Insécurité au  Burkina : « Tolérer les dérives, n’est pas seulement lâche mais suicidaire » (Dr Daouda Diallo)

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Le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) a livré sa vision de la situation nationale ce mercredi 28 octobre 2020. Il s’est agi pour le Dr Daouda Diallo et ses camarades de revenir sur l’application de l’état d’urgence et « les exactions commises » par les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP).

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Selon le CISC, la situation sécuritaire du Burkina Faso s’est aggravée. Une situation que le collectif met au compte des « insuffisances de certaines mesures prises pour contrer cette situation ». Pour le Dr Daouda Diallo, l’état d’urgence décrété par le président du Faso le 31 décembre 2019 devait permettre de calmer la situation et ramener la sérénité au sein des populations.

Seulement, le but de cette mesure peine à être atteint. Pire, elle se transforme même en outil de dégradation de la situation sécuritaire. « Face à l’application de l’état d’urgence, plusieurs plaintes émanant de la population sont enregistrées », a déclaré le Dr Daouda Diallo, secrétaire général du CISC. Ces plaintes vont des « graves violations » des droits humains au manque d’encadrement de la mise en œuvre de cet état urgence.

Un autre point abordé par le CISC est la question des VDP. Pour le Dr Daouda Diallo et ses camarades, « les VDP s’adonnent à une stigmatisation communautaire sans précédent ». Ils contribuent, selon le CISC, à instaurer un climat de terreur au sein des populations. Une chose qui pousse les militants des humains à déclarer que « les volontaires rament à contre-courant ». Une affirmation qui s’appuie sur les nombreux appels à la cohésion sociale et au  vivre ensemble.

« Avec des évènements qui se sont déroulés en janvier, ce n’est que plus de 7 ou 8 mois après que les premiers actes judiciaires ont commencé à être posés. Le fait que ces actes aient été posés de façon tardive rend la tâche beaucoup plus difficile pour le juge d’instruction parce qu’avec le temps, il y a la disparition des éléments de preuve. (…) A la date d’aujourd’hui, les personnes inculpées, les principaux acteurs connus et identifiés ont même été libérés à la suite de menaces qui ont été faites vis-à-vis de l’autorité de l’État. (…)  L’État a été faible, la justice a été faible. (….) La réaction de l’État dès les premiers moments a été une réaction de complaisance. Il n’y a pas eu de fermeté. (…) Nous sommes bientôt à deux ans mais le dossier avance lentement. Nous sommes véritablement pessimistes quant à l’issue de ce dossier-là »,

Me Ambroise Farama, sur le dossier Yirgou

 « Plusieurs organisations de défense des droits humains sont régulièrement interpelées par des citoyens burkinabè sur les cas de violations graves du principe de libre circulation des personnes et des biens  sur le territoire burkinabè », a dit le secrétaire général du CISC. Selon ses dires, ces violations sont à mettre sur le compte des volontaires pour la défense de la patrie.

Selon les récits du CISC, les VDP font des contrôles sur certains axes routiers du pays. Ainsi plusieurs zones ont été recensées par le Dr Diallo et ses camarades comme des check points. On peut citer, entre autres, Tanwalbougou sur l’axe Fada-Kantcharie-Frontière du Niger, Nataboani sur l’axe Fada-Comin-Yanga-frontière du Togo et à l’entrée de  Thiou sur l’axe Ouahigouya-Thiou. Les régions du Centre-Nord et du Sahel sont aussi concernées par ce « fléau ».

De l’avis du secrétaire général du CISC, ces « graves violations devraient interpeller la conscience de tous les Burkinabè ». Mais ce qu’il souhaite le plus, c’est de toucher les autorités afin qu’elles se rendent compte de la tournure que prennent les choses sur le plan sécuritaire. « Tolérer les dérives sous le fallacieux prétexte de risque de démoralisation des éléments FDS et leurs supplétifs n’est pas seulement lâche mais suicidaire », a-t-il laissé entendre.

« Le peuple Burkinabè a été trompé par cette loi »

A cela, s’ajoute le problème de recrutement des VDP. De l’avis du CISC, certaines communautés ont été exclues dans le processus. Pourtant, lors de son entretien du 24 octobre 2020, le président du Faso a laissé entendre que les recrutements ont été ouverts à toutes les communautés. Selon les propos du chef de l’État, si certaines communautés sont peu ou pas représentées, cela relève de la motivation de ces dernières et non d’une politique d’exclusion de la part des autorités.

Campé sur sa position, le CISC estime que le processus de recrutement n’a pas respecté la loi. Il appelle aussi à faire un recensement des volontaires. Car « sur le terrain, on ne sait pas qui est qui. Ils se promènent en civils avec des armes exactement comme les terroristes ». A défaut de ce décompte, le Dr Daouda Diallo et ses camarades demandent de remettre même si ce sont des badges aux VDP pour les différencier des terroristes. Mais face à ces suggestions, se pose la question de mettre la vie des VDP et de leurs familles en danger en dévoilant leurs identités.

Tout en saluant le bon esprit de la loi d’implication des populations dans la défense de la patrie, le CISC déplore une « mauvaise application ». « Le peuple burkinabè a été trompé par cette loi », a clamé le Dr Diallo. Il estime que la loi a été pervertie.

Basile SAMA

Burkina 24

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