Assassinat de Thomas Sankara : « Un complot préparé et savamment exécuté », selon « Le Lion »
Boukary Kaboré dit Le Lion » est le deuxième témoin à la barre, dans le cadre du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons. Il était le commandant du Bataillon d’Intervention Aéroporté (BIA) de Koudougou au moment des faits.
Avant d’entamer son témoignage, il a tenu à faire trois observations. La première concernait le refus du tribunal d’enregistrer et de diffuser le procès. Boukary Kaboré s’est indigné « face à ce refus qui n’a pas de sens », selon lui.
« Le procès Thomas Sankara est historique. Ça dépasse le Burkina, l’Afrique. C’est mondial », a-t-il laissé entendre. Pour lui, au regard des murmures de l’opinion, l’enregistrement du procès est une question primordiale qui joue sur la crédibilité du jugement.
Sa deuxième observation concernait le déterrement des martyrs pour des questions d’autopsie. Il a souhaité leurs re-enterrements. « Je souhaite que même si le procès ne sera pas suspendu pour les enterrer, qu’il ne finit pas sans que les martyrs ne soient re-enterrés », a-t-il exprimé.
Sa troisième requête était relative à l’absence de certaines personnes sur la liste des témoins. Il a cité entre autres Yoda Réné et son propre chauffeur qu’il estime être des personnes indiquées pour éclairer la juridiction.
A l’entame de son récit, Boukary Kaboré dit Le Lion perçoit l’assassinat de Thomas Sankara comme un « complot préparé et savamment exécuté ». Il dit également avoir tout mis en œuvre pour éviter la fusillade sans succès.
Entre autres, l’arrestation du Capitaine Blaise Compaoré, la démission ou l’exil du président lui-même, il a cité bien de propositions qu’il avait faites au président Thomas Sankara afin d’éviter la survenue des événements du 15 octobre 1987.
Il ne manque pas d’égrener les qualités humaines dont disposait Thomas Sankara. Qu’à cela ne tienne, il lui reproche l’inaction face aux agissements de Blaise Compaoré. « Il m’a dit si je touche à un seul poil de Blaise, on ne va pas se parler jusqu’à la fin de nos jours. Et moi j’ai dit ‘le monsieur là va te tuer’. Il me dit ‘faut laisser il va me tuer et les gens vont parler de ce qu’il a fait de moi’ », a-t-il raconté.
Boukary Kaboré a aussi fait cas de la volonté du président Ghanéen John Rawlings de prévenir Sankara de sauver sa vie, sans succès. En plus, il a évoqué des infiltrés qu’il avait positionnés pour pouvoir rendre compte de ce qui se tramait au sein des unités contre le président.
« Seydou Bandé et Joahni Yaméogo étaient des infiltrés et ils ont donné des informations. Mais ils ont été tués après », a-t-il révélé. « Il ne voulait même pas de garde. Moi je dis qu’il s’est suicidé », a laissé entendre Le Loin avec de l’émoi. Mais il retient bien de choses positives de l’homme : « Sankara a rempli sa mission. L’intégrité par excellence, c’était l’homme Sankara ».
L’audience se poursuit demain 17 novembre 2021 avec toujours « Le Lion » à la barre. Par rapport à la requête du témoin concernant le témoignage de Yoda Réné et de son chauffeur Rasmané Ouédraogo, Maître Prosper Farama de la partie civile a apporté un appui.
Il souhaite que la chambre ordonne l’audition de ces deux personnes afin d’éclairer plus le tribunal. Le parquet dit prendre note et donnera son avis après. Maître Farama a demandé également une confrontation entre le Général Gilbert Diendéré et le témoin Boukary Kaboré.
Akim KY
Burkina 24
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