Serge Aimé Coulibaly : Géant inconnu dans son pays
C’est un géant de la danse chorégraphique qui force l’admiration et le respect dans le monde. A travers ses œuvres, c’est tout le Burkina Faso, voire l’Afrique tout entière qui est honorée à travers ce « monstre ». Ses spectacles sont la mesure de son talent. Mais dans son propre pays, il n’a pas ce mérite à la hauteur de ses exploits. Mais qui est en réalité ce monsieur que bon nombre de Burkinabè ignorent? Nous l’avons rencontré à Ouagadougou le 5 mai 2019, pour un entretien.
Serge Aimé Coulibaly s’est investi dans la création contemporaine, autrement appelée danse chorégraphique. D’origine burkinabè, adopté par la Belgique, l’Europe et le reste du monde, le fils de Bobo-Dioulasso (dans l’Ouest du Burkina Faso), a fait ses pas dans la troupe artistique du Lycée Philipe Zinda Kaboré, puis à la compagnie FEEREN d’Amadou Bourou. Très vite, il se laisse emporter par les courants de son destin. La formation se poursuivra au Centre National Chorégraphique de Nantes (France) et ensuite au Ballet Contemporain de la Belgique avec Alain Platel.
« Je n’ai jamais voulu être danseur, je suis devenu danseur. Je n’ai pas le parcours d’un danseur normal. Je viens du théâtre, de la création et c’est dans cette représentation, que j’ai commencé à fabriquer du mouvement. Et pour moi, la danse c’est essayer de dire des choses avec mon corps et de parler à l’autre», a expliqué Serge Aimé Coulibaly.
La danse contemporaine sert à interroger l’autre
Le danseur s’est alors embarqué dans une aventure en vue de mieux percer tous les mystères de son art contemporain. D’une d’inspiration intarissable, il va puiser sa source dans la riche mosaïque culture traditionnelle et endogène africaine. Ses créations sont d’une représentation symbolique qui véhicule un assemblage de codes à la fois muets et oraux et dont l’objectif vise non seulement à raconter des histoires mais aussi à interroger l’humanité.
« Notre travail ne cherche pas à faire comprendre, mais c’est de vous amener à sentir, percevoir des choses, à voir du beau et du sens, à voyager dans le temps et dans l’espace».
Serge Aimé a parcouru le monde entier pour des spectacles. Depuis sept (7) années consécutives, le Burkinabè écume les plus grandes salles de spectacles dans le monde, où il joue à guichet fermé. Son agenda est chargé.
« On joue les 4, 5 et 6 juin 2019 à Lille et depuis deux mois, il n’y a plus de place ». Il a également confié qu’il joue aussi dans de grands festivals de danse dans le monde à savoir Avignon et Edinbourg (Ecosse). « Nous sommes invités dans le In et c’est peu d’artistes qui y jouent sinon c’est dans le Off ».
Soutenu par les gouvernements Flamand et Wallon
Depuis 2002, à travers sa compagnie « Faso Danse Théâtre », Serge Aimé Coulibaly n’a cessé d’explorer des salles mythiques dont l’Opera de Paris. De l’Académie Nationale de danse de Rome (Italie) au Conservatoire Royal de Mons (Belgique) en passant par le Théâtre National de Bruxelles ou encore les espaces d’expressions artistiques en Inde, Australie, Amérique, l’artiste a écrit en lettres d’or ses créations individuelles et collectives.
Près de 80 pays visités dans le monde
En vingt (20) ans de carrière, ce sont près de 80 pays qu’il a visités dans le monde. Il est plus qu’une célébrité en Europe. Mais pas dans son pays. Pour preuve, peu de Burkinabè l’évoquent dans les échanges culturels, sauf quelques uns du milieu.
« Je pense que nous sommes dans un métier mal connu ou mal défini… Mon pays suivra (rires). Aujourd’hui, il n’y aucune reconnaissance, il n’y a aucun mérite, il n’y a rien, il n’y a aucun soutien aussi … », a révélé l’artiste.
Pourtant ses représentations à l’image de « Solitude d’un Homme intègre » (2007), « Babemba » (2008), « Nuit Blanche à Ouagadougou » (2014), « Kalakuta Replubik » (2017) ou « Kirina » (2018), et autres collaborations internationales, ont toujours questionné sur des faits qui transcendent la culture africaine, identitaire. Sa compagnie « Faso Danse Théâtre » avec laquelle il tourne depuis 2002, a toujours bénéficié de l’accompagnement des gouvernements Flamand et Wallon. C’est pourtant presque rare de constater ces deux communautés rivales investir sur un même projet.
La transmission
Visionnaire, Serge Aimé a initié le concours panafricain chorégraphique solo par l’interface de son laboratoire international de recherche et de production des arts de la scène « ANKATA ». Il ambitionne de positionner dans le circuit mondial les chorégraphes africains repérés à travers ce concours tenu pendant son festival « Africa Simply The Best » à Bobo-Dioulasso. Une vision ambitieuse qui sème la bonne graine, gage d’une bonne transmission culturelle garantie.
Saaga SAWADOGO (Stagiaire)
Burkina24
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