Burkina Faso : 11 églises saccagées à Loropéni, le procès reporté au 28 avril
La fronde contre l’Eglise protestante à Loropéni, après l’arrestation du Roi Gan et de sept notables, a occasionné la destruction de 11 églises et des menaces sur des pasteurs. L’affaire a été transférée au Tribunal de grande instance de Gaoua.
Cette triste affaire a débuté début avril lorsque deux groupes de personnes se sont disputés la dépouille d’une dame au secteur 4 de Loropéni, rapporte la RTB qui cite des sources judiciaires.
Il s’agit des enfants de la défunte et la famille royale Gan de Obiré. Joint au téléphone par Burkina 24, le pasteur Enoch Sib, président de l’église protestante évangélique au Burkina a donné sa version des faits.
Selon le pasteur, tout a commencé le 9 avril avec le décès d’une dame de 62 ans, femme du diacre de l’église. Elle et son mari sont convertis depuis plus d’une quarantaine d’années.
« Avant de mourir elle avait souhaité de faire les choses selon les recommandations de l’église, puisqu’elle est chrétienne, elle n’a plus rien à voir avec la tradition. Sa maman même s’était aussi convertie et quand elle est décédée, on l’a enterrée dans le cimetière de l’église. Elle a donné des instructions que si elle meurt, on doit l’enterrer à coté de la tombe de sa maman », a expliqué le pasteur Enoch Sib.
« Ces fils ont procédé à faire la tombe, accompagnés des jeunes de l’église. Il y a un de ses fils du nom de Augustin, qui a pris l’initiative puisque, c’est à lui que sa maman a donné les recommandations. L’’église ne s’était pas trop mêlée, vu que quand il y a des cas comme ça, il y a toujours des tensions entre le clan royal et l’église. C’est la famille même qui a procédé à l’inhumation», a indiqué le pasteur.
Mais pour la famille royale, la disparue est avant tout une princesse Gan et elle doit se reposer dans le caveau familial, après les rites Gan.
Koffi Farma, protocole du roi gan basé à Obiré, village de la commune de Lorepeni
« C’est une princesse qui est décédée. Et comme elle était mariée à un protestant, le roi a envoyé une délégation pour prendre le corps.
Ils ont prétexté qu’il y a ses enfants qui devaient venir de Banfora et c’est eux qu’on attendait parce que si le corps part les enfants ne peuvent plus le voir. Alors que la délégation attendait, ils étaient en train de creuser la tombe.
Ils ont pris le corps aller inhumer sans les cérémonies. Ils ont inhumé le corps à Loropéni centre même qui est la capitale du royaume gan. Et comme selon la coutume, les princes ne doivent pas voir la tombe, c’est pourquoi le roi a dit d’aller exhumer le corps », a-t-il ajouté.
Toujours selon lui, tout Gan peut embrasser la religion qu’il veut mais s’il est prince à sa mort, le corps doit être remis au roi pour être enterré dans le caveau familial.
Propos recueillis par Bafujis Infos
« C’est dans la soirée que le roi gan a envoyé ses sujets d’aller exhumer le corps. Ils sont venus exhumer le corps. La famille n’est pas allée s’opposer ni faire des histoires encore moins attaquer qui que ce soit. Quand ils ont exhumé le corps, ils l’ont mis dans un tricycle et ils sont partis avec », a-t-il ajouté.
« L’église protestante n’est jamais allée convoquer le roi au commissariat, ni en justice … »
« C’est le roi lui-même qui est parti convoquer la famille au commissariat pour dire que ces gens n’ont pas respecté la coutume, donc ils doivent être sanctionnés. Et c’est comme ça qu’ils sont allés répondre. Le second jour qui est le jeudi, le commissaire a appelé les pasteurs gan de la localité pour les entendre aussi par rapport à la situation. C’est à l’issue de ça, que le commissaire a jugé que l’affaire dépassait ses compétences et a transféré l’affaire à la justice à Gaoua le vendredi 17 avril. Ils sont tous venus à Gaoua, le roi et ses 7 notables ainsi que la famille de la défunte. Le juge les a entendus et avec le rapport que le commissaire a envoyé, après examinassions, il a trouvé que la famille n’était pas coupable. Il a décidé de les libérer et de garder le roi et sa suite pour un procès qui devait avoir lieu mardi, c’est-à- dire aujourd’hui », a-t-il détaillé.
Précisant qu’un pasteur, Bernard Kambiré qui est à Obiré, village où se trouve le roi, a été attaqué de retour du champ aux environs de 17h, il a ajouté que 11 églises ont été détruites dont l’église centrale à Loropéni.
Le procès est reporté pour le 28 avril 2020 et le roi bénéficie d’une liberté provisoire pour lancer un appel au calme, en attendant le jugement. Selon le pasteur Sib, la population entend manifester si les notables du roi ne sont pas libérés à l’issue du procès.
S’appuyant sur les commentaires sur les réseaux sociaux, il a déclaré que « l’église protestante n’est jamais allée convoquer le roi au commissariat, ni en justice. Cette affaire, l’église ne s’est pas mêlée. C’est une affaire de famille. Nous ne comprenons pas pourquoi ils s’en prennent aux édifices d’église », s’est-il interrogé.
Alice Suglimani THIOMBIANO
Burkina 24
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