L’opposition considère que le Burkina est désormais dirigé par un « Président-candidat »
Le Cadre de concertation du Chef de file de l’Opposition politique (CC-CFOP) dit avoir tenu une réunion le 26 juin 2018 sur la situation nationale. Dans cet extrait du compte rendu qui en a été fait, le CFOP se prononce sur certains sujets de l’actualité nationale.
Au chapitre de la situation nationale, les participants ont échangé sur la grave crise sociale que vit actuellement notre pays, et sur sa gestion chaotique par le pouvoir du MPP. Comme tous les Burkinabè, l’Opposition attendait avec un certain intérêt l’adresse à la Nation du Chef de l’Etat.
Au résultat, ce fut une grande déception de noter que cette sortie médiatique du Président du Faso n’était rien d’autre qu’une déclaration de candidature. Il est déplorable de noter que, dans le contexte actuel marqué par la morosité de l’économie, une crise sécuritaire sans précédent et un front social en ébullition, la seule chose qui préoccupe M. Roch Marc Christian KABORE, c’est son prochain mandat. Sans égard aucun pour les multiples victimes de son régime incompétent, M. KABORE ne trouve rien de nouveau, ni de réconfortant à dire aux Burkinabè, que d’annoncer sa candidature pour l’élection présidentielle de 2020.
Pour l’Opposition politique, cette annonce est un non-événement puisque en tant que parti politique, le MPP s’est constitué pour la conquête et la gestion du pouvoir d’Etat. Il est donc normal qu’il soit présent à tous les rendez-vous électoraux. Ce qui choque, c’est le timing de cette annonce, car il indique que le Président KABORE ne se soucie pas des Burkinabè, mais de son propre confort politique.
Dans tous les cas, l’Opposition politique considère désormais que le Burkina Faso n’est pas dirigé par un Président au-dessus de la mêlée, mais par un Président-candidat qui a lancé sa campagne électorale. L’Opposition politique le traitera désormais comme tel!
De cette interview, l’Opposition note aussi l’appel au dialogue lancé par le Président-candidat aux syndicats du Ministère de l’économie, des finances et du développement (MINEFID). Pour l’Opposition, c’est par là qu’il aurait dû commencer, au lieu de laisser ses sbires créer des syndicats fantoches et opposer les fonctionnaires au reste du peuple. C’est le lieu pour l’Opposition de saluer la bonne foi des syndicats du MINEFID qui ont accepté de suspendre leur mot d’ordre de grève pour donner une chance à la concertation.
L’Opposition remarque au passage que dans ses propos, comme dans son invite à un nouveau dialogue, le Président-candidat se retrouve lui-même à désavouer la fameuse conférence sur les salaires qu’il a organisée, et dont les membres ont été malicieusement sélectionnés par le MPP pour entériner facilement les décisions qu’il n’a pas le courage d’endosser. En effet, il a déclaré lors de l’interview qu’il ne revenait pas à la conférence de proposer la suppression de certaines institutions. Dans la même logique, revenait-il à la même conférence de statuer sur les salaires des fonctionnaires ? Sur quelle base juridique ?
C’est pour cela que l’Opposition insiste pour redire que cette conférence n’était rien d’autre qu’une entourloupe politique. La question du niveau de traitement des fonctionnaires se règle d’abord entre l’Etat/employeur et les fonctionnaires/employés. Elle n’est pas du ressort de « forces vives » sans légitimité aucune et sélectionnées par le MPP, qui n’étaient pas présentes quand l’Etat signait les contrats d’embauche de ses travailleurs.
Dans la gestion globale de cette crise, le pouvoir du MPP a montré un état d’esprit et une manière de faire qui posent un grave problème pour notre vivre ensemble et pour la stabilité de notre pays.
D’abord, il a délibérément politisé la question des revendications syndicales, en présentant les mouvements sociaux comme une tentative de renversement de son régime par des officines clandestines. Il a ameuté ses partisans, en faisant appel à des instincts condamnables, pour qu’ils se mobilisent et le soutiennent.
