Procès du putsch : Un Burkinabè écrit à Guillaume Soro
Ceci est une lettre ouverte de Laurent Savadogo au président de l’Assemblée nationale ivoirienne, en rapport avec le procès du coup d’Etat manqué de 2015.
Excellence Monsieur Soro Kigbafori Guillaume,
Le 19 septembre 2015, le peuple burkinabè a subi les mains nues les affres d’un coup d’Etat manqué conduit par le général Gilbert Diendéré. Cette tentative violente d’atteinte à la démocratie burkinabè a engendré 19 morts et plus d’une centaine de blessés.
Au lendemain de ce putsch manqué des enregistrements sonores ont circulé sur les réseaux sociaux mettant à nu votre participation et celle du Général Djibrill Bassolé à ce funeste projet. Les propos enregistrés sur cette bande sonore étaient suffisamment graves à telle enseigne que la justice militaire avait procédé à votre inculpation dans le dossier du coup d’Etat manqué du 19 septembre 2015.
Un mandat d’arrêt international avait à cet effet été lancé contre vous afin que vous puissiez venir répondre aux faits qui vous sont reprochés. Contre toute attente, le mandat fut levé dans une gymnastique incompréhensible. Et le relais fut passé à la justice ivoirienne afin que la vérité soit dite sur votre probable implication au projet de coup d’Etat manqué. Malheureusement jusqu’à ce jour, un silence total est fait autour du dossier en Côte d’Ivoire. Comme quoi le dossier a été enterré car géré diplomatiquement.
Excellence,
J’ai procédé à ce bref historique afin de vous rappeler que le peuple burkinabè demeure toujours sur sa soif relative à votre implication ou non sur le projet du putsch de septembre 2015. Cependant, il est constaté que sur la base de ce même enregistrement téléphonique, le général Djibrill Bassolé est maintenu en prison depuis plus de deux ans. Il y a comme du deux poids deux mesures dans cette situation.
Je vous sais très engagé pour la recherche de la vérité, l’équité et de la justice avec le combat que vous avez mené tout le long de votre parcours. J’aurais souhaité que vous restiez fidèle à vos convictions en vous mettant à la disposition de la justice militaire du Burkina Faso. Et cela dans une logique de vous blanchir de tout soupçon et de matérialiser votre innocence comme vous l’avez toujours clamé.
Excellence Soro Kigbafori Guillaume,
Le procès ouvert sur le putsch manqué devrait être pour vous une aubaine saisie pour faire éclore la vérité afin de situer l’opinion nationale et internationale de votre non implication dans ce projet funeste.
C’est donc un citoyen épris de justice qui vous adresse cette lettre ouverte, non pas pour susciter la polémique inutile, mais pour exprimer sa volonté de voir la vérité totalement découler du procès en cours.
Dans l’espoir que cette lettre vous parviendra, Excellence, veuillez agréer l’expression de ma considération distinguée.
Burkina Faso, le 03 Avril 2018
Laurent Savadogo
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Bel appel. Mais Soro n’est pas fou pour oser; puisque dans sa culpabilité il ne trouvera pas les mots et le calme convaincants. Il fait du tort à Bassolé. Et il est en train de penser une méthode diplomatique pour enterrer le dossier et sortir Bassolé silencieusement. Silence coupable.