Protection sociale au Burkina Faso : Lettre ouverte au ministre en charge du travail
Ceci est une lettre ouverte de KABORE/BOUDA Ursule, vice-Présidente de l’Association Burkinabè des Professionnels de l’Assistance Sociale (A.B.P.A.S) au Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection Sociale.
Monsieur le Ministre,
L’Association Burkinabè des Professionnels de l’Assistance Sociale (ABPAS) est une organisation socioprofessionnelle, officiellement reconnue par le MATD le 17 juillet 2019. Elle a pour but de développer et promouvoir les emplois de la filière de l’Assistance Sociale au Burkina Faso. A ce titre, l’un de ses objectifs spécifiques est de promouvoir et défendre les emplois de la filière assistance sociale.
C’est donc dans ce cadre que l’ABPAS a constaté, avec consternation, le changement de dénomination du métier « assistance sociale » par celui du métier « éducation sociale » malgré que tout le long processus d’élaboration du Répertoire interministériel des métiers de l’Etat (RIME) et des statuts particuliers, auxquels notre association n’a régulièrement cessé d’apporter des justifications sur l’inopportunité de ce changement.
Imposition de nouvelles dénominations par le MFPTS
Dans le cadre de l’élaboration du RIME, le Bureau de l’ABPAS (alors ANAAS/BF), en compagnie des représentants du Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la famille dont la DRH et le Cabinet, a participé de bout en bout depuis 2017 aux différents ateliers d’élaboration à Koudougou (8 au 11 mai 2017), Bobo, Ouagadougou, etc.
Les techniciens du Ministère de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection Sociale (MFPTPS) nous avaient proposé un draft0 du document du RIME qui comportait des changements en ce qui nous concerne, c’est-à-dire la famille d’emplois « éducation sociale » en lieu et place de la famille d’emplois « assistance sociale ». Puis, au niveau des familles il vous a plu de retenir sans consentement « adjoint en éducation sociale, attaché en éducation sociale et conseiller en éducation sociale » en lieu et place d’Adjoint social, Educateur social et Administrateur des affaires sociales.
Selon vos agents, les changements visaient entre autres à harmoniser simplement les appellations (adjoint, assistant, conseiller) au niveau des différentes familles d’emplois de chaque métier. Cette explication des nouvelles appellations pour ce qui concerne la famille d’emplois assistance sociale ont été rejetées en bloc par toute l’équipe du ministère en charge de la solidarité nationale et de l’action humanitaire, car la notion « éducation sociale » est réductrice du champ d’intervention et des attributions de l’assistance sociale.
Elle n’est qu’un pan de l’assistance sociale qui est une appellation consacrée aux plans sous régional et international. Aussi, avions-nous signalé que le conformisme doit permettre de bonifier les dénominations et non dévaloriser un emploi. Nous avons été invités à fournir toutes les justifications possibles par écrit (ce qui fut fait depuis Koudougou) pour étude et prise en compte par les techniciens au niveau de la direction générale de la fonction publique
A la surprise générale, en dépit de toutes les désapprobations, justifications écrites et lettres entre les hiérarchies, nous constatons avec amertume que la Fonction Publique a maintenu les appellations qui lui conviennent et non ce qui sied alors que sa logique d’harmonisation n’a pas concerné la famille d’emplois « Administration du travail ». Pourquoi deux poids deux mesures ? Comment peut-on être plus royaliste que le roi ?
Monsieur le Ministre,
Les nouvelles dénominations nous ont été imposées. L’employeur que vous êtes a trouvé une appellation jugée adéquate pour son employé, sans tenir compte de milles et une explications, somme toute, pertinentes. Tout ce qui porte à croire que la technicité sectorielle n’a aucun fondement au Burkina Faso, en dehors de votre simple volonté.
Et pourtant, la politique de création de départements ministériels procède de la volonté d’organiser rationnellement la gouvernance administrative et technique des affaires publiques de l’Etat en fonction des spécificités sectorielles. A quoi ont servi réellement les multiples cadres de rencontres et de concertations, les différents rapports et contributions, les conclusions et recommandations, si nos avis techniques ne méritent pas d’être pris en compte ?
Nous estimons que les emplois, au lieu d’être un simple concept, doivent pouvoir refléter une identité multidimensionnelle pour les acteurs de cette famille d’emplois et s’arrimer aux référentiels nationaux et internationaux du domaine.
