Moumini Dialla : « Il faut que la jeunesse évite de se faire instrumentaliser »
Président sortant du Conseil National de la Jeunesse du Burkina Faso et candidat à sa propre réélection, à la faveur de l’élection des membres du bureau de cette institution, Moumini Dialla a été reçu le mercredi 14 juillet 2021 par Burkina24. Dans les lignes qui suivent, il dresse le bilan de son précédent mandat et décline son programme pour candidater à un second mandat.
Burkina 24 (B24) : C’est quoi le Conseil National de la jeunesse ? Et qu’est-ce qui a motivé sa création ?
Moumini Dialla : Le Conseil National de la jeunesse est la faitière des mouvements et associations des jeunes au Burkina Faso qui est l’interface entre les jeunes et les gouvernants d’une part et l’interface entre les jeunes et les partenaires au développement d’autre part. C’est l’organisation qui apprécie donc l’impact des politiques publiques sur la vie de la jeunesse et porte les préoccupations des jeunes auprès des décideurs. Les objectifs du Conseil National de la jeunesse, entre autres, c’est de travailler à la promotion de la jeunesse, au bien-être social, à l’engagement citoyen et à la contribution des jeunes au développement de notre pays.
B24 : Pourquoi voulez-vous postulez pour un second mandat à la présidence ?
Moumini Dialla : Vous savez bien que mon premier mandat a été un mandat qui a un bilan parlant et pour cela, comme les textes me le permettent, j’ai décidé de porter ma candidature pour un second mandat. Au regard des défis, mes camarades et moi avons pris l’engagement de porter les préoccupations des jeunes, de fédérer la jeunesse burkinabè et travailler à la valorisation de cette jeunesse.
B24 : Quel bilan faites-vous de votre premier mandat ?
Moumini Dialla : Il faut dire que pour le premier mandat, nous avons un bilan qui parle de lui-même. Le premier aspect, c’est l’organisation de la jeunesse burkinabè. Vous savez, depuis notre arrivée à la tête du Conseil National de la jeunesse en 2018, nous avons travaillé à déconcentrer le conseil au niveau provincial, communal et des arrondissements. Aujourd’hui, on peut dire que le conseil est déconcentré conformément au découpage administratif au Burkina Faso.
Le deuxième aspect, nous avons travaillé de concert avec les partenaires au développement mais aussi avec le gouvernement à relever le défi de la formation professionnelle. C’est vrai que beaucoup reste à faire sur ce plan, mais aujourd’hui, on peut citer dans notre bilan, plus de 13 000 jeunes qui ont été formés dans la formation professionnelle en deux ans parce qu’on a eu une année difficile. Mais en deux ans, ce que nous avons fait est fort appréciable.
C’est un bilan très satisfaisant et vous verrez qu’à partir de la dynamique du Conseil National de la jeunesse, il y a une orientation du gouvernement mais aussi des partenaires qui portent une oreille attentive sur les préoccupations des jeunes notamment la formation professionnelle et l’emploi. A cela, vous verrez que l’engagement citoyen, politique, la représentation des jeunes dans les prises de décisions a été notre cheval de batail et aujourd’hui, il y a eu une lueur d’espoir.
Je pense qu’il y a des formations politiques même qui tentent de rattraper la tranche d’âge conformément à la charte africaine de la jeunesse. Egalement, le gouvernement, à la limite du possible, implique les jeunes dans la planification des politiques publiques surtout leur mise en œuvre. On peut dire que c’est une avancée significative dans la construction globale de notre nation. Mais beaucoup restent à faire parce que le quota voulu par la Charte africaine de la jeunesse n’est pas respecté et nous allons continuer ce travail pour terminer.
