Kua : « Les masques sont définitivement tombés » selon FasoKooZ
Ceci est une déclaration de FasoKooZ à propos du déclassement en partie de la forêt de Kua pour y ériger un hôpital.
Sœurs, frères et fières Anges du Burkina,
Chers compatriotes,
Cela fait maintenant un moment que le débat public est cristallisé sur la forêt classée de Kua.
La résistance populaire contre le déclassement de cette forêt ne se démontre plus. Elle est réelle et visible.
Aussi bien en ligne que sur le terrain, des personnalités, des organisations de tout bord donnent de la voix pour éviter la disparition totale de cette forêt déjà en souffrance.
Alors que nous étions en plein débat sur ce projet, et que nous espérions que les autorités prendraient les mesures nécessaires pour relocaliser la construction de ce nouveau Centre Hospitalier Universitaire, que ne fut notre surprise d’apprendre que des techniciens chinois étaient déjà sur le site contesté pour commencer les travaux en dépit du non respect de la procédure prévue par la loi. Cela, malgré le rejet par le ministère de l’environnement de l’avis favorable donné par le conseil municipal de la commune de Bobo-Dioulasso pour le déclassement de 16ha de la forêt classée de Kua; lui rappelant au passage que le déclassement d’une forêt ne relève aucunement de ses prérogatives.
Confère Décret N°2017-0138/PRES/PM/MEEVCC/MATDSI/MINEFID portant procédures de classement, de déclassement et de changement de statuts des forêts de l’État et des collectivités territoriales.
C’est pour stopper l’action illégale et illicite, entreprise par des techniciens chinois dans cette forêt, que des citoyens, dans l’urgence, déjà rassemblés au sein de la plateforme FasoKooZ, se sont organisés en vue de la sauvegarde de l’environnement au Burkina Faso en général et pour la défense de la forêt de Kua en particulier ; conforment à l’article 30 de la Constitution de notre pays qui stipule que : « tout citoyen à le droit d’initier une action ou d’adhérer à une action collective sous forme de pétition contre des actes :-lésant le patrimoine public ; -lésant les intérêts de communautés sociales ; -portant atteinte à l’environnement ou au patrimoine culturel ou historique ».
Cette réaction urgente s’imposait donc à nous. Et, forts de la Loi, nous avons très rapidement convoqué la presse pour donner de la voix et sonner l’alerte. C’était précisément le 24 mai 2019. Et au cours de cette conférence de presse, notre plateforme citoyenne FasoKooZ avait lancé un appel à la mobilisation générale pour le samedi 1er juin en vue d’une manifestation sous forme de rassemblement populaire pacifique à la place Tiefo Amoro (Sitarail Bobo) pour dire : Non au déclassement de la forêt de Kua ; et oui à la construction de l’hôpital à Bobo-Dioulasso mais sur un autre site.
Cette sortie de FasoKooZ n’a pas été sans effet. Et l’évolution de la situation allait le démontrer surtout qu’elle a été menée en simultané avec les agents des eaux et forêts qui ont tenu à reprendre tous leurs droits sur cette forêt à travers des actions fortes et légales parce que relevant de leurs attributions.
En effet une délégation gouvernementale fut dépêchée à Bobo-Dioulasso pour échanger avec les parties prenantes. Au sortir de ces pourparlers, la décision fut prise par le gouvernement d’interdire toute activité dans cette forêt classée et ordre a été donné aux agents des eaux et forêts de veiller au strict respect de cette décision.
Sœurs, frères et fiers Anges du Burkina,
Chers compatriotes,
Les masques sont définitivement tombés à travers cette contre manif organisée précipitamment ce jeudi 30 mai 2019 en réaction à notre manif annoncée pour 1er juin 2019, et qui vient à la suite d’actes de violences dignes d’une milice terroriste, perpétrés sur des citoyens paisibles engagés pacifiquement pour cette cause noble.
Nous savons désormais, derrière toutes ces manœuvres et instrumentalisations de nos populations, qui fait quoi, avec qui, pourquoi, comment et jusqu’où ils sont prêts à aller pour aboutir à leur fin.
Ces acteurs, nous les avons vus au devant de cette marche improvisée. Nous connaissons désormais leurs visages et leurs noms. Et nous pouvons imaginer aisément qui sont ceux qui depuis Ouagadougou tirent sur les ficelles.
La seule chose que nous déplorons, c’est l’instrumentalisation de ces femmes de la brigade verte de Bobo-Dioulasso. Nos pauvres sœurs, mères qui avec dévouement nettoient nos rues chaque jour, mobilisées manu militari pour battre le pavé sans même savoir pourquoi. Ce que nous déplorons, c’est aussi l’utilisation et la mise en avant d’un de nos respectables et respectés chefs coutumiers, par des frères à court d’arguments, pris au dépourvu et obligés de se rabattre sur une autorité morale dont la noble place n’est pas dans la rue mais dans son palais. Honte à ceux qui ont ainsi exposé nos respectables autorités coutumières à la méprise de l’opinion nationale.
