Protection sociale : Pour des regards moins remplis d’inquiétude
L’approche graduation, c’est le mécanisme par lequel le Conseil national de la protection sociale et l’organisation Trickle Up espèrent venir à bout de l’extrême pauvreté en volant au secours des personnes les plus vulnérables de la société burkinabè. Dans leur quête d’un monde meilleur, ils comptent sur l’apport des journalistes.
Trickle Up procède à une combinaison d’interventions variant d’un contexte à l’autre avec un focus sur des éléments de la protection sociale, la procuration de moyens de subsistance pour parvenir à l’indépendance financière, ultime but recherché.
La quête n’est pas fortuite. Elle est partie de l’observation d’une réalité palpable sur le terrain dans le vécu quotidien des populations. « Dans certains pays où il y a moins de protection sociale qu’en France, on peut lire dans le regard des gens la peur de perdre ce qu’ils ont. Cela est terrible », déplorait l’actrice Sophie Marceau en 2010.
Cette peur, Bénédicte Toé, chargée de la communication qui soutient les efforts du gouvernement burkinabè en matière de protection sociale à travers son programme de renforcement économique des ménages les plus démunis, garde en mémoire ces regards pleins de tristesse, d’angoisse de ses compatriotes lors de l’intervention de son organisation sur le terrain. « En effet, rapporte-elle, il est terrible de voir dans les yeux des gens, des lendemains qu’ils envisagent avec inquiétude.»
Dans l’optique d’aider à donner à chaque citoyen la possibilité de s’épanouir, d’appréhender l’avenir avec assurance, Trickle Up voit dans les journalistes « des partenaires de taille et pas des moindres » pour aider à sortir les plus démunis de la précarité. D’où l’organisation d’un séminaire à leur endroit pour « une plus vive mobilisation » autour de la question de la protection sociale pour les populations les plus vulnérables.
Deux jours durant, ils ont été instruits sur les concepts d’extrême pauvreté ou encore pauvreté absolue (pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels), de pauvreté générale ou pauvreté relative (pas des revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires) et de pauvreté humaine (absence des capacités humaines de base telles que l’analphabétisme, la malnutrition, la longévité, les maladies pouvant être évitées). Avec « une histoire bien racontée, vous pouvez changer le cours de l’histoire d’une vie », dira Sibiri Bonkoungou, chargée de programmes à Trickle Up.
Pour Yéréfolo Mallé, représentant régional Afrique de l’Ouest de l’organisation, ils peuvent, en raison de leur « rôle d’éclaireurs des populations et influenceurs des politiques de gestion », contribuer à défendre la cause des plus faibles. Notamment par la dénonciation de la stigmatisation des personnes vulnérables.
Une situation qui débute à la suite de leur ciblage dans les villages. « Après le ciblage, il y a quelquefois des stigmatisations », rapporte-t-il. Pas pour bien longtemps. En l’intervalle d’une année d’implémentation de l’approche graduation, ces « gens rejetés » auparavant se retrouvent sollicités. Un retournement de situation qui fera dire à Karim Ganemtoré, secrétaire permanent du conseil national pour la protection sociale, qu’« on peut bel et bien parler de protection sociale au Burkina », et ce, « même si c’est sous forme traditionnelle ».
La pauvreté étant multidimensionnelle, analyse Yéréfolo Mallé, c’est en combinant des interventions liées à la protection sociale (soulagement immédiat aux besoins essentiels), aux moyens de subsistance (activités génératrices de revenus), à l’éducation financière (amélioration la gestion des revenus et accroissement des épargnes) qui permettent aux populations de se sortir d’affaires, qu’elle peut être vaincue. Pour l’économiste agricole Fousseni Bamba, cette fin passe aussi par la disparition du statut de « subordination » de la femme qui persiste encore au sein de la société.
Oui Koueta
Burkina24
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