Négligences/manquements dans le suivi du dossier RIME ou manque de considérations ?
Dès la prise de connaissance des changements opérés dans le projet de Rime, l’ABPAS a rencontré le 23 août 2018, la DRH du Ministère de la femme, représentant officiel, pour comprendre. Elle a fait savoir qu’avec les débats qui ont eu lieu à l’atelier de Koudougou en mai 2017, les participants avaient proposé que pour notre famille d’emplois, on parle d’Assistance sociale au lieu d’Education sociale.
En outre, ils ont proposé que les anciennes dénominations des emplois de l’Assistance sociale soient gardées en l’état dans le RIME à savoir : Métier Promotion et protection des droits humains, Famille d’emplois : Assistance sociale et emplois : Adjoint social, Educateur social et Administrateur des affaires sociales.
A la fin de l’atelier, il était question de faire un rapport au MFPTPS. Ledit rapport a été transmis dans les délais fixés par le MFPTPS, avec en pièce jointe un procès-verbal qui contient toutes les observations et requêtes faites par les participants à l’atelier dont celle de revenir sur les anciennes dénominations des emplois de l’Assistance sociale.
Au regard de ses démarches et échanges, notre DRH nous avait rassurés que les responsables du dossier au MFPTPS ont manifesté leur disponibilité à garder les anciennes dénominations des emplois de l’Assistance sociale.
Après l’adoption du RIME par le décret n°2019-1111/PRES/PM/MFPTPS/MINEFID du 15 novembre 2019, et convaincu qu’il s’agissait d’une erreur de fichier attaché qui pouvait se résoudre facilement, le Bureau ABPAS a encore entrepris des démarches auprès des autorités de son ministère de tutelle pour comprendre la situation et la possibilité de faire rattraper.
Il est ressorti que nos propositions d’amendements consignés dans les différents rapports d’ateliers et dans le draft de Koudougou n’ont pas été prises en compte, malgré les interpellations et les démarches de la DRH à la Fonction Publique pour favoriser la correction de ces dénominations.
Aussi, Madame la Ministre dont nous apprécions l’intérêt sur la question et son soutien, s’est impliquée en vous adressant la lettre N° 2020-0139/MFSNFAH/SG/DRH du 16 janvier 2020 portant observations sur le Décret du RIME pour plaider entre autres au maintien des appellations de la famille d’emploi « Assistance sociale » et ses trois emplois (adjoint social, Educateur social et Administrateur des Affaires sociales).
Toutes ces tentatives sont restées sans suite. Pourtant, le constat est que le fichier amendé joint en annexe du projet de décret soumis au Conseil des Ministres n’était pas le bon fichier consensuel amendé par les parties prenantes et la Fonction publique qui pouvait rattraper cette situation par tous les recours administratifs possibles au niveau du Secrétariat Général du Gouvernement avant la signature du décret a failli pour des raisons qu’elle seule connaît.
Restauration de la famille d’emplois de la famille d’emploi « Assistance sociale » et ses trois emplois (adjoint social, Educateur social et Administrateur des Affaires sociales)
Face à ces négligences et manquements de la Fonction Publique, nous ABPAS rejetons avec la dernière énergie les nouvelles dénominations à nous consacrées et pour lesquelles nous ne nous reconnaissons pas.
Monsieur le Ministre,
Les contenus des décrets du Rime et du décret portant statuts particuliers que vous vous êtes obstiné à poursuivre les adoptions sans les amendements ont sapé le moral de l’ensemble du personnel de la famille d’emplois « assistance sociale ». Ils expriment leur indignation, frustration et mécontentement face à cette forfaiture.
Nous souhaitons donc par la présente vous demander de bien vouloir trouver tous les moyens qui sont les vôtres pour la restauration, dans les meilleurs délais, de notre famille d’emplois. Cela nous permettra d’avoir des emplois en phase avec les attributions et des travailleurs aux cœurs et esprits apaisés parce que se reconnaissant dans ces emplois et ces attributions.
Aussi, tenez-vous que la justice, la paix et la cohésion sociale passent par l’absence de frustrations et de résignation à travers l’amélioration de l’environnement et du climat de travail.
Convaincus que vous entendrez le présent appel et accorderez une attention particulière à notre sollicitude, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre parfaite considération.
Pour le Président de l’Association Burkinabè des Professionnels de l’Assistance Sociale (A.B.P.A.S)
La Vice-présidente
KABORE/BOUDA Ursule
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