Rambo : « Si vous me dites d’arrêter le Président du tribunal, je le ferai »
A la barre, l’adjudant-chef Nebié Moussa dit Rambo a fait sensation dans la salle, le vendredi 6 juillet 2018. L’accusé a, sans ambages, reconnu un seul grief à lui rapproché. « Je reconnais une seule charge : l’arrestation du Président Kafando », a-t-il lancé. A l’évocation de son nom, nombreux sont les journalistes et l’assistance qui se délectaient déjà des « révélations » qu’il pourrait faire surtout sur le pourquoi de son surnom Rambo. Tout ce qu’on l’on saura, il aurait choisi lui-même ce surnom dans les années « 82 – 83 », lorsque le film éponyme était en vogue.
L’adjudant-chef Nebié Moussa dit Rambo, vêtu en tenue civile dont un jean blanc, avait du mal à rester debout, la faute à « des problèmes de nerfs » sur explication de son avocate, Me Solange Zéba. Le président du tribunal autorise par conséquent l’accusé à avoir à ses côtés, une chaise pour s’asseoir de temps en temps.
Lors de son interrogatoire, l’adjudant-chef Rambo a reconnu avoir procédé à l’arrestation du Président de la Transition, Michel Kafando, sur ordre du Major Badiel Eloi, son supérieur hiérarchique au sein de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP). « Je suis convaincu dans mon fort intérieur que je ne devais pas le brutaliser (Michel Kafando, ndlr). Il ne devait pas y avoir coup de feu ». En accomplissant « ma mission », poursuit Rambo, « j’ai eu des sentiments de peur, de courage et de fierté ».
« Est-ce une fierté d’avoir arrêté le président ? »
Le parquet dans son développent estime que l’accusé, en procédant à l’arrestation de Michel Kafando, aurait exécuté « un ordre manifestement illégal » car n’étant pas dans le cadre de « l’intérêt du service. Votre rôle, poursuit le Parquet, était de défendre le Président et non l’arrêter ». « J’ai reçu un ordre », répond Rambo qui, du haut de ses « 30 ans de service (militaire) », dit-il, c’est la première fois pour lui d’entendre qu’un ordre pouvait être illégal. « Un ordre doit être exécuté. Un ordre donné est un ordre donné », soutient l’accusé.
Revenant sur les mots de l’accusé qui exprimait sa « fierté » en accomplissant sa mission, le Parquet insiste : « est-ce une fierté d’avoir arrêté le président ? ». « Oui ! », répond l’accusé qui, plus loin, précisera que sa « fierté » réside dans le fait d’avoir exécuté la mission sans effusion de sang et sans brutaliser le Président de la Transition Michel Kafando. Selon l’accusé, de ce qu’il a appris, l’ordre s’exécute sans murmurer. « Je ne regrette pas d’avoir exécuté l’ordre d’un supérieur. Si je le fais, je pense que personne ne va me respecter », adjoint l’accusé.
Pour appuyer son argument, Rambo prend cet exemple : « Si vous, qui êtes mon supérieur, parlant du Procureur militaire, vous me dites d’arrêter le Président du tribunal, je le ferai parce que vous êtes mon supérieur ». Stupéfaction dans la salle ! Les murmures, les rires moqueurs et l’étonnement s’entremêlent. Sur ces entrefaites, le président du tribunal suspend la séance pour une concertation entre l’avocate et son client. « Mais nous n’en n’avons pas fait la demande », rétorque Me Solange Zéba. Mais … silence du côté des juges. C’est la pause pour 20 minutes !
« Nos sincères excuses… »
Au retour, dare-dare, l’accusé et son avocate se fondent en excuse. Rambo reconnait que l’exemple est osé, mais dit-il, ce qu’il a trouvé à dire pour exprimer la valeur d’un ordre militaire. « C’est tout simplement un exemple pour dire que si le Procureur militaire me donnait un ordre, j’ai le devoir de l’exécuter », explique Rambo. « Nos sincères excuses s’il (l’accusé) a tenu des propos qui ont offensé le tribunal », ajoute Me Zéba.
A la reprise, le débat s’est encore et encore appesanti sur la notion « d’ordre manifestement illégal ». Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, prend alors un exemple ‘’extrême’’ pour mieux confondre l’accusé Rambo. « Si votre supérieur vous amène devant ma porte et vous dit de tirer sur moi, ma femme et mes enfants, allez-vous le faire ? ». Silence du côté de l’accusé. Mais après moult débats, l’accusé dira plus tard que « tirer (sur des gens) et (les) arrêter, c’est différent ».
Depuis le début du procès du coup d’Etat de septembre 2015, plusieurs accusés ont prêté des intentions de déstabilisation et d’assassinat de personnalités militaires et politiques au Premier ministre sous la Transition, Isaac Zida. L’adjudant-chef Nebié Moussa dit Rambo a enfoncé le clou le vendredi 6 juillet devant les juges militaires en affirmant que « le juge d’instruction Yaméogo » lui aurait confié en interrogatoire « qu’ils ont essayé d’ouvrir une enquête, mais (Isaac) Zida a dit de ne pas ouvrir ».
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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