Droit au logement : Des Burkinabè disent « non au liblib » dans les opérations de lotissement

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Pas satisfaites de l’accueil réservé par le ministère de l’habitat et de l’urbanisme à la plateforme déposée le 5 avril 2018, les organisations de lutte pour le droit au logement ont battu le macadam pour cette fois-ci la remettre au chef du gouvernement.

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Agnès Nana de l’association Neebla Zaaka (une des organisations qui luttent pour le droit au logement) avait de bonnes raisons de prendre part à la marche meeting sur le Premier ministère ce jeudi 16 mai 2019. « Cela fait près de deux ans que nous ne savons pas comment faire. Voilà pourquoi nous sommes sortis aujourd’hui. Nous habitons à Silmiougou. Ils ont partagé les parcelles aux propriétaires terriens. Maintenant, c’était à eux de nous donner nos parcelles. Après eux-aussi, ils disent que ce n’est pas le cas », pose-t-elle.

Également préoccupé par la situation, Ouédraogo Kassoum a tenu à le faire savoir en participant à la marche meeting. « Le problème c’est simple, trouve-t-il. C’est le lotissement seulement que nous on veut. Nous, on est là. Nous on n’a pas de parcelles. Tous les jours on parle, le ministère de l’habitat n’écoute pas. Il faut que nous on sorte sur la route, il va voir notre problème. Comme cela, il va prendre ça en main. Sinon à l’heure-là, nous on parle, personne n’écoute », formule Kassoum Ouédraogo. Ce qu’il souhaite à ce stade ? « Que l’Etat descende sur le terrain voir les problèmes qui sont réellement là-bas. Comme cela, il va régler  le problème facilement ».

Sur les pancartes tenues par Agnès Nanan et bien d’autres marcheurs, on peut lire « ma parcelle, c’est ma vie », « en avant pour un audit sérieux dans les opérations de lotissements passées » « oui à la construction de logements sociaux accessibles aux gens du peuple », « non au Liblib (magouilles ndlr) de Bonanet et du gouvernement ».

L’attitude du ministre de l’habitat et de l’urbanisme est en effet remise en cause. « Aucune autorisation de lotir n’a été délivrée à une société de promotion immobilière », affirmait-il mardi 7 mai en conférence de presse. « Le terrain est plus parlant que le ministre Bonanet. Sur le terrain, vous allez constater qu’aucune société immobilière n’a cessé ses opérations. Elles continuent », assure Pama Nébié, secrétaire générale de la Coalition des associations pour la défense du droit au logement (CADDL)

Et le militant pour le droit au logement de rappeler la prise d’un arrêté conjoint par les ministres Dieudonné Bonanet de l’habitat et de l’urbanisme et Siméon Sawadogo de l’administration territoriale et de la décentralisation en date du 31 décembre autorisant des opérations dans les communes rurales et environnantes de Ouagadougou. « Sur cette base, déduit M. Nébié, il (ministre de l’habitat) ne peut pas nous dire le contraire ».

« Les gens viennent accaparer des terres des gens »

Les participants à la marche pour la défense du droit au logement sont partis de la bourse du travail pour rejoindre le Premier ministère en empruntant les avenues de la nation et de l’indépendance. A leur arrivée peu avant 10 heures, ils n’ont eu comme interlocuteurs que les gendarmes en faction devant la primature. Le patron des lieux et son cabinet étant déjà à l’Assemblée nationale pour le discours sur la situation de la nation. La plateforme sera finalement remise à Stanislas Goungounga, secrétaire général du ministère de l’habitat et de l’urbanisme.

« Tout ce monde réuni me charge de vous transmettre cette plateforme revendicative dans l’espoir que le Premier ministre va s’investir pour trouver des solutions idoines afin de pouvoir soulager les souffrances des populations en matière de logement », a formulé le secrétaire général de la CADDL.

C’est la deuxième fois que Salif Nignan participe à une marche meeting autour du droit au logement. Comme bien d’autres manifestants, il confie avoir pris par à la marche du 5 avril 2018 avec pour destination le ministère de l’habitat et de l’urbanisme. « Dans les villages, dans leur histoire d’agrobusiness, les gens viennent accaparer des terres des gens. En ville, on dit qu’on a suspendu les logements, mais au même moment, on permet aux sociétés immobilières de pouvoir accaparer des hectares pendant que les populations qui sont dans les zones non-loties n’arrivent pas à avoir une parcelle », analyse ce militant de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ).

Dans la plateforme transmise aux autorités, les organisations signataires (CADDL, CDAIP, MBDHP/Kadiogo, CCVC Ouaga) revendiquent « un apurement du lourd contentieux des lotissements passés, notamment ceux qui ont commis sous l’égide du maire Simon Compaoré pendant dix-sept 17 ans, des audits sérieux associant les structures de lutte pour la transparence dans les opérations de lotissements », un terme à l’action des sociétés immobilières qui « compromettent les chances des populations d’avoir accès au logement décent ».

Les manifestants réclament aussi une relecture de la loi portant Réforme agraire et foncière (RAF) qui, à leurs yeux, est « antipopulaire et comporte des dispositions anti-sociales qui ne sont pas favorables à l’accès des populations pauvres au logement décent », une réglementation et une réduction des prix des loyers, la baisse du prix des matériaux de construction et la construction de logements sociaux décents au profit des couches défavorisées.

Oui Koueta

Burkina24

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