Ensuite, il a tenté d’instrumentaliser les catégories sociales du monde rural et des secteurs non étatiques, pour les opposer aux fonctionnaires, en présentant ces derniers comme des privilégiés qui accaparent toute les richesses du pays au détriment des autres. On a vu ainsi fleurir des soi-disant associations de commerçants, instrumentalisées par le MPP, qui appelait même au lynchage des agents de l’Etat. Ceux-ci faisaient écho au verbiage haineux distillé sur les réseaux sociaux par la horde d’internautes à la solde du pouvoir, pour réagir à toute publication critique envers le régime
Enfin, il a instruit ses militants au sein de l’administration, de jouer aux briseurs de grève, y compris par la création de nouveaux syndicats à sa solde.
C’est la marque de fabrique d’un régime aux abois. Or l’expérience montre qu’un tel régime finit par voir des complots partout et n’hésite pas à verser dans la violence pour conserver son pouvoir.
Déjà, il y a lieu de s’inquiéter sérieusement pour les libertés démocratiques dans notre pays. Récemment, un projet de loi était en gestation pour restreindre le droit de grève. Ensuite, on a assisté à une gymnastique juridique visant à interdire les sit-in. Les travailleurs grévistes du MINEFID ont été délogés à plusieurs reprises par les forces de l’ordre. Les prétextes d’arrestation de citoyens se multiplient et se fabriquent autour de la notion de « complot contre la sûreté de l’Etat », etc.
Pour l’Opposition, un Président se doit d’être le garant de l’unité nationale de son pays. Il ne doit donc pas semer des graines de division et de violence au sein de son peuple. Il ne doit pas non plus opposer une partie de son peuple à une autre.
Il y a là une dérive qui fait courir à notre pays un grave danger, car elle peut, si nous n’y prenons garde, nous conduire sur le chemin d’une guerre civile. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter les commentaires qui circulent dans les villes et les campagnes.
Que faire ?
La question est suffisamment préoccupante pour que tous les démocrates de notre pays se sentent interpellés, et se donnent la main, par-delà leurs différences et divergences.
Fer de lance de la lutte de notre peuple, l’Opposition politique regroupée au sein du CFOP, ne laissera jamais notre pays aller à la dérive.
Elle engagera très rapidement la nécessaire concertation des forces démocratiques qui s’impose maintenant plus que jamais, pour définir avec toutes les forces sociales qui le souhaiteraient, les formes de lutte les plus appropriées, afin de contraindre nos gouvernants à revenir sur le droit chemin.
Toujours au titre de la situation nationale, les participants à la rencontre ont tenu une fois de plus à dénoncer l’arrestation, puis le déferrement du blogueur Naïm TOURE. Pour l’Opposition, cette arrestation est un prétexte car il faut être paranoïaque pour penser qu’un simple blogueur puisse, par une publication sur une page facebook, entrainer nos FDS dans une attitude de révolte contre l’autorité.
Au titre des informations, le Chef de file de l’Opposition a fait cas à l’assemblée de l’invitation qui a été faite à l’Opposition, de prendre part au forum national de la diaspora qui aura lieu le 11 juillet prochain. Avocate intransigeante de la participation de notre diaspora à la vie nationale, et fortement reconnaissante de ce que cette diaspora apporte au développement de notre pays, l’Opposition prendra part à cette importante rencontre.
Les partisans à la réunion ont également été informés de la tenue du 2ème Congrès ordinaire de l’UPC qui aura lieu au Palais des sports de Ouaga 2000 du 20 au 22 juillet 2018. Ce congrès, qui réunira environ 5000 délégués venus de toutes les provinces du Burkina et de la diaspora, sera placé sous le thème : « UPC : stratégies pour une victoire éclatante en 2020 synonyme de paix, d’unité nationale, de sécurité et de prospérité ».
Débutée à 18 heures, la réunion a pris fin à 21 heures 30 minutes, après l’examen de quelques points de divers.
Ouagadougou, le 27 juin 2018
Le service de communication du Chef de file de l’Opposition
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