Défense nationale : Plaidoirie pour « une nation économique »

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Ils ne recommandent pas de « balayer du revers de la main toute forme de solidarité » et de « nous renfermer sur nous-mêmes surtout dans un environnement international aux interdépendances complexes ». Ce qu’ils attendent des décideurs politiques, c’est d’« encourager certaines initiatives » nationales en mettant en place un « cadre incitatif » pour leur permettre « de mettre leurs talents et leurs compétences au service de leur pays ». En somme l’idée d’une « nation économique » en lieu et place de « toujours ’’acheter sur étagère’’ »   

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Alain Sara est l’auteur du livre Stratégie de sécurité économique pour le Burkina Faso. Pour lui, la qualité du commandement, la connaissance du terrain, le courage, la cohésion qui, certes, concourent à la victoire, ne suffisent pas en elles-mêmes pour réaliser l’état final recherché. L’« un des déterminants dans la guerre demeure la capacité technologique qui a le statut privilégié de multiplicateur de forces », relève-t-il dans une tribune publiée sur Kaceto.net

Alain Sara a en tête les avancées en la matière de ces nations qui ont une supériorité militaire qui leur a toujours permis de garder sur les autres « une hégémonie manifeste et implicite ». Parce que « le développement est essentiellement une question de rattrapage technologique » comme l’affirme Jeffrey Sachs, ce passionné d’intelligence économique incite à « mener dès maintenant  la prospective » qui permettra de s’approprier les enjeux de demain au travers de l’offre technologique.

Que faire ? Bâtir l’idée d’une « nation économique »

Le 18 décembre, la ministre de l’économie, des finances et du développement défendait la loi de finances 2019 devant la représentation nationale. Elle sera approuvée par 88 députés sur les 126 votants. Comme il fallait s’y attendre, les budgets de la défense et de la sécurité sont passés respectivement de 169 936 320 000 FCFA à 209 726 310 000 et de 71 644 839 000 à 99 577 834 000 FCFA.

« Si vous demandez mon point de vue, je vais dire ‘sur les cinq ans à venir, il faut mettre 1 000 milliards dans les FDS’. Mais si on doit mettre ces 1 000 milliards et commander des tenues en Inde, des armes en Russie, des chaussures ailleurs et ne pas considérer qu’il y a des affaires à faire avec ça au Burkina Faso, on est foutu. Il faut arriver à faire en sorte que l’effort de guerre puisse construire une nation économique ou au moins annoncer une nation économique », analysait l’économiste Dr Rasblga Seydou Ouédraogo  moins d’un mois avant le vote soit le 23 novembre.

Mais, malheureusement, comme l’écrit Eric Delbecque, dans L’intelligence économique pour les nuls, «l’intelligence économique, ça n’attire pas les foules». Il ne croyait pas si bien dire. En effet, pendant que l’on observe « beaucoup » d’appétence pour l’IE au Maroc et en Tunisie, « jusqu’à présent, il y a des démarches d’intelligence économique (IE), mais on ne fait pas de l’intelligence économique au Burkina Faso »

L’auteur de Stratégie de sécurité économique pour le Burkina Faso voit dans la technologie, l’une des pistes les plus sûres qui permet d’« emporter la décision face à un ennemi qui connait mieux le terrain, les dynamiques sociales et sociétales, utilise les mêmes armes conventionnelles » que les forces régulières à qui il arrive souvent à « infliger une grande attrition grâce à l’effet de surprise et à l’asymétrie de manière générale ».

Pour autant, au regard de leur statut (forces républicaines), elles ne peuvent tomber dans ce qu’il appelle « la perfidie ». Il faut ici, recommande-t-il, « réfléchir à comment mener des actions intelligentes, légales et légitimes ». Cela passe par l’intérêt à accorder à la recherche scientifique et technologique et surtout à une industrie de la défense. « Un pays avec les moyens aussi limités que le nôtre ne peut pas toujours se permettre « d’acheter sur étagère » les moyens les plus performants », regrette-t-il.

Ce qu’il lui faut, c’est « encourager certaines initiatives » nationales. Visiblement au parfum de ce qui se trame dans les coulisses, fruit de l’esprit d’innovation et d’ingéniosité de ces compatriotes, Alain Sara incite la classe dirigeante à « mettre en place le cadre incitatif qui leur permettra de mettre leurs talents et leurs compétences au service de leur pays ».

Et même si, la recherche militaire coûte excessivement chère, relève-t-il, cet unique choix à faire devrait selon lui contribuer à jeter les bases d’une future industrie au service d’une ambition industrielle nationale véritable. Et surtout mettre fin à ces achats d’armements auprès de pays qui « vendent ou nous donnent que ce dont ils n’ont plus besoin » et ce que « nos maigres ressources ne nous permettent que de faire le marché dans leurs poubelles ».

L’heure des excuses est révolue. Pour M. Sara, « exclus de l’Histoire », il n’y a aucune raison de l’être du progrès.  A défaut d’y parvenir, toutes les autres justifications ou justificatifs qui seront invoqués ne représenteront « rien d’autre qu’une expression de notre incapacité stratégique ». De ce fait, sortir du statu quo s’impose à nous. « C’est à ce prix que nous pourrons assurer véritablement la défense et la sécurité de notre pays, mais aussi son autonomie, son indépendance et même sa pérennité », plaide Alain Sara.

Attaqués, « nous avons besoin de rebondir et de nous affirmer comme une nation qui a une ambition, de combler le vide de progrès économique, de faire en sorte que les gens soient ré-enthousiasmés pour être des Burkinabè qui veulent repartir de l’avant et faire des choses plus ambitieuses », invite Ra-Sablga Seydou Ouédraogo.

Oui Koueta

Burkina24

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