Chronique l « Nomination de Lassina ZERBO : Des ‘infiniment petits’ à la gestion de la cité »

Le Burkina Faso regorge des potentialités intellectuelles reconnues dans le monde entier. De toutes les organisations internationales, ce petit pays au relief extraordinaire y a toujours compté des hommes et des femmes.

Malgré une adversité naturelle défavorable à une vie épanouie, les Burkinabè ont toujours su s’adapter et offrir le meilleur d’eux-mêmes dans toutes les sphères de la vie. Ainsi le Burkina Faso ne s’est pas privé d’une meilleure éducation qui fait que ses filles et fils se sont toujours bien illustrés dans des meilleures écoles internationales pour enfin occuper des grands postes internationaux.

Monsieur Lassina ZERBO fait partie de cette élite intellectuelle dont la renommée a traversé tous les continents. En effet, il a occupé le poste de Directeur du centre de gestion des données de l’Organisation de traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE) dont il a été le Secrétaire exécutif depuis 2013 jusqu’à sa nomination le 10 décembre 2021 comme Premier ministre du Burkina.

Cet intellectuel hors pair aux qualités managériales irréprochables avait même candidaté en 2019 au poste de la Présidence de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Alors ce Monsieur qui aimait la science de l’infiniment petit devient le Chef du gouvernement burkinabè. Cet oiseau est aussi rare, et comme pour dire que le Président est friand de Samo à la tête de son gouvernement. Cependant, il est trop tôt de se prononcer sur ses compétences face aux défis actuels, mais tout de même, l’espoir est permis. 

D’abord ce Monsieur n’est pas un inconnu parfait de la classe dirigeante politique. Pendant sa candidature à l’AIEA en 2019, il a été soutenu par son pays et son nom n’est pas familier dans beaucoup de cercles politiques comme à l’international. Ce Monsieur qui a toujours lutté contre la prolifération des armes nucléaires dans le monde va l’appliquer dans le cas concret du Burkina.

En proie au terrorisme dont lui-même en a conscience, il devrait expérimenter la pratique de son expérience dans le désert burkinabè. Sa riche carrière internationale est un atout dans la diplomatie et aussi dans la maîtrise l’armement au niveau international.

Le fait qu’il était hors du système est un avantage comparatif dans son nouveau management. Il ne sort de nul clan et il n’en a pas besoin qui fait que ses collaborateurs seront au pas s’il marque bien son empreinte. Il n’est ni trop jeune pour avoir trop de bienséance au sein de son gouvernement, ni vieux pour marcher à pas de tortue. Il est dynamique pour conduire une équipe dont les membres n’ont pas d’accointances avec lui de par le passé du fait de la politique politicienne.

Mais ce choix du Président nous interroge à deux niveaux.

1. D’abord si nous raisonnons qu’il a proposé ses services au pays, – ce qui est souhaitable- alors nous ferons un bon Premier ministre car il connaît les enjeux, les a acceptés et sait comment s’y prendre.
2. S’agit-il d’une négociation acharnée de l’exécutif burkinabè pour avoir du sang neuf, surtout dans la lutte contre le terrorisme ? Dans ce sens, il est important que l’on mette à sa disposition une équipe compétente capable de l’accompagner concrètement et lui donner les coudées franches pour agir.

Dans tous les cas, l’homme a fait le choix de la patrie et nous devons tous le reconnaître. Laisser ses privilèges et ses hautes fonctions internationales pour venir dans ce « bourbier », il y a un pas à franchir et en cela toute la nation lui est reconnaissante et lui souhaite plein succès.

Le Président du Faso devrait pouvoir lui donner les rudiments nécessaires pour l’accomplissement de sa mission. C’est pourquoi le président doit lui donner carte blanche pour la formation du gouvernement. Il doit éviter les erreurs de ses prédécesseurs et aussi en allant au-delà des solutions unilatérales.

Excellente mission à cet esclave qui s’est affranchi notoirement.

Pingdwendé ZIDA ([email protected])