Zéro mariage d’enfant : Des filles mineures enlevées pour en faire des épouses

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De Bissiga,  Dourtenga, en passant par Bagré le constat est le même, le mariage d’enfant est toujours une réalité dans ces localités. En baisse certes, mais pas encore éradiqué. La dernière phase de la caravane de presse en faveur de la lutte contre le mariage d’enfants a débuté vendredi 17  mai 2019 dans la région du Centre-Est, à Tenkodogo. Les caravaniers ont sillonné durant le mois de mai les régions de la Boucle du Mouhoun,  des Hauts-Bassins et du Centre-Est.

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Le rapt, est le fait d’enlever une jeune fille mineure ou pas en vue de la prendre pour épouse. Le « lito », quant à lui consiste à un échange de fille entre deux familles. Ces deux pratiques sont très récurrentes dans la région du Centre-Est. 

Madame et maman avant 18 ans,  c’est la réalité de plusieurs jeunes filles. En effet, le mariage d’enfants est un phénomène courant au Burkina Faso. L’entrée en union des jeunes Burkinabè est très précoce. Ainsi, chez  les femmes âgées de 20-24 ans, 8,9 % ont été mariées avant l’âge de 15 ans, et plus de la moitié (51,3 %) avant l’âge de 18 ans.

Pourtant dans le Code des Personnes et de la Famille du Burkina Faso, l’article 238 stipule que «le mariage ne peut être contracté qu’entre un homme âgé de plus de vingt ans et une femme de plus de dix-sept ans, sauf dispense d’âge accordée pour motif grave par le tribunal civil».

Selon Marie Thérèse Sombougma, Directrice régionale du ministère de la solidarité nationale de la famille et de l’action humanitaire du Centre Est, « plusieurs cas se présentent à nos services, nous rencontrons entre autres,  des situations de don d’enfants, des échanges de fillettes qui en effet consistent à un échange de filles entre deux familles. Il y a également des cas de rapt ou enlèvement. Des fugues sont aussi enregistrées. En effet,  lorsque la jeune fille apprend qu’elle sera donnée en mariage, elle préfère fuir  pour aller vivre chez son copain plutôt que de se voir amener de force chez un homme qu’elle ne connait pas ou n’a jamais vu ».

 « De 2016 à 2018, 248 cas ont été enregistrés dont 5 garçons concernés. Les statistiques ne concernent que les cas qui se présentent à nous. Cela se fait par des dénonciations, par la concernée, sa mère, ou l’enseignant… Me phénomène concerne les filles scolarisées ou non.  Les raisons avancées, la pauvreté des parents, le renforcement des liens d’amitié ou de parenté, le remboursement d’une dette, la préservation de l’honneur familiale…. », explique-t-elle.

 A Bissiga, le phénomène est récurent

A en croire El Adj Delma Mahama, président de la communauté musulmane de Bissiga, le mariage précoce existe depuis belle lurette, mais sa communauté le condamne.  «Nous sommes pour le mariage par consentement  et pour les filles ayant la majorité car nous connaissons les conséquences du mariage précoce sur la jeune fille et sur le bébé », dit-il. Après la communauté musulmane, halte chez les catholiques, le prêtre de la paroisse étant absent,  Cyprien Minougou, catéchiste de l’église de Bissiga,  a bien voulu se prêter à nos questions. Pour lui,  « le phénomène a considérablement baissé depuis 2014 avec les différentes activités que mène l’église Catholique ». 

Dans la commune de Dourtenga, après les plaidoyers, nous avons échangé avec Segda Elise présidente de l’association des épouses des ressortissants du Yaaga. Selon elle,  les « enfants mariés »  souffrent dans leur foyer car n’ayant pas l’âge d’être épouse ou mère. Elle a également expliqué que la plupart des filles qui fuient le domicile conjugale partent chercher refuge chez les sœurs. Sur place, elles apprennent un métier dont la couture, le tissage, le jardinage.

Pour le chef de canton, Naba Boulga, lorsqu’un cas de mariage d’enfant se présente à eux, ils sont référés aux autorités communales. « Car nous sommes contre cette pratique, car elle est synonyme de complication pour la jeune fille à l’accouchement, ceci pouvant même conduire à son décès ou à celui de son bébé », dit-il.

En ce qui concerne la santé des jeune dames,  Claude Beatrice Sawadogo, sage-femme d’Etat, et caravanière, a confié que   pendant les prestations, plusieurs filles mariées précocement sont venues vers eux, « nous avons rencontré deux petites filles ayant respectivement 14 et 15 ans. Celle de 14 ans fut donnée en mariage deux mois après avoir vu ses menstrues pour la première fois. Nus leurs avons donc donné des méthodes afin de retarder au maximum leur première grossesse».

La dernière étape, qui est celle du Centre-Est a permis aux caravaniers de s’imprégner des réalités que vivent les fillettes mariées avant 18 ans. Ainsi donc de   Bissiga,  Dourtenga, en passant par Bagré, nous constatons que le mariage d’enfant est toujours une réalité, il a considérablement baissé  mais n’est pas encore éradiqué.

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