Burkina Faso : Le double handicap de l’association Wend La Mita !

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Ils ont dit non à la mendicité. Malgré leur handicap, ils refusent de dépendre de qui que ce soit. A la sueur de leurs fronts, ils vivent, et mettent leurs familles à l’abri du besoin, malgré les difficultés auxquelles ils font face. Eux, ce sont les membres de l’association Wend La Mita. Créée en 1990, cette association regroupe les personnes vivant avec un handicap. Réunis dans le quartier Wemtenga à Ouagadougou, ils œuvrent dans la confection des objets d’arts et les jeux éducatifs. Mais tout n’y est pas rose ! 

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Quelques œuvres réalisées par les membres de l’association Wend La Mita

Assis par groupes quand nous arrivions, chacun de son côté s’attèle à terminer sa tache journalière. Entre bruits de machines et de motocyclettes qui passent, car installés au bord de la voie dans un six-mètres du quartier Wemtenga de Ouagadougou, les membres de l’association Wend La Mita nous accueillent avec une grande sympathie.

Ils sont handicapés. Au nombre de la quinzaine, ces personnes travaillent ardemment pour gagner leurs pitances quotidiennes. Installés, certains sur leurs engins roulant, d’autres quant à eux sont assis à même le sol, car le travail les y oblige.

Œuvres d’arts, jouets éducatifs, objets décoratifs… C’est le savoir-faire de ces Personnes Vivant avec un Handicap (PVH). Ayant acquis une formation pour la cause, ils exercent leurs taches avec habilité.

« On a créé cette association pour venir en aide aux handicapés qui sont en difficulté et qui n’ont rien à faire. Qu’ils puissent au moins apprendre quelque chose et vivre de leur travail au lieu de rester à mendier au bord des voies », souffle Felix Zemane, président de l’association Wend La Mita.

« Plus rien ne va »

Si avant, les marchés étaient fluides pour ces braves artisans, force est de constater que la belle époque a plié bagages. Ils sont confrontés aux difficultés d’écouler leurs marchandises. En effet, ces artisans avaient pour clients, les occidentaux, communément appelés les Blancs. Venus en tourisme ou en mission, ces expatriés s’approvisionnaient en objets d’arts auprès de ces artisans.

Mais, depuis la dégradation de la situation sécuritaire et l’avènement du covid-19 au Burkina Faso, les étrangers se font rares, plongeant  du même coup les artisans de l’association Wend La Mita dans une crise. Plus rien ne va ! Ils font maintenant face aux difficultés financières. Difficile de joindre les deux bouts.

Outre les effets de la crise sanitaire et sécuritaire, Evariste Sorgho, membre de l’association Wend La Mita, pointe du doigt l’Etat. De ses dires, il fait savoir qu’ils sont oubliés par l’Etat. Il affirme par ailleurs que l’Etat qui pourrait leur confier certains marchés, par exemple la confection des tables-bancs, des jouets éducatifs pour les garderies et bien d’autres, mais préfère aller les confectionner ailleurs à des prix exorbitants. Chose que les membres de l’association dénoncent.

« L’Etat ne nous regarde pas »

« Depuis l’apparition de la pandémie de COVID-19 et de l’insécurité, tout a basculé. Les touristes qui venaient au Burkina pour les congés sont maintenant obligés de rester chez eux. En plus, l’Etat ne nous regarde pas. Il peut par exemple nous confier des travaux de notre domaine, mais il ne fait pas. Il préfère aller acheter les objets ailleurs à des coûts élevés », a insisté Evariste Sorgho.

Cependant, ces artisans en difficulté, ayant tourné le dos à la mendicité souhaitent que l’Etat revoie leurs conditions. « Nous souhaitons que l’Etat nous soutienne moralement comme financièrement, afin qu’on ne se sente pas obligé de retourner dans les rues pour mendier dans le but de joindre les deux bouts », renchérit Evariste Sorgho.

« Nous voulons aussi avoir des expositions à l’étranger »

De ce qui est des projets, Felix Zemane, en a plusieurs. Pour un bon fonctionnement de leur business, il est de bon ton de viser plus gros. « Nos projets, c’est au niveau des expositions à l’extérieur. Nous voulons aussi avoir des expositions à l’étranger, et se faire valoir dans d’autres pays comme les autres artisans.

Nous voulons également agrandir notre siège, avoir des magasins pour stocker nos objets, comme ça s’il y a des commandes, qu’on puisse livrer rapidement », a révélé le président de l’association Wend La Mita.

Des avions fabriqués par les membres de l’association Wend La Mita

Pères et chefs de famille, ils sont en manque de ressources pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Ils vivent au jour le jour. Impossible pour eux de faire une recette journalière. A croire qu’il leur arrive de vivre des jours sans avoir le moindre sou. La pression de faire un pas dans les rues pour mendier est forte…

Sié Frédéric KAMBOU

Burkina 24

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