COVID-19 au Burkina : L’avis de l’ODJ

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Ceci est une déclaration de l’Organisation démocratique de jeunesse du Burkina Faso (ODJ) sur la gestion du COVID-19 au Burkina Faso.

Depuis décembre 2019, le monde est ébranlé par une grave crise sanitaire, aux conséquences multiples et désastreuses notamment pour les peuples et les jeunesses populaires. Après la Chine continentale, foyer de l’épidémie, tous les continents ont été à leur tour touchés. Déclarée pandémie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en janvier 2020, la maladie du coronavirus ou Covid- 19 a mis à rude épreuve les systèmes de santé de grandes puissances impérialistes – Etats Unis d’Amérique, Chine, Espagne, Italie, France, etc. – qui comptent des dizaines de milliers de personnes infectées et de victimes.

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Sur le plan économique et social, cette pandémie a provoqué une récession économique – comparable à la crise de 1929 selon certains analystes et dirigeants politiques – qui se traduit par la flambée du chômage qui touche surtout les emplois précaires et vulnérables, occupés principalement par des jeunes travailleurs.

L’Afrique est aussi mise à rude épreuve. A la date du 13 avril, elle comptait 14 524 cas confirmés de Covid- 19 et 788 personnes décédées, selon le CDC Afrique, une agence spécialisée de la commission de l’Union africaine (UA). Au Burkina Faso, les premiers cas de contamination au Covid- 19 ont été enregistrés le 9 mars 2020. Depuis cette date, la maladie connait une expansion rapide et inquiétante.

 A la date du 12 avril 2020, un communiqué du service d’information du gouvernement signale 515 cas dont 317 sous traitement, 170 guéris et 28 décès. Face à ce triste bilan, l’ODJ présente ses sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes et exprime sa solidarité et ses vœux de prompt rétablissement aux personnes infectées par la maladie – dont plusieurs d’entre elles attendent désespérément une prise en charge sanitaire conséquente.

Elle félicite les travailleurs engagés dans la lutte contre cette pandémie, et plus particulièrement le personnel des structures de santé (soignants, administratifs, ouvriers de surface, etc.) – parmi lesquels on compte plusieurs jeunes travailleurs – pour leur courage, leur patriotisme et leur professionnalisme dans la prise en charge des malades, malgré les conditions de travail très précaires et les risques d’infection.

Au début de cette crise sanitaire, le pouvoir du MPP et alliés a voulu, non seulement  ruser et gagner du temps face à la grogne sociale, plus précisément celle consécutive à l’élargissement de l’Impôt unique sur les traitements et salaires  (IUTS) aux primes et indemnités des travailleurs du public et du privé mais aussi n’avait pas pris toute la mesure de la situation. C’est ainsi qu’avant même que les premiers cas ne soient officiellement déclarés, le gouvernement de Christophe Dabiré,  par la voix du Ministre de la santé, a rassuré l’opinion nationale qu’il était prêt pour une prise en charge conséquente de la maladie, au cas où elle surviendrait au Burkina Faso.

Cette posture cavalière expliquerait les balbutiements ou la « cacophonie » (expression utilisée par Emile Pargui Paré du MPP sur une radio locale) dans la gestion gouvernementale de la pandémie, notamment la communication et l’adoption tardive des mesures adéquates pour l’éradiquer.

La montée de la courbe de la maladie est donc l’une des conséquences de cette incurie politique du pouvoir MPP et alliés.  Et comme « un malheur n’arrive jamais seul », la maladie Covid- 19 est survenue dans un contexte de fragilité, voire de faillite, de notre système de santé, englué dans une crise depuis l’application des programmes d’ajustement structurel par les deux pouvoirs successifs de la 4ième République (CDP et MPP), sous l’injonction de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International.

Le mouvement démocratique et révolutionnaire du Burkina Faso a constamment dénoncé les effets néfastes de ces politiques publiques antisociales et antinationales et réclamé à cor et à cri leur abandon. Face à ces cris de cœur et au calvaire sanitaire des masses populaires, le CDP puis le MPP ont toujours choisi de jouer la sourde oreille. Pis, suite aux récentes luttes engagées par les syndicats des travailleurs de la santé comme le SYNTSHA, pour dénoncer l’état de dégradation avancée du système sanitaire, certains caciques du MPP et leurs vuvuzelas ont proféré des injures et des menaces contre les travailleurs en lutte.

Et comble d’hypocrisie, c’est maintenant que des hauts dignitaires du régime MPP et alliés font semblant de s’en rendre compte et se mettent à louer la bravoure des agents de santé qui font face à la maladie Covid- 19 dans le dénuement logistique.