Sur le plan sécuritaire, le conseil a fait beaucoup. Il y a eu plusieurs actions pour la prévention de la radicalisation et des propositions concrètes au niveau de la jeunesse pour que, ensemble, l’on puisse travailler au retour de la sécurité dans notre pays. Quand vous prenez tout ça en deux ans, je vous avoue que ce soit le gouvernement ou les partenaires au développement et les jeunes eux-mêmes, tous ont salué cette dynamique du Conseil national de la jeunesse. Aussi, le conseil a travaillé à la promotion de certains jeunes burkinabè à l’échelle internationale.
Sur l’ensemble des secteurs liés à la jeunesse, à travers la dynamique du conseil, la jeunesse a pu poser sa marque et continuer de poser sa marque. Et l’un des résultats qu’il faudra souligner, c’est surtout la dépolitisation du conseil. Nous avons travaillé contre vents et marées à dépolitiser le conseil, à travailler à avoir un conseil qui fédère les jeunes de tout bord, c’est à dire les jeunes qui sont dans les partis politiques, dans le milieu syndical, dans le milieu associatif et cela a été un grand coup parce que le problème du conseil national de la jeunesse, c’est la politisation.
Généralement, comme la tranche de la jeunesse constitue la partie la plus importante de la population, les hommes politiques tentent de récupérer le conseil et vous verrez que durant tout notre mandat, nous avons fait de notre mieux pour que le conseil reste sur sa ligne, soit une organisation vraiment crédible, qui porte les préoccupations de la jeunesse dans sa diversité et c’est un acte qui a été salué par plus d’un.
Je pense que c’est ce qui a permis au conseil aujourd’hui d’avoir une forte assise à travers le territoire national, un maillage territorial très conséquent et l’adhésion de l’ensemble des jeunes burkinabè et avoir une telle institution en deux ans, travailler à la consolidation et à la fortification du Conseil national de la jeunesse, je pense que c’est un pari gagné et dans ce sens, nous allons continuer le travail.
B24 : Quel sera votre programme une fois élu pour un second mandat ?
Moumini Dialla : Une fois élu au second mandat, le défi serait d’accompagner la création d’emplois. Vous savez, les jeunes, quoi qu’on dise, nos universités continuent de former des chômeurs. Ça, il faut le dire avec toute l’énergie qu’il faut et travailler de sorte à ce que ce ne soit plus le cas. Mais aussi que ceux qui ont la petite formation professionnelle puissent avoir de l’emploi. Dans notre pays, on a l’impression que la question de l’emploi par des jeunes ne fait pas partie des priorités. Pourtant il faudra prendre cette question comme étant une priorité comme la question sécuritaire.
Si les jeunes n’ont pas d’emplois, ils peuvent être détournés pour d’autres objectifs qui n’ont rien à voir avec la construction nationale. Sur ce plan, nous allons vraiment travailler à ce que la question de l’emploi soit une réalité, qu’on puisse réduire le taux de chômage, que les universités forment des gens capables de s’auto-employer. Ce sera notre premier cheval de batail.
Le deuxième élément, c’est le défi de la représentation des jeunes dans les structures, dans les prises de décisions. Vous regardez à l’Assemblée nationale aujourd’hui, on n’a que deux députés jeunes sur les 127 et cela n’est pas bien pour l’image du pays qui a plus de 72% de la population qui est jeune.
Je pense qu’on doit retravailler à ce niveau pour que la jeunesse puisse avoir accès aux sphères de prises de décisions et prendre courageusement leurs décisions et aussi y porter la préoccupation de leurs camarades.
B24 : Parlez-nous un peu du nouveau plan d’actions visant le renouvellement des dirigeants des organes de la structure (CNJ-BF)
Moumini Dialla : Il faut dire que le prochain congrès, c’est pour les 16 et 17 juillet 2021 à Kaya, un congrès à l’issue duquel le bureau exécutif national sera renouvelé pour permettre d’avoir un sang neuf et surtout de respecter les textes fondamentaux. Après cela, à partir du 24 juillet, nous allons procéder au renouvellement des bureaux régionaux et à partir du 30 juillet, nous allons procéder au renouvellement des bureaux provinciaux. Dans le mois d’aout, nous allons procéder au renouvellement des bureaux des communes et arrondissement. Voilà comment nous voulons procéder pour permettre d’avoir des instances renouveler et surtout une institution qui respecte ces textes fondamentaux.
