Valorisation des résultats de recherche en santé : Il était temps d’associer la presse
Au Burkina Faso, l’Institut National de Santé Publique (INSP) publie chaque année entre 70 et 80 articles scientifiques dans les revues scientifiques. Seulement, les résultats des recherches contenus dans ces articles ont pour l’instant peu d’effets sur la santé des populations, puisqu’ils sont faiblement vulgarisés via les médias. C’est bien conscient de cette lacune que l’Institut National de Santé Publique en collaboration avec le Laboratoire National de Santé Publique (LNSP) a organisé du 14 au 16 mars 2022 un atelier de formation au profit d’une trentaine de journalistes et communicateurs venus de Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Diébougou et Nouna pour leur permettre de se familiariser avec les techniques de diffusion et de valorisation des résultats de recherche en santé en messages accessibles.
Il n’est pas rare d’entendre dans certains débats que les chercheurs burkinabè cherchent mais ne trouvent rien. Et pourtant, c’est tout le contraire si l’on en croit le nombre d’articles scientifiques qui est publié chaque année par des chercheurs burkinabè. A titre illustratif, à l’INSP, ce sont au moins 70 articles scientifiques qui sont publiés par an dans des revues scientifiques, et donc destinés à un public de spécialistes.
De l’avis du Pr. Hervé Hien, Directeur Général de l’INSP, moins de 5% des articles produits par les chercheurs sont transformés en des documents accessibles et utilisés par le ministère de la santé pour des prises de décision. Les 95% autres restants sont utilisées à l’international, ou utilisés pour la valorisation individuelle pour la promotion, ou utilisés pour la formation des étudiants.
« Mais ceux-là qui devraient être informés sur leur état de santé c’est la population et 80% ne sont pas informés de ces résultats de recherche », se désole le DG de l’INSP.
Et pour cause, les résultats dorment dans les tiroirs. « Si les chercheurs sont heureux de publier dans les grands journaux, il faut reconnaitre malheureusement que cette contribution ne va qu’à l’endroit des autres chercheurs », renchérit le Pr. Eli Kabré, Directeur Général du LNSP qui ajoute : « les hommes de médias nous apparaissent comme d’excellents vecteurs pour réduire les écarts abyssaux entre les connaissances scientifiques détenues disponibles et leur utilisation par la population ».
D’où la tenue de cet atelier de formation dont l’objectif est d’outiller les journalistes et les communicateurs à s’approprier le processus de mise en œuvre des projets de recherche pour la santé et surtout de se familiariser avec la stratégie de diffusion et de valorisation des résultats de la recherche en message accessible au grand public. Il est ressorti qu’en la matière, le data journalisme est un outil important pour la production d’œuvres journalistiques digestes et assimilables par la population.
« Nous sommes allés à l’école du processus de mise en œuvre des projets de recherche pour la santé. Nous avons renforcé nos connaissances sur la stratégie de diffusion et de valorisation des résultats de la recherche pour la santé. Nous voici outillés sur les techniques et stratégies d’élaboration des messages issues des résultats de la recherche destinée à la diffusion pour la population », dira le représentant des participants à l’atelier de formation, Gnarkité Da (Journaliste à la télévision nationale).
Tous les participants ont d’ailleurs salué la tenue de cette formation, d’où ils sortent nantis d’un background solide pour mieux analyser les résultats de recherches et les rendre en message accessible à tout public. Le premier responsable de l’INSD, le Pr. Hervé Hien a souhaité que cette formation marque le début d’une collaboration entre l’Institut national de santé publique, le Laboratoire national de santé publique et les médias pour une meilleure vulgarisation des résultats de la recherche auprès des populations et des décideurs.
Cet atelier de formation a été organisé dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Production d’analyses et de données pour l’amélioration de la santé de la mère » (PAASME), financé par l’Union Européenne.
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