Inondations : « Si rien n’est fait, on va avoir ces épisodes plusieurs fois dans l’année »
Ouagadougou comme pour beaucoup d’autres villes au Burkina Faso connait des problèmes d’inondations à chaque forte averse. Le 26 juillet 2018, huit arrondissements dans la capitale burkinabè ont été submergés par les eaux. Fort heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été constatée. Pour cerner les problèmes d’inondations, Burkina 24 a touché Boris Salou, ingénieur civil, avec une expertise en gestion des eaux pluviales, le vendredi 27 juillet 2018. Il partage la responsabilité entre citoyens et gouvernement.
Les inondations constituent l’aspect le plus redouté de la saison pluvieuse à Ouagadougou. Le 26 juillet 2018, plusieurs quartiers de la ville en ont fait les frais. Boris Salou est « Burkinabè et Canadien ». Diplômé en gestion des eaux pluviales à l’Université Laval de Québec, il divise la poire en deux en termes de responsabilité quant à la survenance de ces événements.
« … asseoir les ingénieurs et les urbanistes sur la même table »
Le constat qui se dégage, selon Boris Salou, c’est qu’il existe des « problèmes de conception dans les ouvrages de drainage des eaux pluviales », le plus souvent dus à un « développement anarchique » et « étalé ». « Quand je quittais Ouagadougou en 2001, explique l’ingénieur civil, je ne suis pas loin du SIAO, la limite de la ville c’était quasiment là. 17 ans plus tard, il faut environ 10 ou 15 kilomètres en amont pour avoir les non-lotis ».
Cette extension rapide de la ville doit être également accompagnée d’infrastructures adéquates d’assainissement. Ce n’est toujours pas le cas vu qu’il est loisible de constater que les zones déjà urbanisées en manquent, soutient Boris Salou. « Le gouvernement n’est pas capable d’offrir les infrastructures qu’il faut au rythme de l’urbanisation », dit-il.
Partant, à l’endroit du gouvernement, Boris Salou recommande de faire des études par quartiers afin d’avoir des bilans de la gestion des eaux pluviales, d’assurer un contrôle rigoureux des travaux confiés aux entreprises et d’éviter d’urbaniser les zones inondables. Par ailleurs, il propose d’«asseoir les ingénieurs et les urbanistes sur la même table en cas de lotissement. Il faut que les deux ordres s’associent pour trouver des solutions pérennes pour les populations».
« Le drainage pluvial devrait être relevé sur le même ordre que le terrorisme. Si on essaie de voir le nombre de personnes qui décèdent par année suite aux inondations, probablement que c’est plus élevé que le nombre de personnes qui sont tuées à cause du terrorisme.
Il y a un certain travail qui doit être fait par les autorités pour essayer de contrôler ce phénomène qui va peut-être s’accentuer avec le changement climatique. Et si rien n’est fait, on va avoir ces épisodes plusieurs fois dans l’année ».
Concernant les populations, ce sont les premiers réflexes qui ont été sollicités. « Si tout citoyen évite de déverser ses eaux sales dans les caniveaux, évite de jeter ses ordures dans les caniveaux, de construire près des caniveaux », ceux-ci seront moins obstrués. Aussi, saluant les travaux d’assainissement tels les curages citoyens de caniveaux, Boris Salou propose que ce travail continue.
Selon l’ingénieur civil, si les efforts ne sont pas conjugués, « dans les prochaines années, si rien n’est fait, on aura de plus en plus des périodes d’inondations ». Car, poursuit-il, « l’eau est intelligente. Elle ne part que d’un point haut vers le point bas. C’est sûr que si on obstrue sa voie, elle prend un autre chemin. Une zone inondable peut ne pas exister, mais du fait des activités humaines, on pourrait en créer ».
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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