B24 : Des jeunes contestent l’organisation des élections des membres du CNJ expliquant que les articles 24, 25, 26 du Code électoral, prévoient 30 jours de délai pour informer les associations alors qu’elles ont eu 8 jours. Est-ce que ces élections ne seront pas entachées ?
Moumini Dialla : Il faut dire d’abord que c’est archi faux ce qui est en train de se dire. Les articles qu’ils évoquent ont été totalement respectés. La première des choses, ils évoquent de n’avoir pas eu les 30 jours pour informer les associations. Si vous tapez sur votre page ou sur Google, vous verrez que l’annonce du processus électoral a été faite depuis le 14 avril 2021. Ça vous fait à peu près trois mois. On a largement dépassé les 30 jours. Les 8 jours qui ont été ouverts pour recevoir les candidatures, ce n’est pas à ces jours qu’il faut aller se préparer pour chercher les casiers judiciaires pour constituer le dossier. Personne n’a dit ça.
Le deuxième aspect, ils évoquent qu’il y a des membres du Conseil national de la jeunesse qui sont dans la commission d’organisation des élections. Cela aussi, ce n’est pas vrai, parce que les membres ont le droit d’être dans la commission d’organisation des élections.
Aujourd’hui, je pense que souvent, il faut qu’on arrête les anciennes méthodes. La feuille de route a été publiée appelant à aller aux élections depuis le 14 avril. C’est une feuille de route issue de la rencontre de Dédougou dont eux-mêmes ont participé. Une rencontre élargie avec l’ensemble des bureaux régionaux, provinciaux pour évaluer cette feuille de route. Et quand vous prenez après la rencontre de Dédougou, un mois plus tard, nous sommes venus à Gaoua encore pour revisiter la feuille de route. Eux-mêmes ils ont adopté la feuille de route qui est consignée dans un procès-verbal.
Je ne comprends pas, ce n’est pas fondé. Ce sont des élections nationales, nous avons 13 régions au Burkina Faso qui doivent venir pour les élections et vous verrez que c’est un groupuscule à Ouagadougou qui contestent. Si les élections n’étaient pas crédibles, on aurait dû avoir au moins 3, 4, 5 régions qui contestent également. Et quand vous prenez les contestateurs, ils ne sont même pas membres du Conseil national de la jeunesse. Les gens sont allés prendre des élèves qui courent dans tous les sens pour dire ce qu’ils ne savent pas.
« Chaque génération a des pyramides à construire. C’est à notre génération de décider de construire la nôtre ou de ne pas la construire «
B24 : Avez-vous un autre point à souligner ?
Moumini Dialla : En tant que président, également candidat aux élections du 17 Juillet prochain à Kaya, je voudrais qu’on comprenne ceci. La jeunesse burkinabè est assez mature. Elle doit suffisamment s’organiser. Elle doit s’unir dans sa diversité parce que chaque génération a des pyramides à construire. C’est à notre génération de décider de construire la nôtre ou de ne pas la construire. Il est important qu’au regard de la situation nationale, au regard du défi à relever dans notre pays, que la jeunesse parle le même langage, soit unifiée et évite de se faire instrumentaliser, exploiter, utiliser à des fins subjectives.
Je pense que le plus important pour nous, c’est que le pays puisse avancer, contribuer au développement national. C’est ce que j’avais à ajouter tout en souhaitant un fair-play au sein du Conseil national de la jeunesse, surtout que les candidats soient à la hauteur et ne se laissent pas instrumentaliser par des Hommes politiques qui ont l’intention de récupèrer la structure.
Wendyam Kady Melica Beloum (Stagiaire)
Burkina 24
Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Suivre la chaine
Restez connectés pour toutes les dernières informations !
Restez connectés pour toutes les dernières informations !