Ladji Yoro : Ces hommages post-mortem !
Un voile noir s’est abattu sur le Loroum et sur toute la région du Nord. L’un des piliers qui tenait la région debout face aux assauts terroristes s’est écroulé. Soumaïla Ganamé, plus connu sous le nom de Ladji Yoro a perdu la vie le jeudi 23 décembre 2021 dans une embuscade, alors qu’avec son équipe de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), il escortait des commerçants qui ravitaillaient la ville de Titao, sous blocus des forces du Mal.
40 autres personnes, civils et VDP, ont perdu la vie, selon un communiqué du gouvernement, sur cet axe infesté par la vermine. Comme un héros de tragédie grecque, Ladji Yoro est tombé les armes à la main et entre dans l’immortalité !
Celui qui a passé l’arme à gauche était devenu l’un des symboles de la résistance du peuple burkinabè face à l’ennemi. Le jardinier paisible qu’il était a abandonné ses outils de travail pour la kalachnikov, lorsque son village a commencé à recevoir la visite de ceux qui prétendent agir au nom de l’islam.
Débute pour ce polygame, père de plusieurs enfants, une longue résistance contre les forces oppresseurs qui veulent imposer leur diktat, quand ce ne sont pas tout simplement de vulgaires bandits de grands chemins.
Au fur et à mesure des accrochages, Ladji gagne des victoires et s’impose. Son courage et ses faits d’armes au combat entrent dans la légende. Que ses pouvoirs mystiques soient réels ou pas, peu importe, l’évocation de son seul nom suffisait à rallier les fils et les filles du Loroum à la cause et faisait frémir d’effroi l’adversaire.
Il y a encore quelques jours, Ladji Yoro réitérait pourtant son appel à l’aide…
Dans la lutte contre le terrorisme, Ladji Yoro était sans doute l’un des meilleurs combattants, parce qu’à lui seul, il entretenait l’espoir d’une victoire totale et définitive contre les groupes armés non étatiques. C’est peu de dire qu’il était devenu l’ennemi à abattre chez les terroristes qui voyaient leur entreprise contrée par un seul homme dans cette zone infestée.
Ce guerrier était aussi le plus médiatique. Comprenant la nécessité de faire connaître le calvaire de son Loroum tant aimé, il n’hésitait pas à se filmer dans la brousse avec son groupe après des combats ou donner des interviews pour alerter sur la situation.
Mais ses cris de détresse étaient restés sans réponses concrètes. Malgré quelques opérations sporadiques, Ladji et ses hommes ont toujours été presque seuls dans leur combat. Il y a encore quelques jours, il réitérait son appel à l’aide. Que nenni ! Il trouvera la mort alors que des troupes militaires étaient censées être déployées dans la zone.
Le décès de ce héros national a plongé tout le pays dans l’émoi, à commencer par le Président du Faso qui a rendu hommage entre autres sur Twitter à un « intrépide VDP qui doit être le modèle de notre engagement déterminé à combattre l’ennemi ».
Un « samouraï de la brousse » décoré à titre posthume
Le ministère des Armées dont relèvent les VDP a communiqué deux jours après l’attaque, soit le 25 décembre 2021. Les Burkinabè n’ont connu le bilan officiel du drame que ce même jour de Noël, comme si l’on avait voulu jouer la montre.
Le Chef de l’Etat a décrété un énième deuil national de 48 heures en hommage aux infortunés de la route de Titao qui reposent depuis ce dimanche 26 décembre à Ouahigouya, le chef-lieu de la région du Nord. Ladji Yoro a été élevé à titre posthume au rang de Chevalier de l’Ordre de l’Etalon, devant une foule immense à laquelle se sont joint des autorités.
Mais ils sont nombreux ces Burkinabè à trouver indécents ces hommages post mortem des autorités politiques et militaires, souvent à coups de formules dithyrambiques, alors que de son vivant, Ladji Yoro demandait juste un peu de moyens pour défendre son patelin.
Mais en véritable « samouraï de la brousse », ce héros national n’a jamais abandonné les siens et a préféré affronter la mort qu’il savait implacable. En cela, il mérite le respect de toute la Nation !
Beaucoup espèrent que d’autres Yoro naîtront de partout pour poursuivre le combat. Surtout qu’après son sacrifice suprême, plus d’efforts soient faits à l’égard des VDP qui payent un lourd tribut dans leur volonté de défendre leur famille, leur village, leur province, leur pays, sans moyens conséquents !
La Rédaction
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Bel édito.
Permettez que je fasse une suggestion pour l’avenir. Dans ce conflit se joue aussi, à tort ou à raison, l’angoisse d’une partie de la population, plus nombreuse que ceux qui nous agressent. Cette partie du peuple redoute que les valeurs de leur société soient en train de changer contre leur volonté. Vous qui réfléchissez devriez tenir compte de cet aspect dans l’analyse et dans l’action. Par exemple, il faut faire l’effort que le référentiel soit aussi de tant à autre local sinon africain. Exemple référence loin de nous que vous pourriez facilement remplacer si vous y penser :
1. « Celui qui a passé l’arme à gauche » purement européen et inutile en l’occurrence. « Celui qui a rejoint nos ancêtres », « Celui qui est à terre » « Celui qui a répondu à ses pères »….
2. « Comme un héros de tragédie grecque » … quand même, il n’y a pas de héros chez nous ?
3. « véritable « samouraï de la brousse » » …
Plus les penseurs vont avoir un référentiel local, moins sera l’écart entre eux et la base.
Je n’ai pas dit que c’est facile, mais j’attire juste votre attention que si les intellos continuent de vivre et de se référer quasi-exclusivement à l’extérieur, ils pourront être surpris par la base qui ne les suis pas dans leur exotisme.
(Quand au Twitter du PF, un audio aurait été 1000 fois mieux. Qui va sur Twitter ?)
Si vous m’aviez compris, merci. C’est mon humble contribution et si vous ne publiez pas cela ne me dérange pas du tout.