Situation sécuritaire : Les autorités rassurent, la population s’impatiente
Ils sont peu de Burkinabè à savoir encore à quoi ressemble un premier conseil des ministres post-coup d’Etat. Eh bien, il n’est pas différent des autres. Sauf que, pour leur première, ce vendredi 18 mars 2022, les membres de l’équipe du Premier ministre Albert Ouédraogo étaient certainement habités par la pression populaire qui attend d’eux des résultats hic et nunc.
Il a été essentiellement question, au cours de la première rencontre hebdomadaire de l’Exécutif, de la situation sécuritaire préoccupante, a confié au sortir du conclave, le ministre en charge de l’Éducation, Lionel Bilgo, qui entrait pour la première fois dans son rôle de porte-parole du gouvernement.
« Il y a des stratégies militaires qu’on ne peut pas expliquer publiquement. Tout est mis en œuvre pour que vous ayez des résultats… », a indiqué Lionel Bilgo, en référence particulièrement à la situation qui prévaut à Djibo. On ne peut pas être plus optimiste que ça !
La Grande Muette change sa manière de parler…
Mais cette confiance affichée par le gouvernement tranche avec l’inquiétude grandissante au sein des populations qui ont le sentiment que, près de deux mois après la chute de Roch Marc Christian Kaboré, la situation n’a guère évolué.
Le 13 mars dernier, 13 gendarmes qui venaient de porter assistance aux passagers d’un car sauté sur une mine sont tombés à leur tour dans une embuscade sur la RN3, devenue ces derniers temps comme une route de la mort. L’espoir suscité par la prise du pouvoir par les militaires semble s’effriter donc au fur et à mesure que les forces du Mal se signalent tragiquement et donnent l’impression de gagner du terrain dans certains endroits.
Mais peut-être aussi, est-ce une fausse perception et qu’effectivement, les boys du lieutenant-colonel Damiba taillent, à l’abri des regards, des croupières à ceux qui ont juré la perte de la Nation. C’est le cas, selon certaines informations : Une centaine de terroristes neutralisés ces derniers jours, même si l’armée a décidé de moins communiquer sur ses opérations.
Concéder au Burkina ce qui a été refusé au Mali…
En plus du front sécuritaire où le nouveau pouvoir doit se révéler des plus efficaces, un autre chassé-croisé l’attend, sur le front diplomatique, cette fois-ci. Des émissaires de Damiba étaient, il y a quelques jours dans certaines capitales sous régionales et une délégation ministérielle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) était à Ouagadougou le 17 mars 2022.
Le point de friction entre Ouaga et Abuja a, pour motif, comme beaucoup le disent, la durée de la Transition fixée par les assises nationales à 36 mois. Alors que la CEDEAO espérait qu’elle ne dépasserait pas 18 mois. On voit mal l’institution concéder au Burkina ce qu’elle a refusé au Mali, au risque d’être accusée de faire du deux poids deux mesures, selon qu’on soit un putschiste fréquentable comme Damiba ou infréquentable comme le Malien Assimi Goïta.
Il faudra pourtant qu’un point de convergence soit trouvé car ni le Burkina ni la CEDEAO n’a intérêt à s’engager dans un bras de fer dont il n’y aurait pas de gagnant. Le premier, déjà confronté à une situation économique et sécuritaire difficile, pourrait subir de lourdes sanctions, et le second, déjà critiqué, verra son capital sympathie encore réduit auprès des populations. D’ailleurs l’institution sous régionale a promis de ne pas abandonner le « Pays des Hommes intègres ». Attendons de voir !
La Rédaction
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