Coup d’Etat au Burkina : « Si ces gens échouent, c’est qu’on est définitivement morts » (Adama Tiendrébéogo dit Colonel)
Adama Tiendrébéogo dit Colonel, membre de l’Initiative populaire des organisations de la société civile pour l’unité nationale, a l’habitude de se prononcer sur les grandes questions de la vie de la nation. Commerçant de profession et activiste, il est l’un des acteurs qui ont été les premiers à demander la démission de Roch Marc Christian Kaboré. Avec l’avènement du coup d’Etat du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), il a donné son avis sur la situation nationale, ce mercredi 2 février 2022.
Burkina 24 (B24) : De la politique vous vous retrouvez dans la société civile, expliquez-nous cela ?
Adama Tiendrébéogo (AT) : En 2020, nous avons eu des difficultés avec le Président de notre parti qui est Eddie Komboïgo (CDP). Nous avons voulu utiliser notre position de secrétaire national de la jeunesse du parti pour demander la démission de l’ex-président Roch Kaboré. Eddie n’a pas accepté. Il y a eu des tractations jusqu’à ce qu’on nous suspende du parti.
On était obligé de créer notre mouvement pour continuer la lutte. Cette lutte nous a même valu la condamnation de 6 mois assortie de sursis par le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou. Nous avons été cohérents dans notre façon de voir parce que, pour nous, le Président Kaboré n’était pas l’homme de la situation et n’est pas la solution à nos difficultés.
Pour nous, il était le problème même pour le Burkina Faso. C’est pour cela que nous sommes restés constant dans notre façon de voir qu’il devait démissionner et depuis fort longtemps. Depuis presque 6 ans, c’est ce que nous avons tout le temps dit : Roch n’est pas la solution.
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B24 : Vous avez été l’un des premiers acteurs à demander la démission de Roch Kaboré, actuellement que vous avez obtenu ce que vous voulez, quelle analyse faites-vous de la situation nationale ?
AT : La situation est très difficile. On a beaucoup de déplacés internes, des écoles fermées, l’administration qui plie bagage, c’est difficile. Ce que le peuple veut, c’est la sécurisation du territoire. Nous leur (les militaires, ndlr) demandons de travailler dans ce sens. Parce que c’est là-bas que Roch Marc Christian Kaboré et son MPP ont échoué. Ce que le peuple veut c’est la paix et la sécurité.
B24 : Faites-vous confiance au Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) pour ramener la sécurité au Burkina Faso ?
AT : C’est une obligation. Roch a échoué, si ces gens échouent encore là-bas, c’est que nous on est définitivement morts. Ça veut dire qu’on doit définitivement enterrer le Burkina Faso. L’erreur n’est pas permise. Ils doivent travailler à sécuriser notre territoire. Les déplacés internes doivent commencer progressivement à regagner leurs domiciles pour reprendre leurs activités. C’est ce que nous attendons d’eux. On ne leur demande pas de venir construire des voies, des écoles, non ! C’est la sécurité les gens veulent pour retourner dans leurs localités.
B24 : Comment voyez-vous la gestion de la transition avant l’organisation des élections ?
AT : Pour le moment, le MPSR n’a pas encore déroulé son programme de ce qu’il veut réellement faire. On a suivi le discours du président, il parle de la cohésion et de l’union, c’est bien. Mais nous on les attend à l’œuvre. Si d’ici là, les personnes déplacées internes commencent à regagner leurs localités tout le monde va les applaudir.
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B24 : Seriez-vous prêt à accepter une transition purement militaire ?
AT : Je ne pense pas qu’une transition purement militaire soit une bonne chose. Cela va vouloir dire que les militaires ne font pas confiance aux civils. Alors que nous sommes tous des Burkinabè et on doit travailler ensemble. Pour moi, il faut travailler avec les compétents. Si un civil est compétent, il faut le mettre là où il peut servir pour l’intérêt supérieur de la nation.
B24 : Vous avez toujours prôné le retour des exilés, à votre avis est-il opportun de soumettre cette préoccupation au MPSR ?
AT : Quand on parle de la cohésion, de l’un des fils et des filles du Burkina Faso, on parle de tout le monde. Il faut travailler à ce que tout le monde rentre. Pour que chacun à son niveau contribuent à la paix au Burkina Faso. Même ceux qui sont en prison notamment les généraux il faut travailler à ce qu’ils aient l’apaisement. C’est ce que le peuple burkinabè veut.
Le MPP a passé 7 ans à diviser les gens. La maison que Roch Kaboré a aménagé pour Blaise Compaoré, lui-même il loge là-bas présentement. Nous pensons que nous sommes tous des Burkinabè et on doit travailler à ce qu’il y ait l’harmonie, l’entente entre les filles et les fils du Burkina Faso. C’est ça qui est important.
La division ne nous amène nulle part si ce n’est que des problèmes seulement. Et nous, on ne veut pas de problème. Le Burkina Faso ne peut être géré par une entité donnée, il faut la contribution de tout le monde.
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B24 : Donnez-vous combien de temps pour cette transition avant le retour à l’ordre constitutionnel ?
AT : S’il n’y a pas de sécurité on ne peut pas parler des élections. Ils doivent travailler à ce qu’il y ait la sécurité avant de parler des élections.
B24 : Envisagez-vous à revenir en politique ?
AT : Je suis un homme politique, n’eut été ma suspension au sein de mon parti le CDP et que je ne peux plus agir au compte de ce parti. C’est pour cela nous avons créé notre mouvement et on travaille avec les autres camarades comme, entre autres, Abdoul Karim Baguian dit Lota, Hervé Ouattara et Marcel Tankoano. Mais d’ici là, on verra qu’elle attitude adoptée définitivement. A savoir s’il faut rester sur le terrain de la société civile ou repartir dans le terrain politique.
Propos recueillis par Jules César KABORE
Burkina 24
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