Ramadan 2020 : « Dans le contexte du Covid-19, nous avons une excuse » (Imam Tiendrébéogo)
L’Imam Ismaël Tiendrébéogo intervient au Cercle d’études, de recherches et de formations islamiques (CERFI). A l’orée du mois de Ramadan, il explique notamment la conduite à tenir par le jeuneur musulman en ces temps de Covid-19.
Le mois de carême 2020 s’annonce dans un contexte particulier marqué par la pandémie de Covid-19. « Il faut savoir que quand il y a menace sur la vie, il y a suspension de la loi musulmane. Le principe de la Charia dit bien que la nécessité lève l’interdit et suspend le devoir religieux. Donc, dans ce contexte particulier, il faut dire que le Covid-19 n’empêche pas le jeûne. Aucune raison, pour le moment, ne permet d’interdire le jeûne sauf si la personne est malade et doit prendre des médicaments », a indiqué Ismaël Tiendrébéogo.
Trois groupes de personnes, dit-il, ont été identifiés islamiquement : L’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne la puberté ; l’endormi jusqu’à ce qu’il se réveille ; et le fou jusqu’à ce qu’il recouvre la raison. A côté de ces personnes qui ne sont pas responsables islamiquement et sur lesquelles il n’y a pas de prescription islamique, il y a ceux qui, par rapport au Ramadan, ont une excuse, a fait comprendre l’Imam.
« Parce qu’il y a un danger de propagation de la maladie »
« Une dizaine de personnes sont ainsi dispensées du jeûne. Il s’agit notamment d’une personne malade, une personne âgée, une personne qui doit continuer à prendre des médicaments (N.B : l’injection ne remet pas en cause le jeûne), le voyageur qui doit parcourir au moins 80 kilomètres, la femme enceinte, celle qui vient d’accoucher, la femme allaitante, celle qui est dans son cycle menstruel, etc. », a énuméré le conseiller conjugal.
Par ailleurs, a-t-il poursuivi, il n’y a pas que le jeûne ; il y a également les bienfaits du jeûne. « Vous savez que l’Islam encourage la collectivité, le vivre religieux dans l’espace de la communauté. Le Prophète (PSL) dit qu’il n’y a pas de bien à attendre d’une personne qui fuit la communauté des autres.
Donc, on doit être en communauté pour faire la prière, pour rompre le jeûne. Mais comme je l’ai dit tantôt, dans le contexte du Covid-19, nous avons une excuse. Parce qu’il y a un danger de propagation de la maladie », a expliqué le juriste, auteur et diplômé en management Option affaires internationales.
En Islam, une Fatwa interdit une personne porteuse d’une maladie contagieuse de fréquenter les Mosquées pour les prières obligatoires, a-t-il précisé.
« Cette personne doit rester chez elle, pour ne pas contaminer les autres. Il est également démontré que le Covid-19 peut être asymptomatique.
Donc la personne peut contaminer d’autres sans avoir présenté les symptômes. Finalement, le principe de prudence a voulu que l’on suspende, pour le moment, la célébration des prières », a rappelé l’Imam Tiendrébéogo.
Une obligation plus intense de solidarité à l’endroit des personnes démunies
N’empêche qu’avec l’évolution et le plan de riposte, l’on puisse envisager une situation où le gouvernement, au regard des conditions d’ouverture des marchés, autorisera la réouverture des mosquées sous les mêmes principes ; en accompagnant bien évidemment les acteurs religieux notamment en dotation de dispositifs de lavage des mains, etc., pour les Mosquées qui ne pourraient pas en avoir.
« Il faudrait également multiplier les sensibilisations pour les pratiques barrières (porter le masque, éternuer dans le pli du coude, ne pas se serrer les mains, etc.). Je pense que si tous les éléments sont réunis, et la configuration de l’épidémie est telle que les autorités sanitaires estiment qu’on peut ouvrir sans danger les Mosquées, on ira dans ce sens. Dans le cas contraire, on sera obligé d’observer le Ramadan plus à la maison, de faire les prières quotidiennes et les longues prières en famille », a soutenu le Directeur général du Cabinet d’innovations, de conseils et de pratiques en ressources humaines (CICOP-RH).
Foi du leader religieux, les musulmans ont, par ailleurs, une obligation plus intense de solidarité à l’endroit des personnes démunies sans pour autant s’exposer à la contamination : « La présence du Covid-19 ne nous dispense pas de notre obligation de solidarité vis-à-vis des autres. Surtout que dans ce contexte particulier, il y a des gens qui ne peuvent plus ouvrir leurs boutiques, des gens dont la clientèle a disparu, des gens dont l’entreprise a des difficultés, des gens souffrants, etc. ».
Noufou KINDO
Burkina 24
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