Les Burkinabè objet d’une « prise d’otage », selon le CDP France
Ceci est une déclaration de la section France du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) sur la situation nationale.
La transition en appliquant une politique d’exclusion malgré les injonctions de la communauté internationale et la décision de la CEDEAO, a de fait orienté les élections et favorisé le recyclage politique des « dineurs » toutes choses ayant concourues à la transmission du pouvoir au MPP. L’apartheid électoral ainsi prôné et appliqué par la transition avec en prime la révocation des maires légitimement élus et le gel des comptes de campagne de l’ancienne majorité a favorisé la radicalisation des positions et le délitement du climat social. La cohésion nationale étant le principal facteur de stabilité et de développement, il est indispensable que nous traitions sans passion et avec lucidité la problématique de la réconciliation nationale.
La désobéissance civile organisée d’octobre 2014 lors des évènements, a eu pour corolaire direct la montée de l’incivisme qui atteint désormais son paroxysme d’autant plus que l’Etat n’y oppose aucune fermeté.
Nul n’est sans ignorer que la condition sine qua non pour un Etat fort, c’est la crédibilité de ses dirigeants. Il va s’en dire que la configuration actuelle du pouvoir fait elle-même le lit de l’incivisme d’autant plus qu’il est désavoué de l’opinion publique moins de deux ans après la forfaiture électorale ayant favorisée son recyclage politique. En effet, on ne trouvera pas de solution en cherchant dans les problèmes.
Ceux qui ont défendu bec et ongles la modification de l’article 37, sont ceux là même qui se sont mués en alternative messianique pour le peuple. Par ailleurs, l’apologie de violences policières et l’encouragement de milices armées témoignent de la faillite de l’Etat de droit.
Force est de constater aujourd’hui le désenchantement et la désillusion du peuple face au dilettantisme et à la gestion hasardeuse du pouvoir d’Etat. La révélation des ristournes financières illicites au sein du Ministère des Infrastructures constitue une énième preuve d’un pillage organisé des ressources du pays au mépris de la précarité croissante au sein des populations. L’attitude attentiste adoptée par l’autorité judicaire devant ces faits avérés de corruption remet en cause le principe d’équité de la justice, et la séparation des pouvoirs qui sont le socle de toute démocratie.
Les manœuvres démagogiques visant à instiller dans l’opinion publique que le PPP Partenariat Public Privé (PPP) est une innovation économique, relèvent purement du populisme et de l’arnaque politico-politicienne. En effet la loi N°020-2013 de la précédente législature sous Blaise COMPAORE portait déjà en l’occurrence sur ce type de partenariat et consacrait en son article 16 l’appel d’offre comme mode de sélection du partenaire privé en dehors des exceptions faites à son article 24.
Le fait nouveau qui a légitimement suscité la polémique est la loi votée sous l’actuelle législature qui contourne les règles élémentaires de transparence en matière de gestion des finances publiques en favorisant le recours à l’entente direct « gré à gré », une autre forme de « mouta mouta ». La légèreté de l’argument selon lequel il s’agirait d’une mesure d’accélération des passations de marché et de réalisation du PNDES nous conforte dans l’idée qu’il s’agit ni plus ni moins qu’une légalisation de la corruption, du clientélisme et du pillage des ressources.
D’Etat stable avec une croissance continue, notre pays se retrouve dans une situation économique léthargique, favorisée par une insécurité croissante. Les attaques terroristes répétées ces dernières années fragilisent notre tissu économique par la fuite des investisseurs étrangers.
C’est pourquoi la question sécuritaire devra être traitée en priorité. Autrement dit, dans ce contexte, le PNDES tant adulé serait illusoire parce qu’aucun investisseur ne s’aventure dans un climat sécuritaire incertain. Au-delà même du développement économique c’est la vie de nos concitoyens qui est en jeu et il est impensable de poursuivre dans le rituel des discours de condamnation sans les accompagner de mesures fortes.
