Procès du putsch : « Nous étions sur la piste de mercenaires » (Sergent-chef Roger Koussoubé)
Dans la journée du 11 juillet 2018, le sergent-chef Roger Koussoubé a encore fait des révélations et maintenu ses propos selon lesquels il y avait trois camps au sein de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Celui resté fidèle au corps, celui proche de l’ancien Premier ministre Isaac Zida et celui proche du général Djibrill Bassolé, ministre des affaires étrangères sous Blaise Compaoré. Pour l’une des révélations de la journée, le sergent-chef a indiqué qu’un coup d’Etat a été déjoué courant juillet 2015.
A la reprise de l’audience, le sergent-chef Roger Koussoubé a été cuisiné par les avocats de Djibrill Bassolé, accusé dans le procès du Coup d’Etat, qui voulaient le confondre sur son affirmation selon laquelle Djibrill Bassolé avait des hommes fidèles au sein de l’ex RSP. Mais le sergent-chef Roger Koussoubé est resté sur ses positions. Et comme il fallait s’y attendre, le nom d’Isaac Zida est revenu largement lors de son audition.
Après avoir déclaré que « le général Bassolé ne s’est pas retrouvé (sur le banc des accusés) par hasard », nombreux étaient ceux qui attendaient plus de confessions. Ils seront servis mais à moitié. Selon le sergent-chef Roger Koussoubé, un coup d’Etat a été déjoué en juillet 2015. Des soldats et des sous-officiers dont le major Eloi Badiel et l’adjudant Jean Florent Nion, projetaient soit mettre fin à la Transition ou d’arrêter les ministres militaires du gouvernement lors d’une réunion. « Ils ne sont pas tombés d’accord », a indiqué l’accusé Koussoubé. Selon l’accusé, c’est le soldat Sami Dah qui a vite informé la garde d’Isaac Zida. « Même 5 minutes de retard et c’était fini », poursuit-il.
« Un RSP fort, un RSP puissant. C’est ce que Zida m’a dit »
Le sergent-chef Koussoubé qui ne se reconnait pas dans le surnom ‘’touareg’’, « ça m’a choqué », dit-il, a également fait part d’une conversation entre le Premier ministre de la Transition Isaac Zida et lui. Dans celle-ci « qui est sur YouTube », le sergent-chef Roger Koussoubé relate que l’ancien Premier ministre Zida lui demandait de travailler, après juin 2015, « discrètement » avec son commandant de corps, le capitaine Flavien Kaboré, pour « un RSP fort, un RSP puissant. C’est ce que Zida m’a dit ».
Depuis le début des « révélations » du sergent-chef Roger Koussoubé, le parquet affirme les prendre « avec réserve car nous pensons qu’il y a d’autres révélations que vous pouvez faire », commente l’un des Procureurs militaires (cinq au total, ndlr). Effectivement, l’accusé en a à redire : « je n’ai pas tout dit. Sinon j’en sais plus », convient-il. « Je suis un agent des renseignements (…) C’est seulement hier (mardi 9 juillet, ndlr) que certains dans la salle ont su que j’étais du renseignement », avait déclaré auparavant l’accusé qui précise que dans la salle d’audience, il y a des agents du renseignement qui prennent des notes.
Le sergent-chef Roger Koussoubé a alors évoqué les raisons qui l’empêchent de dire toute la vérité : « ma sécurité et la sécurité de ma famille ». « En disant certaines choses, poursuit-il, je mets ma famille en danger. Durant le procès, si on me rassure que ma femme et mes enfants seront en sécurité, je vais en dire plus ». Le parquet prend acte et rassure que ce sera fait. Là, le sergent-chef Roger Koussoubé commence à déballer :
« Nous étions sur la piste de mercenaires. Il y avait des mercenaires qui étaient logés à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. Il y a quelqu’un ici qui recueillait ces mercenaires et les logeait », lance le sergent-chef. « Je sais même comment ces personnes faisaient rentrer les armes. Mais je ne vais pas dire parce que d’autres peuvent utiliser les mêmes méthodes ». A ces mots, l’accusé fait une pause. L’un des procureurs militaires en demande plus, un autre fait signe de ne pas poursuivre.
« … il y a des agents capteurs et il y a la presse »
Plus tard au cours de l’audience, le procureur militaire Alioune Zanré indiquera que « quand les débats ont tendance à toucher la sécurité militaire, le huis-clos est possible (…) Nous ne sommes pas tous des Burkinabè dans cette salle, il y a des agents capteurs et il y a la presse », explique-t-il. En somme, le parquet militaire préconise de s’en tenir aux débats sur l’attentat à la sûreté de l’Etat. Mais pour la partie civile, le huis-clos peut être invoqué par le président du tribunal si cela peut conduire à la « vérité », soutient Me Guy Hervé Kam. « L’accusé se cache derrière des prétendus secrets défense », commente-t-il.
L’un des avocats du sergent-chef Koussoubé en l’occurrence Me Sandwidi, a sollicité que des mesures soient prises pour la sécurité de son client. « Au-delà d’être un accusé, il apparaît comme un témoin et même un témoin gênant », dit-il.
Souhait du parquet, les débats se sont concentrés sur les faits reprochés à l’accusé à la barre. Le sergent-chef Koussoubé a alors reconnu être allé à Savane FM « par curiosité ». Il nie avoir détruit du matériel dans cette radio privée. Sur son implication dans le fait d’attentat à la sûreté de l’Etat, l’accusé dit avoir su l’existence du « changement » après la lecture de la déclaration du CND à la télévision nationale. « Si le chef d’Etat-major général des armées (le général Pingrénoma Zagré, ndlr) était à l’aéroport avec le général (Diendéré), moi sergent-chef je vais aller où ? », questionne l’accusé.
La séance a été suspendue le 11 juillet 2018 peu avant 17h. Elle reprend le vendredi 13 juillet 2018 à 9h.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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