Putsch CND : « Le Colonel Bamba n’est pas du RSP »
Le Procès du putsch avorté de septembre 2015 suit son cours au Tribunal militaire délocalisé à la Salle des Banquets de Ouaga 2000. Il est connu que des accusés peuvent de temps en temps être félicités par le Parquet militaire ou les Parties civiles. Mais, ce 11 septembre 2018, un Officier de l’ex-RSP, après son récit, a créé un vif débat contradictoire au sein même des avocats de la Défense.
L’audience est reprise ce mardi 11 septembre 2018 avec toujours le Lieutenant Limon Kolamba Jacques à la barre. A écouter l’avocat de l’accusé, Maître Sombié, le Général Diendéré, au moment des faits, était l’homme le plus informé du Burkina. Il se demande alors quel autre renseignement son client pouvait lui fournir.
Le Parquet s’est contenté de revenir sur certains SMS incriminant le mis en cause : « Vous voyez, Oméga vient d’annoncer qu’un véhicule V8 a garé quelques instants vers leur siège avant de repartir » ; « Ils sont très dangereux » ; « Courage à vous » ; « Vous pouvez me faire confiance » ; « Je suis l’attitude des gens discrètement »… Le Lieutenant Limon a continué de balayer ces SMS du revers de la main.
A sa suite, c’est un autre Officier militaire qui a comparu devant le Tribunal. Le Lieutenant Gorgo Aliou Ghislain, 33 ans, aura marqué l’audience du jour. Poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, il a pour conseil le Cabinet de Maître Mamadou Ouattara et associés, représenté par Maître Orokia Ouattara.
« Le putsch a été fomenté par le général Diendéré et un groupe réfractaire dont… »
L’Officier d’intervention a reconnu l’entièreté du contenu des procès-verbaux. La cohérence et la constance de son récit lui ont valu des éloges émanant des Parties civiles. L’accusé informe que c’est après l’arrestation des autorités que le Général Diendéré a convoqué une première réunion vers 16h30 pour informer les Chefs militaires de la situation.
« Il s’est excusé de nous avoir pas prévenus bien avant. Qu’il est désolé, mais qu’on ne pouvait pas dire ces genres de choses à tout le monde. Quand il a fini de parler, la plupart des Officiers présents avaient la tête baissée. Il est ensuite allé au ministère de la défense pour informer la hiérarchie militaire », se souvient le Lieutenant Gorgo. Du 16 au 26 septembre 2015, ce Commandant d’unité dit être resté dans la caserne tout en dormant dans des lieux différents.
Il reconnaît également, sous les ordres du Commandant Aziz Korhogo, avoir envoyé des éléments notamment à la Place de la Nation pour empêcher tout rassemblement le 21 septembre et lors de l’arrivée du Président sénégalais, Macky Sall. « J’ai même été victime de menaces verbales lors du désarment. Selon mon entendement, le putsch a été fomenté par le général Diendéré et un groupe réfractaire dont le Soldat Boureima Zouré, le Sergent-Chef Koussoubé, Florent Nion, Moussa Nébié, Laoko Mohamed, Mahamadi Bouda, etc. », lance-t-il.
« Simplicité, humilité et constance »…
Répondant à une question du Parquet, le prévenu ajoute qu’il était « sceptique » face à ce coup de force. « D’abord, l’arrestation des autorités s’est faite à l’insu des Officiers militaires. Ensuite, les gens étaient en train de préparer le lancement de la campagne électorale », poursuit l’accusé qui est convaincu qu’un « Chef militaire ne peut jamais donner un ordre illégal ». A l’en croire, pendant le putsch, il aurait fait « enfermer » un soldat de 1re classe qui a pris un véhicule sans aucun ordre, embarquer d’autres éléments, et ils sont allés tomber dans un caniveau à Tampouy.
Maître Prosper Farama marque son admiration face à ses révélations. « Simplicité, humilité et constance », l’avocat des Parties civiles résume la prestation du Lieutenant Gorgo qui a déjà passé 10 mois à la MACA. Généralement, lorsque la Partie civile apprécie un accusé, la partie défenderesse s’interroge. C’est ce qui pourrait expliquer le comportement de certains avocats de la Défense ce jour, d’autant plus que l’accusé a cité les noms de leurs clients. Des questions pleuvent de partout !
L’inculpé tente de rester serein. « Le Colonel Bamba n’est pas du RSP. Quand je l’ai vu à la télé en train de lire un communiqué, je me suis demandé c’est qui lui-là. Même au sein du RSP, les gens se retrouvaient dans d’autres Groupements alors que ce n’est pas normal », rajoute le Lieutenant. Son avocate, Maître Orokia Ouattara, se dit surprise de voir certains avocats de la Défense prendre la place du Parquet ou de la Partie civile.
« Mon client n’est pas à la barre pour enfoncer qui que ce soit. Il est là pour se défendre en disant sa part de vérité ». Les observations de l’avocate se poursuivent demain 12 septembre 2018 à partir de 9h.
Noufou KINDO
Burkina 24
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !