Colonel-major Kéré : « Sur mon honneur d’officier, je ne peux pas mentir »
Le Colonel-major Boureima Kéré a-t-il pris la parole dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015 au ministère de la Défense nationale et des anciens combattants lors de la réunion entre les chefs militaires et les Sages pour convaincre les participants de l’opportunité du Coup d’Etat ? Telle a été en substance, la question posée par le Parquet à l’accusé dans la soirée du vendredi 16 novembre 2018. En réponse, le prévenu a nié l’avoir fait. « Je suis un officier, je ne peux pas mentir. Je n’ai jamais tenté de justifier le Coup d’Etat (…). J’assume mes responsabilités. Je ne peux pas venir mentir devant le Tribunal. Je suis un officier supérieur (…). Sur mon honneur d’officier, je ne peux pas mentir », a-t-il déclaré.
L’ancien Chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso au moment du coup d’Etat de septembre 2015 était encore devant les juges du Tribunal militaire le vendredi 16 novembre 2018 pour répondre des accusations portées contre lui à savoir complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre et coups et blessures volontaires. L’inculpé avait dès le premier jour nié les faits.
Pour cette journée, ce sont les avocats de l’accusé qui ont eu la parole le plus clair du temps pour contre-attaquer les lignes avancées par le Parquet militaire et les avocats des parties civiles. Sur question de Me Mireille Barry, le colonel-major Boureima Kéré a réaffirmé ses positions : il n’a jamais été informé de l’arrestation des autorités de la Transition ni participé à une quelconque réunion de préparation pour le Coup d’Etat.
« Si je n’avais pas signé, quelqu’un d’autre allait le faire »
Dans la même logique, selon l’avocate qui revient sur la signature de la déclaration qui portait le général Diendéré au pouvoir, « il est normal que le Colonel Kéré ait pris des dispositions pour sauver sa vie », indique Me Barry qui prend le soin de préciser que le Chef d’état-major de la gendarmerie au moment des faits a affirmé dans un PV qu’il a mis sa famille en sécurité lors des événements de septembre 2015.
Me Michel Traoré, également constitué aux côtés du Colonel-major Kéré y a apporté sa touche, parlant de la signature d’une des déclarations du CND. « Votre signature a-t-elle été déterminante ? », demande l’auxiliaire de justice. « Non ! Le général (Diendéré) avait déjà dit qu’il assumait (…). Ma signature n’était pas déterminante (…). De toutes les façons, si je n’avais pas signé, quelqu’un d’autre allait le faire (…) Le processus était déjà en marche », répond l’inculpé. Pour Me Traoré, son client n’avait d’autres choix que de signer la déclaration vu le contexte sécuritaire qui prévalait. « Il était sous la contrainte », dit-il.
Concernant une des missions, notamment celle menée à la frontière ivoirienne pour récupérer le matériel de maintien d’ordre, selon Me Barry, « toute l’armée était au courant ». Dans ses arguments, elle note qu’il a fallu l’autorisation de l’armée de l’air pour le décollage de l’hélicoptère. Par ailleurs, poursuit-elle, ce sont des éléments de la gendarmerie et de la police qui ont sécurisé la zone d’atterrissage. Selon les avocats de l’inculpé, les moyens utilisés pour conforter l’accusation d’attentat à la sûreté de l’Etat ne peuvent prospérer.
Lors de son passage à la barre le vendredi 16 novembre 2018, le Colonel-major Boureima Kéré a exposé un sentiment d’amertume suite aux événements liés au désarmement de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Selon l’accusé, dès le 21 septembre 2015, il a été contacté par le général Pingrénoma Zagré, chef d’état-major général des armées au moment des faits, pour négocier la reddition du RSP. Mais grande fut sa surprise lorsque les bombardements ont commencé le 29 septembre 2015. « On a été trahi et humilié », assène l’officier.
« C’est le général Zagré qui a coupé le contact »
« L’attaque du 29 (septembre 2015 sur Naaba Koom II), moralement, n’était pas acceptable. Depuis le 25 (septembre 2015), le désarmement avait commencé (…). On a été de bonne foi. On a voulu la paix pour ce pays et à la fin, on a été traité comme des malpropres (…). Les patates (le bombardement), ce n’était pas nécessaire (…). C’est le général Zagré qui a coupé le contact dès qu’il a eu le maximum d’armes (…) ça ne sert à rien de bombarder une caserne comme si c’était une armée étrangère », a commenté l’ancien chef d’état-major particulier de la présidence du Faso.
Le parquet qui n’est de l’avis du Colonel-major Boureima Kéré, a fait savoir que si « le maximum d’éléments avaient quitté le camp », il restait néanmoins « un groupe résiduel » qui résistait.
Dans la soirée du vendredi 16 novembre 2018, Me Antoinette Ouédraogo a, au nom de tous les avocats présents au procès du Coup d’Etat de septembre 2015, informé le Tribunal du décès de la mère de Me Mathieu Somé, avocat constitué auprès du général Gilbert Diendéré. L’enterrement a lieu le dimanche 18 novembre 2018 à Dano dans le Sud-ouest. Partant, compte tenu de la distance, les avocats ont sollicité la journée du lundi 19 novembre 2018. La demande a été accordée par le Président du Tribunal.
L’audience reprend ainsi le mercredi 21 novembre avec la poursuite de l’audition du Colonel-major Boureima Kéré. L’officier entamera son cinquième jour d’interrogatoire.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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Mon colonel, si vous suiviez reellement la hierarchie militaire dans son accompagnement du coup d’etat, il fallait continuer dans la meme logique dans le desarmement; craigniez-vous toujours pour votre securite?
A la lecture des debats, vous etes l’un des rares officiers a etre ecoute par ceux qui ont pris en otage les autorites de la transition. comment cela est-il possible alors qu’ils ne sont pas officiellement sous votre commandement?
En plus, vous avez ete impose au poste de chef d’etat major de la presidence par ces memes hommes lors d’une des « crises »; Etait-ce l’etape 1 du coup d’etat?
Donc Le Général Zagre a usé de son intelligence et de sa patience pour vous avoir. Si je comprend bien l’armée loyaliste n’avait pas assez d’armes pour vous faire front cest pour cela le General Zagre a été patient.
Mon colonel, si vous suiviez reellement la hierarchie militaire dans son accompagnement du coup d’etat, il fallait continuer dans la meme logique dans le desarmement; craigniez-vous toujours pour votre securite?
A la lecture des debats, vous etes l’un des rares officiers a etre ecoute par ceux qui ont pris en otage les autorites de la transition. comment cela est-il possible alors qu’ils ne sont pas officiellement sous votre commandement?
En plus, vous avez ete impose au poste de chef d’etat major de la presidence par ces memes hommes lors d’une des « crises »; Etait-ce l’etape 1 du coup d’etat?
Donc Le Général Zagre a usé de son intelligence et de sa patience pour vous avoir. Si je comprend bien l’armée loyaliste n’avait pas assez d’armes pour vous faire front cest pour cela le General Zagre a été patient.