Mais qu’arrive-t-il à nos frères d’en face ? Sont-ils tombés sur la tête pour en arriver là ? Pourquoi cet acharnement sur cette forêt alors que la disponibilité de l’espace à Bobo-Dioulasso nous offre plusieurs possibilités. Que nous cache-t-on au juste sur la forêt de Kua ?
Beaucoup de questions dont nous sommes en droit de poser, tant la logique de leur comportement nous échappe totalement et aux antipodes du bon sens.
Quoi qu’il en soit, si cette contre marche improvisée était un test de mobilisation orchestré par des politiciens tapis dans le noir et en manque de popularité, alors ce fut un fiasco.
Nous ferions mieux le samedi prochain parce que pour répondre à l’appel de FasoKooZ, les populations sont si mobilisées que la foule qui sortira ce jour pourra s’étendre, sans discontinue, de la place de la mairie centrale jusqu’à la forêt de Kua.
Mais nous ne nous laisserons pas entraîner dans cette spirale de marche et contre marche. Nous ne nous rendrons pas complices de ces manœuvres politiciennes qui ne visent qu’à diviser et à opposer les populations bobolaises entre elles.
L’ambition de FasoKooZ est de faire de Kua, un repère dans l’histoire du Burkina.
En matière d’engagement national pour l’environnement dans notre pays, désormais il y aura un « avant Kua » et un « après Kua ». Kua doit être un symbole fort de l’engagement national renouvelé pour la préservation de l’environnement.
En cela, notre lutte va au delà de la protection de la forêt de Kua pour s’étendre à l’ensemble des forêts en souffrance au Burkina.
Contrairement à nos frères d’en face dont l’agitation locale ne se limite qu’à Bobo-Dioulasso, la plateforme FasoKooZ, qui fait sien le slogan « penser global et agir local », veut « penser national et agir local ».
Voilà pourquoi depuis une semaine, des contacts ont été pris, des partenariats noués avec de multiples organisations de la société civile réparties sur l’ensemble du territoire national et au delà, en vue de sceller une alliance nationale pour faire front commun dans la lutte pour la préservation de notre environnement.
Cette grande coalition jamais mise sur pied au Burkina et dont FasoKooZ est membre fondateur, est déjà sur pied et verra le jour très bientôt.
Nous sonnons donc la démobilisation de toutes les populations bobolaises dans les quartiers et villages rattachés qui se tenaient déjà prêtes pour le grand rassemblement populaire de ce samedi 1er juin.
Oh que non ! Nous ne reculons pas. Ni par peur, ni à cause de vulgaires menaces proférées à notre endroit.
Au contraire, le front national que nous constituons, finira de démontrer la grande et puissante force citoyenne que nous sommes par notre nombre.
La manifestation du samedi 1er juin qui est donc reportée à une date ultérieure, ne se limitera plus dans la seule ville de Bobo-Dioulasso mais en simultanée à travers plusieurs villes sur le territoire national voire à l’international.
Notre revendication ne se limitera plus à la forêt de Kua mais à l’ensemble des forêts du Burkina.
En attendant cela, au vu de la décision prise par le gouvernement de procéder à une étude d’impact environnemental, mais aussi dans un esprit d’apaisement et pour ne pas fragiliser d’avantage la cohésion sociale, FasoKooZ lance un appel solennel au calme et à la retenue.
Pour montrer notre bonne foi, FasoKooZ envisage incessamment à Bobo-Dioulasso, une grande Conférence sur la thématique de l’environnement, le changement climatique, l’urgence écologique et les enjeux du moment. Des spécialistes de l’environnement seront sollicités pour animer cette conférence dont la date et le lieu seront bientôt communiqués.
Outre cette conférence, nous entamerons également dès la semaine prochaine, des entretiens avec toutes les parties prenantes à cet désaccord sur le choix du site pour la construction de l’hôpital, en vue de l’organisation d’un « Dialogue communal entre fils et filles de Bobo-Dioulasso ». Ce processus de concertations citoyennes, nous le placerons sous la présidence du Monseigneur Anselme Sanon dont l’expérience en matière de résolution de conflit de ce genre n’est plus à démontrer. Nous entamerons également des démarches en début de semaine auprès de cette éminente personnalité pour le solliciter. Les modalités ainsi que les dates et lieux de ces concertations citoyennes locales seront précisés au bout de nos démarches.
Sœurs, frères et fiers Anges du Burkina,
Chers compatriotes,
Dans ce combat noble que nous avons engagés en faveur notre environnement et pour l’intérêt général, un piège nous est tendu.
Nous devons l’éviter. Et pour cela nous devons faire appel à notre intelligence collective locale et nationale. Ce piège est politico-politicienne. Notre lutte est citoyenne et ne se fonde que sur les lois de la république et les engagements internationaux librement pris par notre pays. Cette lutte et ne saurait être détournée vers des affrontements violents à des fins de récupérations politiciennes (ni par les partis au pouvoir, ni par les partis de l’opposition).
FasoKooZ veillera à cela. Et fera en sorte que Kua, au lieu de diviser les Burkinabè, les unisse à jamais en faveur de la sauvegarde et la préservation de l’environnement au profit des générations futures ici Burkina, notre Faso.
Que Dieu nous guide et nous garde ensemble. Toujours.
FasoKooZ, c’est pour la cause.
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