Face à la propagation de la maladie, à la panique des populations et de dignitaires du régime, une batterie de mesures a été prise. Il s’agit entre autres des mesures sanitaires de prévention/protection, la mise en quarantaine des localités touchées, l’interdiction des rassemblements, la fermeture des marchés, débits de boissons et restaurants de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso et de localités touchées, la fermeture des établissements préscolaires, primaires, post-primaires, secondaires, universitaires et professionnels jusqu’au 28 avril 2020, du  couvre-feu de 19h à 5h sur toute l’étendue du territoire, etc.

Bien qu’elles soient nombreuses et drastiques, on peut légitimement douter de l’efficacité et de l’acceptation sociale de ces décisions  d’autant plus que les mesures d’accompagnement du gouvernement, annoncées le 2 avril par le président Roch Marc Christian Kaboré, ont été prises sans consultation préalable des organisations représentatives des potentiels bénéficiaires. Des centaines de milliers de jeunes travailleurs du secteur informel (petits commerçants, marchands ambulants, vendeurs de nourritures, chauffeurs, apprentis, dockers, ouvriers, etc.), qui croulaient  déjà sous le coup des taxes et de la vie chère, et entretenaient leurs familles de revenus quotidiens de leurs activités, sont sous la menace de la clochardisation.

De plus, les mesures d’accompagnement à cause de leur modicité et du manque de précision sur les conditions d’octroi risquent de ne pas atteindre ceux qui en ont le plus besoin et de servir de moyens de chantage politique et de campagne électorale. En outre, le pouvoir du MPP et alliés, au lieu de veiller à garantir le droit à la santé des populations, donne l’impression de se préoccuper davantage de son image et de son autorité. Si non, comment comprendre qu’un ministre puisse encourager des FDS à poser des actes illégaux de répression dans le cadre du respect du couvre-feu, alors même que son gouvernement fait la sourde oreille aux cris de détresse des populations des villes et compagnes qui ployaient déjà sous le poids de la misère crasse.

Face à la crise sanitaire exacerbée par le Covid- 19 et des conséquences multiples, l’ODJ invite ses structures, militants et sympathisants et la jeunesse populaire du Burkina Faso à :

  • suivre scrupuleusement les mesures barrières afin de briser la chaine de contamination du covid19,
  • développer des chaines de solidarité dans la sensibilisation et la prise des mesures préventives,
  • développer une solidarité agissante à l’endroit des personnes précarisées par la situation.

A l’endroit du gouvernement, l’ODJ recommande :

  • la prise en charge conséquente des malades et des confinés,
  • la clarification des conditions d’attribution du soutien gouvernemental et l’implication des structures de contrôle (ASCE-LC, RENLAC) dans la gestion des aides matérielles et financières de l’Etat et des particuliers (surtout que des velléités de détournement sont signalées par un conseiller économique du président),
  • l’adoption participative urgente de mesures d’accompagnement supplémentaires des populations dont les activités ont été stoppées et réduites par les mesures gouvernementales,
  • l’équipement rapide et conséquent des centres de santé en matériels de protection et en kits de dépistage rapide pour favoriser un dépistage à grande échelle,
  • la levée des taxes sur les PME, PMI afin de leur permettre de faire face à la situation,
  • la baisse des prix des produits de première nécessité (huile, savon, céréales, hydrocarbures, etc.) et un contrôle rigoureux des prix afin d’éviter une inflation,
  • la suppression pure et simple de l’IUTS sur les primes et indemnités des travailleurs du public, du parapublic et du privé,
  • l’arrêt de la répression des populations, notamment des travailleurs en lutte pour la défense de leur pouvoir d’achat.

Vive la solidarité entre couches laborieuses !

Vive la jeunesse patriotique et révolutionnaire du Burkina !

Vive l’ODJ !

Ouagadougou, le 14 avril 2020

Le Bureau Exécutif National

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Un commentaire

  1. Bien dit, malheureusement le gouvernement n’écoute pas ce qui ne va dans son sens, c’est-à-dire toute voie critique. Et, le peuple va en souffrir, les profiteurs vont continuer de s’empiffrer. En conséquence, il n’y a que la veille et la lutte qui en valent la peine. On a vraiment l’impression que ceux qui sont au devant des affaires ne répondent qu’au dieu « argent » ils veulent manger comme s’ils allaient mourir demain matin. Il faut empêcher cela. Le peuple burkinabè triomphera. Bonne suite à nous tous.

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