l’insurrection, aucune réponse minimale sérieuse n’a été apportée aux problèmes du système éducatif qui agonise depuis l’époque Compaoré et ses équipiers. Les coûts de scolarisation grimpent d’années en années. Les cahiers de charges fixant les normes de qualité restent incontrôlés. L’Etat ne construit presque plus d’écoles publiques dans les agglomérations comme Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Les universités publiques ont un visage peu reluisant : les étudiants sont abandonnés à la clochardisation, on ne connait plus la date de la rentrée universitaire. La gouvernance des universités publiques, marquée par la confusion entre activités de rentes privées de certains enseignants, est un échec. Les réformes agraires se succèdent sans inclure les paysans eux même. Les autorités publiques sont plus préoccupées par des élections de 2020 que l’amélioration du système éducatif et le soutien aux initiatives locales en vue de l’émergence de l’HOMME nouveau burkinabè.
Avec l’insurrection populaire, un nouvel espoir devrait se dégager pour la réalisation des besoins fondamentaux (alimentation, scolarisation, santé, emploi…) des enfants du peuple, mais la classe politique alignée dans la compétition électorale a proposé en lieu et place un vide programmatique dans tous les secteurs de développement.
Au plan socio-économique, le PNDES et ses milliards annoncés en fanfare n’est qu’un projet de dupes pour entretenir le peuple dans un espoir qui ne se transformera jamais comme nous l’avions signalé en son temps. Dans cette même logique, la loi PPP votée par le gouvernement n’est rien d’autre qu’une stratégie pour légaliser le pillage des ressources de notre peuple.
Notre coalition, invite notre peuple à demeurer alerte, à se départir des tentatives de diversions habituelles pour nous éloigner de nos priorités, et à rester vigilant et mobilisé pour le combat. Le combat pour la vérité, la justice sociale, la renaissance morale et matérielle de notre pays par l’avènement d’une classe politique patriotique, intègre et progressiste.
Vérité et justice pour les martyrs,
Vérité et justice pour toutes les victimes de la IV république,
Mobilisation et Lutte véritable,
Nan Lara, An Sara !!!
Pour la Coalition Ditanyè,
Les Organisation membres : Le Balai Citoyen, Le Cadre 2heures pour nous, 2heures pour Kamita, La Ligue des Panafricanistes, La Génération Joseph Ki Zerbo, La Génération Cheik Anta Diop, Le Mouvement des Sans Voix (MSV), Le REPERE
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