La politique doit être empreinte d’une vision et il est temps d’établir les priorités. La sécurité est un préalable au développement économique. D’aucuns diront que le terrorisme n’est pas propre au Burkina, mais force est de reconnaitre que c’est un phénomène nouveau pour le Burkina. Attendons que le mal s’enracine et il sera difficile de le déloger. L’Irak et la Syrie en font encore la douloureuse expérience.
La situation économique est aujourd’hui désastreuse, avec une baisse du pouvoir d’achat des populations, majorée par l’inflation des denrées alimentaires. N’en déplaise aux barons du « nouveau ancien régime », il faut reconnaitre que la multiplication des emprunts financiers obligataires du trésor publique témoigne de la déliquescence de l’économie Burkinabé et de l’incapacité du pouvoir actuel à honorer ses promesses de campagnes qui tombent sous le sceau de la démagogie pur et simple et de l’arnaque politique.
Pire encore, la récurrence des incidents diplomatiques compromet gravement les possibilités d’investissements provenant de l’étranger. La sortie du Président du Faso sur la chaîne Al Jazeera au Qatar évoquant le départ du Président COMPAORE, avec à la clef une leçon de démocratie était simplement inopportune. Comment peut-on donner des leçons de démocratie sur la chaine d’un Etat monarchique alors même que l’on s’y trouve pour lever des fonds ?
Pour preuve, les occidentaux n’évoquent pas des questions démocratiques avec les Etats du Moyen Orient. Ils s’emploient plutôt sur un plan diplomatique à consolider leur partenariat économique, afin d’attirer des investisseurs Qatari, d’exporter leurs produits et leur savoir faire, toutes initiatives leur permettant d’accroitre leur potentiel financier.
La crédibilité du Burkina Faso sur la scène internationale est mise en rude épreuve par la série de cabales politico-judiciaires orchestrée pour les intérêts cupides d’un pouvoir voulant se soustraire lui-même des frasques de son passé. Or, peu importe la durée de la nuit, le jour finit par se lever. On se souvient de la loi d’exclusion condamné par la cour de justice de la CEDEAO, du montage grotesque du dossier judiciaire contre l’ancien gouvernement du Président Blaise COMPAORE déclaré inconstitutionnel et du cas Djibril BASSOLE pour lequel le gouvernement à reçu des injonctions de l’ONU. Cet acharnement politico-judiciaire sélectif ne fait qu’accentuer le clivage au sein de la société avec tous les risques de dérives qu’ont connus d’autres peuples. S’il est vrai que nul est au dessus de la loi, une justice authentique se veut équitable à l’endroit de tout ses justiciables. Les malversations financières et la corruption étant punissable par la loi, il est impératif que l’Etat soit regardant sur les révélations faites dont la dernière en date concerne des ristournes illégalement versées au Ministère de l’Infrastructure.
Dans un contexte de paupérisation croissante, d’insécurité notoire et de corruption grandissante il est plus que jamais primordial d’établir les priorités afin de renouer avec un Burkina prospère. Faut-il imposer une nouvelle constitution à coût de milliards pour assouvir les fantasmes politiques d’une minorité alors que l’Etat n’est pas à même d’assurer les besoins primaires de nos populations ?
Faut-il s’atteler à interpeller des citoyens pour leurs opinions politiques quand nous n’arrivons pas à organiser les missions régaliennes de l’Etat ? Nous devons impérativement recentrer nos énergies et ressources pour être en adéquation avec notre peuple qui aspire à un progrès démocratique, et un minimum social, faute de quoi la stabilité pourrait être mise à rude épreuve tant la grogne sociale est manifeste.
En tout état de cause notre peuple fait l’objet d’une prise d’otage par un pouvoir dont le paradoxe est de vouloir se soustraire de la gouvernance des trois dernières décennies.
La seule véritable issue consiste à planifier une alternance démocratique crédible en faisant abstraction de notre cupidité et de nos discours partisans. A ce propos, toutes les composantes sociodémographiques devront jouer toute leur partition pour l’émergence d’un leadership qui permette au Burkina de renouer avec la stabilité et la croissance car nous n’aurons pas d’avenir dans un pays qui n’en a point. Les hommes passent mais l’histoire demeure.
Paris, le 30 Octobre 2017
SECTION CDP France
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