« Affaires crochues » : Un livre qui illumine les dessous des enquêtes particulières

Face à une science juridique dans un contexte africain, le commissaire divisionnaire de police à la retraite Modibo Coulibaly veut attirer l’attention de la « jeune génération sur certaines réalités ». Quoi de plus concret que des témoignages issus de faits réels ? C’est en résumé le message de « Affaires crochues : Le féticheur, la loi, le procureur » présenté le samedi 13 mars 2021 à l’Institut français de Bobo-Dioulasso.

« Affaires Crochues : Le féticheur, la loi, le procureur » du commissionnaire divisionnaire de police à la retraite Modibo Coulibaly se veut être une « leçon de vie pour la jeune génération ». Une leçon que l’on apprend tout de suite à partir du prologue. Cette partie des 121 pages explique comment les prédictions de plusieurs marabouts ont effectivement conduit le personnage au métier des armes en dépit de sa volonté d’embrasser plutôt l’ingénierie civile.

Aussi, l’auteur Modibo Coulibaly qui a incarné le personnage de « l’Inspecteur Koulou » lève un coin de voile sur son parcours professionnel qui plonge le lecteur dans l’univers des enquêtes particulières et un dilemme qui réside entre une science juridique universelle dans un contexte africain parfois teinté de mystères insaisissables.

Mais en toute circonstance, conseille Modibo Coulibaly, « il faut collaborer avec la population. Car son engagement est infaillible ». Un conseil qui, dit-il, vaut encore plus dans ce contexte marqué par l’incivisme. « A notre époque, les gens fuyaient à la vue des hommes de tenue. Mais de nos jours, on assiste même à un affrontement entre la population et les FDS », rappelle-t-il.

Inspiré par le covid19

Si l’idée de l’écriture a longtemps germé dans la tête de l’auteur, ce sont les mesures barrières au Covid-19 qui lui auront fait franchir le pas. A cela s’ajoute le soutien de sa famille et ses « frères d’armes » qui n’ont pas marchandé leurs présences à la cérémonie de dédicace.

L’œuvre constituée de trois rubriques de 10 nouvelles est une autoproduction en partenariat avec la librairie Balaïra et les éditions Mercury. Il est disponible dans les points de vente habituels au prix de 3 000 francs CFA.

Extrait des pages 18 et 19 du chapitre 1 intitulé : La promise du vieux chef de village

« -Inspecteur, je vous signale que le vieux chef de village est impuissant. Je ne saurai être un souffre-douleur en acceptant un mariage vide.

• Quelle preuve avez-vous ? Lui retorqua le premier conseiller du chef de village.
• Je détiens l’information de la troisième épouse du chef. En confidence, elle m’a fait savoir qu’elle se satisfait avec le boucher Karibou du village qui, selon elle, est bien vigoureux.

Cette révélation suscita stupeur et silence de mort dans la salle. Le vieux chef de village ayant d’abord feint de ne rien entendre, s’est brusquement levé en soulevant son grand boubou et d’un coup de rein sec, a présenté un pantalon indigène à la devanture tendue par la raideur de son sexe, qu’on pouvait imaginer puissant par son mouvement de haut en bas, tel le hochement de la tête rouge d’un margouillat. Pendant quelques minutes, le vieux chef de village a tenu sa posture tout en répétant :

• Moi impuissant, moi impuissant, moi impuissant et ça c’est quoi ?
• Ya tiim, ya tiim, a ka toin baafi, a immédiatement réagi Zalita qui s’est exprimée dans sa langue maternelle Mooré.

La traduction littérale fait savoir que le chef de village venait de faire usage de ses pouvoirs d’illusionnistes… ».

Aminata SANOU

Correspondante de Burkina 24 à Bobo-Dioulasso